Détectés pour la première fois en janvier et février 2022 en Afrique du Sud, où ces lignées sont désormais dominantes et responsables d’une augmentation des cas, BA.4 et BA.5 contiennent les substitutions d’acides aminés L452R, F486V et R493Q dans le domaine de liaison du récepteur de la Spike par rapport à BA.2. « Des études préliminaires suggèrent un changement significatif des propriétés antigéniques de BA.4 et BA.5 par rapport à BA.1 et BA.2, en particulier par rapport à BA.1 », explique l’ECDC.
Hausse des cas au Portugal
Au Portugal, la progression de BA.5, qui représentait déjà environ 37 % des cas positifs au 8 mai, s’accompagne d’une hausse des cas dans le pays. Selon les estimations de l’Institut national portugais de la santé, « l’avantage de croissance quotidienne estimé pour BA.5 par rapport à BA.2 est de 13 %, ce qui est similaire au 12 % d’avantage de croissance quotidienne signalé précédemment par l’Afrique du Sud », est-il rapporté. À ce rythme, le sous-variant d’Omicron pourrait être dominant au Portugal d’ici au 22 mai, anticipe l’ECDC.
L’avantage observé est « probablement dû à leur capacité à échapper à la protection immunitaire induite par une infection et/ou une vaccination, en particulier si celle-ci a diminué avec le temps », analyse l’ECDC. Les études in vitro sur les sérums d’individus non vaccinés et déjà infectés indiquent que « BA.4 et BA.5 sont capables d’échapper à la protection immunitaire induite par une infection par BA.1 ». Chez les vaccinés, les résultats sont « meilleurs », mais la protection offerte contre Omicron par les vaccins actuellement disponibles en Europe diminue avec le temps.
Aucun signal de sévérité accrue
Aucun signal n’indique en revanche un changement dans la sévérité de l’infection induite par ces lignées par rapport aux précédentes. « Comme lors des vagues précédentes », une hausse importante des cas sera « probablement » suivie d’un « certain niveau d’augmentation des admissions à l’hôpital et en soins intensifs », rappelle l’ECDC, encourageant au maintien des outils de suivi de l’épidémie (dépistage et surveillance génomique) et à la poursuite de la vaccination de rappel pour les populations les plus à risque de formes graves.
Surveiller l’efficacité des vaccins face aux nouveaux sous-variants et dans le temps est également « essentiel » pour « détecter rapidement les signaux d’augmentation de la circulation du Sars-CoV-2 ou du risque de maladie grave chez les personnes vaccinées », ces signaux pouvant justifier un deuxième rappel pour les populations vulnérables, poursuit l’agence.
En France, où la levée des mesures de freinage de l’épidémie se poursuit avec la fin de l’obligation du port du masque dans les transports ce 16 mai, Santé publique France (SPF) a renforcé depuis plusieurs semaines sa surveillance des deux sous-variants. BA.4 a été identifié la première fois sur le territoire fin mars (semaine 13), et BA.5 trois semaines plus tard (semaine 16). Selon le dernier bulletin épidémiologique de SPF, au 10 mai, 7 cas de BA.4 et 15 cas de BA.5 ont été détectés au cours d’enquêtes flash.
Elsa Bellanger