La pression monte en Égypte. Il y a quelques semaines, les déclarations du Président Bush à l’effet que les prochaines élections égyptiennes devraient être scrutinées par des observateurs internationaux ont fait des vagues. Depuis longtemps, les élections en Égypte sont manipulées par le Parti démocratique national du Président Hosni Moubarak, qui n’est pas trop enthousiaste à l’idée pour des raisons évidentes.
Le régime égyptien pour le moment refuse de faire des réformes politiques. Des gestes sans conséquence sont posés pour faire semblant de, mais rien n’est changé sur le fonds.
Moubarak domine le pays depuis 24 ans. Il arrive à terme de son quatrième mandat présidentiel (de six ans). Dans le passé, il lui était relativement facile d’être élu, puisqu’il était le seul candidat ! C’est Une situation qui est considérée comme inacceptable même en Égypte.
Le Président qui aura 77 ans dans quelques semaines tente de passer la main à son fils, ce qui n’est pas très accepté non plus. En automne, le PND lors de son congrès annuel a annoncé des réformes économiques mais rien n’a été proposé pour démocratiser la vie politique. Depuis, les pressions s’accentuent, notamment par les manifestations organisées par le mouvement Kifaya (« C’est assez » !") .
En février, Moubarak a annoncé qu’il y aurait plus d’un candidat lors de l’élection présidentielle. Mais la réglementation proposée par le régime pour encadrer ces candidatures pourrait s’avérer une autre manipulation. Pour les critiques du régime, ou bien l’élection est libre et les électeurs décideront quel est le candidat le plus méritant. Ou bien elle n’est pas libre parce que le PND aura décidé à l’avance qui peut se présenter ou pas. Le PND par exemple propose de limiter les candidatures à ceux qui obtiendraient un certain nombre de signatures (ou d’endossement), ce qui est inacceptable selon l’éditorialiste du grand journal Al-Ahram, Ibrahim Nafie : « n’importe qui peut acheter de signatures. Cela deviendrait comme une enchère publique ». Il est plus simple et normal selon les observateurs d’ouvrir l’élection à tout citoyen que les électeurs auront le loisir de juger et d’élire s’ils le désirent.
Pour se défendre, le régime utilise la carte nationaliste ou anti-américaine, en prétendant que les pressions pour changer le système sont imposées de Washington. On accuse un des possibles candidats de l’opposition, Ayman Nour, d’être un pion des Etats-Unis, bien qu’il n’ait jamais visité ce pays et qu’il ne parle même pas anglais. Selon Nour, le vrai candidat pro-américain est le Président Moubarak, qui est perçu comme l’un des meilleurs alliés des Etats-Unis dans la région. L’Égypte est le deuxième plus important récipiendaire de l’aide américaine (après Israël). Moubarak pour sa part a accusé l’opposition d’organiser des manifestations qui « font fuir les investissements ». Selon les critiques, le système en place où la corruption est prévalente est l’obstacle le plus important qui fait fuir les investisseurs.
Jusqu’à date, Moubarak n’a pas déclaré qu’il serait candidat. Certaine estiment qu’il mesure encore ses options et que certains de ses conseillers seraient en train de l’aviser de prendre sa retraite.