“Leur travail commence quand les autres dorment encore, et peut se poursuivre jusqu’en fin d’après-midi. 70 % d’entre eux sont des femmes qui gagnent très peu d’argent, et si tous décidaient de s’arrêter, c’est le pays tout entier qui se bloquerait.”
Cette “armée d’invisibles” à laquelle L’Espresso rend hommage est celle des agents d’entretien italiens. Un contingent de 600 000 personnes qui travaillent, incessamment, à l’hygiénisation des espaces de vie et de travail du pays. Un rempart invisible contre la propagation de l’épidémie qui, faute d’être célébré comme le personnel hospitalier, exige désormais une rémunération plus juste.
En effet, comme l’explique l’hebdomadaire romain, le salaire moyen pour ces travailleurs est de 667 euros par mois. Une rémunération très basse donc, qui plus est au regard des risques encourus en cette période, signale le média italien :
“Au printemps, ils ont été envoyés au front avec des dispositifs de protection insuffisants. Nombreux sont ceux qui ont été contaminés et certains sont morts. Pourtant il manque encore un protocole de sécurité anti-Covid global pour ce secteur.”
“On ne veut pas de médailles, mais on exige du respect”
Récemment, après la mort d’un collègue, un agent d’entretien de Naples a manifesté toute son amertume sur un post Facebook qui n’a pas échappé à l’œil attentif du média italien : “Personne ne gratifie notre travail et notre courage. Même dans ce moment de difficulté ou beaucoup d’entre nous, dont moi, ont été contaminés, écrit Francesco. On ne veut pas de médailles, mais on exige du respect et de ne pas être toujours considérés comme ceux qui peuvent être sacrifiés.”
Mais ces hommes et femmes ne se limitent plus à s’indigner. Depuis quelques mois, les syndicats d’agents d’entretien se sont organisés et exigent le renouvellement du contrat national pour la catégorie, en demandant davantage de garanties et une augmentation des salaires. Des demandes qui les ont poussés à manifester (par zoom) le 21 octobre, rappelle L’Espresso.
Autoentrepreneurs et travail au noir
Mais paradoxalement, indique l’hebdomadaire, ceux qui protestent ne représentent que la partie émergée (et plus aisée) de l’iceberg :
“Dans l’univers des agents d’entretien, ceux qui sont couverts par le contrat national représentent une ‘élite’ ; car derrière eux se cache une myriade de personnes qui travaillent sous les formes de contrats les plus diverses.”
Entreprises, coopératives ou agences d’intérim, souvent l’embauche d’agents d’entretien passe par un corps intermédiaire qui cherche à limiter les frais en réduisant les salaires des travailleurs. Quand ces derniers ne sont pas employés au noir ou contraints de devenir autoentrepreneurs.
Le risque d’une grève nationale ?
Une situation intenable que les syndicalistes de la catégorie veulent à tout prix corriger. Faute de quoi les agents d’entretien pourraient recourir à des moyens plus forts que la manifestation. Ils ont d’ailleurs prévenu par la voix de leurs représentants :
“Ne nous contraignez pas à déclarer une grève nationale dans ce moment d’urgence pandémique.”
L’Espresso
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