Sarkozy zappe les salaires
De Poutine à Carla Bruni en passant par Kadhafi, Sarkozy aura parlé à peu près de tout durant sa conférence de presse du mardi 8 janvier. Par ses phrases toutes faites auxquelles il nous a déjà habitués, on aurait presque pu se croire encore en campagne électorale : « Il y en a assez de l’immobilisme, il va falloir que cela change », etc.
Pourtant, il a « étrangement » manqué quelque chose : lors de son introduction, Sarkozy, qui se présentait il y a encore huit mois comme « le candidat du pouvoir d’achat », n’en n’aura pas soufflé mot ! Étonnant, quand on sait à quel point ce sujet est dans toutes les têtes. Rien non plus sur les retraites, alors qu’au printemps 2008 le gouvernement va tenter de faire allonger pour tous la durée de cotisation de 40 à 41 ans. Hormis l’éventualité de fin de la publicité à la télé sur les chaînes publiques, rien de neuf sous le soleil : fin de la RTT par « la révision de la durée légale du temps de travail ». Pour la santé, les centaines de milliers d’heures non payées dans les hôpitaux et le sous-financement chronique des installations ? « Il s’agit d’un problème de gouvernance… »
Voici la question à laquelle Sarkozy a échappé : « 85 % du peuple vit avec moins de 2 000 euros par mois. Plus de la moitié ne gagne pas 1 200 euros. Actuellement, tout augmente. Tout, sauf les salaires (excepté le vôtre) ! Vous parlez, à chaque instant, de civilisation, mais votre gouvernement est une machine à remonter le temps, qui revient sur les acquis sociaux arrachés par les luttes de nos anciens, la protection sociale à la Libération, les congés payés en 1936 et même le droit du travail il y a plus de 130 ans. Souhaitez-vous être coté en Bourse au CAC 40 ? Savez-vous qu’une majorité du peuple peut se mettre en colère contre un président élu ? Vous souvenez-vous la dernière fois où le patronat et l’État ont dû concéder une augmentation générale des salaires de plus de 30 % ? M. Guaino vous soufflera la réponse : c’était en 1968, après une grève générale. »
Olivier Besancenot
Contrat de travail : une attaque contre tous les salariés
Les négociations sur le contrat de travail, qui réunissent depuis des mois les organisations syndicales et patronales, doivent aboutir cette semaine. À travers le nouveau protocole d’accord soumis à la discussion par le Medef, le patronat engage un bras de fer avec le salariat dans son entier.
La rupture par consentement mutuel crée un troisième mode de fin du contrat de travail, à côté du licenciement et de la démission. « Réduire la dualité du marché du travail », tel était le mandat donné par Fillon aux « partenaires sociaux », dans sa lettre de mission du 31 mai 2007. Tel est l’objectif que s’est aussi donné le Medef, en élargissant la précarité à de nouvelles couches de la population. Après les mesures (régimes spéciaux, droit de grève) concernant les secteurs les plus organisés de la classe ouvrière des grandes entreprises publiques, c’est maintenant au noyau dur du salariat que s’attaque le patronat : les millions de salariés en CDI. Nulle mention, ici, de l’inégalité fondamentale du contrat de travail, passé entre un salarié qui n’a pas le choix et un employeur qui gagne encore ici du pouvoir. Ce nouveau type de séparation représente un objectif fondamental pour le patronat : faire sauter le verrou du licenciement, qu’il soit collectif ou individuel. C’est la clé de voûte de ce nouvel accord. Les autres points complètent l’offensive contre ces salariés : les éléments de base du contrat de travail (salaire, qualification et niveau d’emploi, lieu et horaires de travail) peuvent être transformés sur simple décision patronale. La décision d’autoriser le licenciement des salariés malades relève du cynisme patronal le plus traditionnel.
Les jeunes et les précaires ne sont pas oubliés : le contrat de projet, d’une durée supérieure à dix-huit mois, peut s’interrompre dès la fin estimée du « projet ». Les salariés n’auront plus alors les maigres garanties apportées par le CDD actuel : l’impossibilité pour l’employeur de le rompre avant terme, sauf cas de force majeure. L’appellation de contrat à durée indéterminée représente ici une de ces transgressions du sens des mots chères à Sarkozy. La période d’essai passe à une durée de trois mois (non-cadres) à six mois (cadres), renouvelable, alors qu’elle était souvent d’un à deux mois.
