Les manifestants antichinois ont lancé des ordures et ont échangé des coups avec des supporters chinois sur le parcours de la flamme olympique, samedi à Nagano (centre), faisant au moins quatre blessés. Des milliers de Chinois avaient fait le déplacement vers la ville montagneuse qui a accueilli les Jeux Olympiques d’hiver de 1998, afin d’apporter leur soutien à la Chine, après plusieurs étapes agitées de la flamme olympique, notamment à Londres, Paris et San Francisco.
Une marée de drapeaux rouges chinois, parsemée ici et là de drapeaux tibétains et japonais, bordait les 18,7 km du parcours le long duquel environ 80 athlètes et personnalités se sont relayés pendant quatre heures pour porter la torche, sous l’étroite surveillance de quelque 3.000 policiers. Plusieurs centaines de nationalistes japonais d’extrême-droite étaient également venus manifester leur hostilité à la Chine et leur soutien au Tibet, brandissant des banderoles proclamant « Honte à la Chine » et agitant l’ancien drapeau impérial du Japon aux cris de « Chinois, dehors ».
Au moins quatre Chinois ont été blessés, sans gravité, au cours d’affrontements avec des manifestants, ont indiqué des responsables de la sécurité. Un opposant antichinois, dont on ignore la nationalité, a donné des coups de pieds dans une foule de supporters chinois qui ont riposté à l’aide de porte-drapeaux, jusqu’à ce que la police sépare les assaillants, a constaté un photographe de l’AFP.
La télévision a montré un jeune homme, qui semblait être chinois, assis sur le sol, avec des blessures à la tête et du sang sur le visage, entourés de supporters qui l’avaient enveloppé dans un drapeau rouge chinois. Deux manifestants ont été interpellés pour avoir tenté d’interrompre le parcours de la flamme. Selon la police, l’un est japonais et l’autre originaire d’un autre pays asiatique.
Un des manifestants a réussi à franchir la barrière de sécurité et s’est précipité vers le porteur de la flamme en criant en anglais « Free Tibet ! » (Libérez le Tibet !), avant que plusieurs policiers l’évacuent. Des manifestants ont également lancé des ordures, des oeufs et des torches à plusieurs endroits du relais, qui a été brièvement interrompu.
Seuls deux policiers de l’armée chinoise, vêtus de survêtement bleu et blanc, étaient présents au côté de la flamme, conformément au souhait des autorités japonaises. L’omniprésence de ces policiers chinois à Londres, Paris et San Francisco notamment avait suscité une vive controverse et attisé la colère des manifestants antichinois. « Au début, je ne pensais pas venir car je n’avais pas le temps, ni l’argent », a confié Xin Xin, étudiant chinois de 24 ans, muni d’un drapeau chinois. « Mais beaucoup de choses se sont passées au cours des dernières semaines. Nous devions venir ici pour soutenir les jeux Olympiques de Pékin », a-t-il dit.
La Chine, dont les relations avec le Japon sont souvent tendues, est la cible privilégiée des organisations d’extrême-droite japonaises. « Je soutiens les Tibétains, les Ouigours, les Mongols et les Taïwanais contre la Chine. Nous soutenons tous les groupes qui sont opposés à la Chine communiste », a déclaré Yasuhiro Yagi, un militant nationaliste.
« La Chine tue les Tibétains, qui sont un peuple pacifique. Donc je hais le gouvernement chinois. Je veux que le Tibet soit indépendant », a renchéri Hisakazu Hattori, un étudiant japonais de 21 ans. Le relais, qui s’est achevé dans le parc Wakasato, avait été précédé par une prière au temple Zenkoji pour honorer la mémoire des Chinois et des Tibétains morts dans les émeutes et la répression de la mi-mars au Tibet.
Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF), était également présent pour réclamer le respect des droits de l’homme en Chine et a déployé une bannière ornée des cinq anneaux olympiques remplacés par des menottes. La flamme olympique devait s’envoler dans la journée vers Séoul.
LIBERATION.FR