La question des chômeurs sera traitée à la fin de l’année, dans une nouvelle convention Unedic. Mais le panorama est déjà dressé : l’offre valable d’emploi (OVE) sera redéfinie, et le nombre d’offres valables que le chômeur pourra refuser sera réduit. L’indemnisation du chômage serait plus forte, mais moins longue.
L’arbitraire patronal sort, lui aussi, renforcé de ces négociations, à travers la baisse des possibilités de recours. La valeur juridique attribuée au solde de tout compte clorait toute possibilité de retour en arrière. Or, dans les PME (6 millions de salariés sont dans des entreprises de moins de 50 salariés), lors de recours devant les prud’hommes contre des licenciements abusifs, les salariés remontent dans le temps et font valoir tous leurs droits bafoués les années antérieures.
Quant à la contrepartie proposée par le patronat, elle n’est constituée que par l’extension de la garantie de mutuelle après le licenciement, et la possibilité d’utiliser son droit individuel à la formation chez un autre employeur… à condition d’être rapidement réembauché ! Parler de « sécurisation des parcours » relève ici de la supercherie ! Et la responsabilisation des employeurs, en matière de maintien de l’emploi dans les PME, sous-traitants, réseaux d’entreprise, n’est pas abordée dans cet accord.
18 millions de salariés du privé sont concernés par ces remises en cause de droits fondamentaux, mais qui en a entendu parler ? Le marché de dupes que représentent ces dites « négociations » a déjà été traité ici [1]. Si les organisations syndicales et patronales n’aboutissent pas à un accord, le gouvernement menace de légiférer. Lorsque Maryse Dumas (CGT) annonce que les syndicats sont d’accord entre eux sur un objectif, celui d’aboutir à un accord (Le Peuple, 12 décembre 2007), lorsque la CFDT note les « avancées du Medef » (en fait de simples reculs vis-à-vis de propositions outrancières), on peut craindre le pire quant au résultat des négociations « au finish » qui devaient se dérouler les 10 et 11 janvier. La façon dont ces négociations ont été menées depuis des mois augure mal de la suite. Alors que les organisations syndicales de fonctionnaires avaient suspendu les négociations pendant le mois de novembre et qu’elles organisaient la mobilisation du 24 novembre, rien de tel du côté privé : les négociations se sont déroulées en secret, sans mobilisation.
Mais, en cette rentrée où chacun adresse ses vœux, nous attendons plus que des souhaits. Il faut des actions collectives fortes. Aucun syndicat ne doit signer cet accord régressif. Au contraire, il faut organiser la riposte, à la hauteur des besoins sociaux des 6 millions de chômeurs et de précaires, des 18 millions de salariés en CDI concernés par la baisse du pouvoir d’achat et la précarisation de leur emploi.
Louis-Marie Barnier
Emploi : culpabiliser les chômeurs
Parallèlement à la discussion sur la fusion ANPE-Unedic, qui a commencé le 9 janvier au Sénat, Sarkozy relance l’offensive sur la question des offres d’emplois « acceptables » et des sanctions pour les chômeurs qui en refuseraient deux. La première étape consiste à démontrer qu’il y a du travail et que ce sont les chômeurs qui ne veulent pas travailler.
L’argument central est la culpabilisation des chômeurs, en parlant de « 50 0000 offres d’emploi » non pourvues. En 2004, Fillon (déjà lui) avait parlé de 300 000 offres non pourvues. Dans l’étude faite à l’époque par l’ANPE, une partie de ces offres n’étaient pas pourvues car, tout simplement, elles avaient été retirées par l’employeur. Aujourd’hui, Sarkozy arrive au chiffre de 300 000 en multipliant le nombre d’offres non pourvues faute de candidats (170 000 selon le ministère) par trois, car l’ANPE ne traite qu’un tiers des offres. Il oublie aussi de préciser que ces fameuses offres concernent essentiellement des secteurs bien précis, aux conditions de travail notoirement difficiles, et il ne précise pas non plus les d’autres caractéristiques qui empêchent qu’elles soient comblées (temps partiel, salaire, etc.).
Après avoir fait la démonstration qu’il y avait du travail, la deuxième étape consiste à sanctionner les chômeurs qui refusent de le prendre. Le nombre de chômeurs sanctionnés est jugé encore trop faible, malgré le décret de 2005 qui permet de graduer les sanctions (20 %, 50 % ou suppression définitive de l’allocation chômage) et qui a permis de tripler le nombre de sanctions entre 2005 et 2006. Mais, pour aller plus loin, il reste a préciser ce qu’est une offre « acceptable ». Le code du travail en donne déjà une définition, mais encore trop large et donc trop subjective. Le but est de s’aligner sur six pays européens qui ont déjà précisé les critères (montant du salaire, frais de transport…).
Dans les négociations actuelles sur le marché du travail, le Medef propose de faire dépendre le caractère acceptable d’un emploi de l’ancienneté dans le chômage. Le nouvel organisme issu de la fusion sera chargé d’appliquer les sanctions en question. Les agents de l’Unedic ont fait grève (environ 55 %), mardi 8 janvier.
Lucas Maldini
Régime général : passer à la contre-offensive
Comme le prévoyait la loi Fillon de 2003, se produira en 2008 une nouvelle offensive du gouvernement contre le système des retraites.
Dans la loi elle-même, étaient inclus non seulement l’alignement de la durée de cotisation des salariés de la fonction publique sur celle du privé, à savoir 40 annuités, mais également l’allongement à partir de 2009 de cette durée de cotisation, cette fois pour tous les salariés, à raison d’un trimestre par an, pour atteindre 41 en 2012. Y figurait aussi une nouvelle évaluation de la situation en 2008, puis tous les quatre ans, à l’issue de quoi pourraient intervenir de nouveaux durcissements de la loi.
Le 31 décembre, en soirée, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a rendu public un rapport devant servir de base au « rendez-vous » de 2008. La situation financière des régimes de retraite y est décrite comme étant plus catastrophique que prévue en 2003, d’autant que le contexte économique et financier serait « moins favorable ». Le gouvernement, dans ce rapport, reprend à son compte les estimations du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui se concluent, malgré un retournement de l’évolution démographique telle qu’elle avait été prévue en 2003, par l’allongement de la durée de cotisation à 41,5 ans en 2020. Le rapport préconise également le « réexamen » de différentes dispositions de 2003, qui avaient constitué à l’époque une compensation au passage des 37,5 ans à 40, quelques miettes en somme, dont les directions des confédérations syndicales avaient pris argument pour juger « négociable » une réforme qu’ils avaient d’ailleurs contribué à préparer en établissant au sein du COR un « consensus partagé ». Seraient ainsi remises en cause les dispositions de départ anticipé pour carrières longues, pour les salariés ayant commencé à travailler à 14, 15 ou 16 ans, de même que les conditions actuelles de rachat de trimestres de cotisation.
Il n’y a pas de limite à la volonté du gouvernement et du Medef d’aggraver les conditions du départ à la retraite, sinon celle de la suppression des régimes par répartition pour promouvoir un système par épargne, des fonds de pension dont l’objectif serait d’alimenter les flux financiers de la Bourse. La seule manière de stopper ce recul et d’empêcher que les jeunes d’aujourd’hui ne crèvent au travail une fois devenus vieux, c’est de préparer une contre-offensive de l’ensemble du monde du travail, pour un retour aux 37,5 ans pour toutes et tous.
Galia Trépère
Régimes spéciaux : jeu de dupes
Le gouvernement a transmis aux caisses de retraite EDF, GDF, SNCF et RATP les décrets de la réforme des régimes spéciaux de retraite. Après les 40 annuités, le gouvernement annonce le passage à 41 ans en 2016.
Dès le 1er décembre 2012, la durée de cotisation pour partir à la retraite sera de 40 ans. Puis, elle sera augmentée d’un trimestre au 1er juillet de chaque année jusqu’à atteindre 41 ans en 2016. Voilà l’égalité selon Sarkozy et Fillon, un recul général imposé à tous, au privé comme au public. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, s’en revendique : « Soyons clairs : j’ai toujours joué cartes sur table. J’ai toujours dit que, si le public et le privé passaient à 41 ans par la suite, les régimes spéciaux ne resteraient pas à 40 ans. Vous ne pouvez pas mettre l’ensemble des Français sur un pied d’égalité un jour et, ensuite, laisser se reproduire des différences de traitement. » Le raisonnement a la force des fausses évidences, parce qu’il s’agit d’égalité par en bas, alors que les inégalités ne cessent de se creuser entre le plus grand nombre et la minorité de privilégiés.
Les décrets mettent en place une décote réduisant la retraite en cas de trimestre manquant à compter du 1er juillet 2010. Le taux de la décote sera alors de 0,5 % par année manquante, pour atteindre progressivement 5 % en 2019. Le nombre d’années subissant la décote pourra atteindre cinq en 2024, la décote est plafonnée à deux ans et demi avec une durée d’assurance à 40 ans. Le plafond passerait à trois ans et demi avec les 41 ans de cotisation. C’est bien là le fond de la réforme : faire baisser les pensions, grâce au système des décotes. En prétendant faire travailler plus longtemps, le gouvernement veut surtout imposer de gagner moins.
Les maigres contreparties négociées par les syndicats – l’intégration de certaines primes dans le calcul des pensions à partir de 2008 ou la suppression de la condition d’âge minimum – ne changent rien au fond. Elles ne servent qu’à faire passer l’essentiel de la réforme : allonger la durée de cotisation nécessaire pour partir à la retraite à taux plein afin de diminuer les pensions par le système des décotes.
Ceci dit, en imposant à tous l’égalité par en bas, Sarkozy pourrait bien agir contre lui-même, en aidant à la prise de conscience que c’est bien tous ensemble qu’il nous faut lutter. « Le dossier des régimes spéciaux n’est pas clos », déclare la CGT. FO-Cheminots envisage « les suites à donner à cette nouvelle provocation ». Solidaires dénonce un « mauvais coup » du gouvernement, qui veut « vider la négociation de tout contenu », et affirme sa volonté de « construire les conditions d’une réaction d’ensemble des salariés [...] pour être capable de bloquer une offensive antisociale sans précédent ».
Oui, il est clair qu’une réaction d’ensemble est à l’ordre du jour. La CGT propose une journée de manifestation nationale des cheminots, gaziers, électriciens et agents de la RATP, le 22 janvier, en évitant soigneusement la date du 24, journée de mobilisation des fonctionnaires. Pourtant, la lutte est la même, c’est la lutte pour l’augmentation de tous les salaires et des retraites. Lutter pour les salaires, c’est lutter pour les retraites. Xavier Bertrand, François Fillon et Nicolas Sarkozy nous le disent et nous le redisent : ils nous traiteront tous à égalité, pour nous imposer un recul sans précédent de nos conditions de vie et de travail. C’est tous ensemble qu’il nous faut réagir.
Yvan Lemaitre
Hausse des prix : spéculation contre pouvoir d’achat
Le prix du pétrole vient de franchir la barre des 100 dollars le baril. L’ensemble de l’économie mondiale est entré dans une phase de surchauffe, qui entraîne tous les prix à la hausse. Face à une forte demande, tous les capitalistes spéculent, provoquant une spirale inflationniste dont les salariés et la population paient la note.
Alors que le prix de l’essence a augmenté de 14,7 % dans l’année, le fioul de 27,4 % et que de nouvelles hausses sont annoncées, le gouvernement se déclare impuissant face aux compagnies pétrolières comme Total et face aux distributeurs. La ministre des Finances, de l’Économie et de l’Emploi, Christine Lagarde, se borne à constater « que les prix d’un certain nombre de matières premières, notamment agricoles, continueront à augmenter », et elle accorde toute sa confiance aux distributeurs pour qu’ils respectent leur engagement à amortir les hausses du prix du pétrole. C’est à la même comédie qu’elle s’est livrée, en refusant à Gaz de France l’autorisation d’augmenter ses tarifs de 6 % pour finalement lui concéder 4 %… par souci « de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs ».
Pour le gouvernement, comme pour nombre de prétendus économistes, la hausse des prix serait une fatalité, que ce soit celle de l’énergie ou celles annoncées dans l’agroalimentaire pour 2008 (au moins 10 % de plus pour la volaille ainsi que pour les conserves, de 5 à 10 % pour les produits laitiers, de 6 à 8 % pour la baguette de pain ou la bière, etc.).
Un rapport sur l’évolution des prix de 280 produits alimentaires, d’entretien ou d’hygiène les plus vendus en grande surface entre 2004 et 2007, publié en décembre dans Le Nouvel Observateur, montre que les prix ont augmenté en moyenne de 11 %, soit le double de l’inflation officiellement reconnue. Pour des produits de base, tels que les produits laitiers, les steaks hachés surgelés, l’huile, les pâtes, les biscuits ou les conserves, l’augmentation est bien plus forte.
Pour faire baisser les prix dans les grandes surfaces, le gouvernement a fait voter la loi Chatel, du nom du secrétaire d’État chargé de la Consommation et du Tourisme, qui s’intitule, – tout un programme – « la concurrence au service des consommateurs ». Elle donne encore plus de liberté aux grandes surfaces pour fixer leurs prix. La logique de la concurrence pousse, d’un côté, à abaisser toujours plus le coût du travail et, de l’autre, à augmenter les prix. Elle menace l’économie d’une brutale récession et, dès maintenant, elle impose une baisse du pouvoir d’achat dramatique pour les plus défavorisés.
Selon l’Insee, la hausse des prix n’aurait été que de 2,4 % ces douze derniers mois. Le mensonge est si gros que Sarkozy a demandé la mise en place d’un nouvel « indice du pouvoir d’achat qui corresponde enfin à la vie quotidienne des Français pour qu’ils aient le sentiment qu’on ne se moque pas d’eux ». Ne pas se moquer de la population, c’est d’abord augmenter les salaires, les minima sociaux et les pensions, et aussi lui donner les moyens de contrôler les industriels et les distributeurs, afin d’empêcher la folle concurrence inflationniste à laquelle ils se livrent.
Yvan Lemaitre
La gazette des gazettes
La droite décomplexée
Les cérémonies de vœux sont, en règle générale, des exercices convenus, qui servent à enrober les mauvais coups annoncés dans toutes sortes de considérations à prétention historique ou philosophique. Nicolas Sarkozy en aura encore administré la preuve, ce 8 janvier, en dissertant à l’envi sur la « politique de civilisation », concept qu’il avait très librement « emprunté » à Edgar Morin le temps de son discours télévisé du 31 décembre.
Les éditorialistes prennent généralement moins de précautions, du moins lorsqu’ils assument sans fard leur engagement idéologique. Eux, se chargent de signifier à leurs lecteurs que les couteaux s’aiguisent. Claude Imbert, comme souvent, se distingue dans Le Point du 3 janvier. Il est, depuis longtemps, passé maître dans l’art d’agiter l’encensoir.
On n’est guère déçu devant l’admiration qu’il voue au nouveau président, qui « secoue avec des fortunes diverses, non seulement le modèle social mais aussi la fonction publique, la justice, l’immigration, l’éducation et quelques normes diplomatiques ». Mais il est encore plus frappant qu’il n’ait apparemment pour première obsession que « d’ébranler un ancien régime politique et culturel plombé par l’exception française », d’en « finir avec les vieilleries de l’exception française ».
Jadis, la droite ne manquait jamais une occasion de nous accuser d’être, en quelque sorte, l’anti-France. Retournement spectaculaire, ses actuels penseurs « décomplexés » exhalent leur haine pour toutes les concessions qu’ils ont dû accepter durant des décennies, au point qu’elles viennent à présent freiner leurs ardeurs ultralibérales. « La réforme des régimes spéciaux de retraite reste à implanter dans le régime général, écrit Imbert. Alentour rôde aussi la grande affaire de la durée normalisée du travail. Et d’un code du travail vestige byzantin d’une économie administrée. » Quelques lignes plus loin, il étend son propos : « Outre la relance européenne du traité simplifié, l’heureuse correction de la trajectoire atlantiste n’attend que l’élection américaine pour porter ses fruits. »
L’enthousiasme ne va toutefois pas sans laisser pointer un doute sur la réaction populaire. « Hélas, il reste encore à convaincre le gros de l’opinion », avoue notre plumitif. Une explication, peut-être, d’une charge aussi violente ?
Christian Picquet
« Le divorce avec la population continue », selon Olivier Besancenot
PARIS, 8 jan 2008 (AFP) - Le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) Olivier Besancenot a estimé mardi que Nicolas Sarkozy poursuivait son « divorce » avec la population, après les voeux du président de la République à la presse. M. Sarkozy a « gorgé de mots son auditoire » mais « rien sur le pouvoir d’achat alors que c’est la préoccupation numéro 1 de la population », a déclaré M. Besancenot dans un communiqué intitulé « le divorce continue avec la population ».
« Vous parlez à chaque instant de civilisation, mais votre gouvernement est une machine à remonter le temps, qui revient sur les acquis sociaux arrachés par les luttes de nos anciens, la protection sociale à la Libération, et même le droit de travail il y a plus de 130 ans », a déclaré M. Besancenot à l’adresse du chef de l’Etat.
M. Besancenot avertit M. Sarkozy qu’une « majorité du peuple peut se mettre en colère contre un président élu ». En mai 68, « le patronat et l’Etat avait dû céder une augmentation générale des salaires de plus de 30% » après une grève générale", a-t-il souligné.