Deuxième partie de la présentation de mollusques parmi les plus faciles à observer au parc des Beaumonts (voir l’introduction dans la première partie [1]). Cette page est susceptible d’être mise à jour régulièrement : nouvelles photos, commentaires complémentaires...
Pour la partie I, ESSF (article 23058), cliquez ici : Quelques escargots et limaces des Beaumonts (Montreuil 93) – I – Des Pomatidés aux Hygromidés
Dernière mise à jour : le 14 juillet 2019.
Sous-famille des Monarchinés (Monachisme)
Leurs coquilles, variables, peut être coniques ou plus ou moins globuleuses.
Petit Moine Monacha cartusiana (Montagu, 1803)
Synonymes : Hélice chartreuse
Taille : grande. Largeur de 9 à 18 mm, hauteur de 6 à 10 mm.
Coquille globuleuse, blanc crème (souvent à bandes spirales brun pâle) (jaunâtre à partie antérieure rougeâtre), massive et ronde, faiblement déprimée, de 5,5 à 6 tours, formant une spire basse et conique à la périphérie arrondie, un cône applati, convexe. Parois fine, brillante, transparente (translucide). Ombilic très étroit et en partie recouvert par la marge de l’ouverture ovale à lèvre blanche proéminente et marge rougeâtre, visibles extérieurement.
Habitat : biotopes ouverts, dans les zones herbeuses, friches, buissons, fossés, haies, bords de route (rarement dunes). Jamais les bois.
Aire de répartition : Toute la France sauf en montagne.
Statut aux Beaumonts : semble bien représenté.
Espèce proche : Moine globuleux Monacha cantiana présente surtout en Méditerranée et au nord de la France.
Moine globuleux (Monacha cartusiana), parc des Beaumonts, 13 août 2014, cliché Pierre Rousset.
Moine globuleux (Monacha cartusiana), parc des Beaumonts, 30 août 2014, clichés Pierre Rousset.
Famille des Hélicidés (Helicidae)
Famille qui comprend les plus grandes espèces européennes, regroupées en deux sous-familles.
Sous-famille des Helicinae : taille moyenne à grande, coquille généralement globuleuse. Espèces surtout méditerranéennes, mais néanmoins présentes dans le reste de l’Europe. Certaines de ces espèces ont été disséminées sur le continent du fait de leur comestibilité, comme Helix pomatia (le « Bourgogne »).
Les Cepaea
Deux espèces de Cepaea existent aux Beaumonts : Cepaea nemoralis (escargot des bois) et Cepaea hortensis (escargot des jardins). Les coloris de leurs coquilles – globuleuses et faiblement déprimée – sont très variables et ne peuvent donc servir pour la détermination : blanc, jaune (fréquent), brune, rose, rouge (rares selon les régions), ou d’autres couleurs, plus rares encore. La coquille présente souvent (mais pas toujours) des jeux de lignes simples ou dédoublées, plus ou moins épaisses, qui peuvent donner un noir complet quand les bandes sont larges et se touchent.
Les deux espèces se distinguent visuellement par la couleur du péristome, à savoir le rebord de l’ouverture de la coquille (la « lèvre » de la « bouche » d’où sort le corps). Ce critère n’est parfois pas valable pour un individu, mais il l’est pour une population, quand de nombreux individus l’affichent. La taille de la coquille peut aussi être utilisée pour l’identification.
Les photos ci-dessous ont été classées dans l’une ou l’autre espèce uniquement à partir de la couleur du péristome.
Une page spéciale « Cepaea » va être ouverte sur notre site pour illustrer la variété des coloris et les problèmes d’identification sur photo, hors dissection.
Escargot des bois, Cepaea nemoralis (Linné, 1758) [MD]
Synonyme : Escargot des haies, Hélice némorale, Livrée, Helix nemoralis
Taille : moyenne. Largeur de 12 à 22 (28) mm, hauteur de 18 à 25 (32) mm. Un peu plus grand que C. hortensis).
Péristome généralement plus ou moins noir.
Habitat : très varié (bois, haies, friches, prairies, dunes…).
Aire de répartition : ouest-européenne.
Statut aux Beaumonts : semble abondant.
Escargot des bois, Cepaea nemoralis. Parc des Beaumonts, 14 juin 2013. Cliché Pierre Rousset.
Escargot des bois, Cepaea nemoralis. Parc des Beaumonts, 3 mai 2015. Cliché Pierre Rousset.
Escargot des bois, Cepaea nemoralis. Parc des Beaumonts, 2 août 2014. Cliché Pierre Rousset.
Escargot des bois, Cepaea nemoralis. Parc des Beaumonts, 14 septembre 2019. Clichés Pierre Rousset.
Escargot des bois, Cepaea nemoralis. Parc des Beaumonts, coquille fraiche récoltée le 3 mai 2015. Cliché Pierre Rousset.
Escargot des jardins, Cepaea hortensis (O. F. Müller, 1774) [MD]
Synonyme : Helix hortensis
Taille : moyenne. Largeur de 10 à 17mm, hauteur de 14 à 20 (22) mm. Un peu plus petit que C. nemoralis.
Péristome blanc.
Habitat : très varié (bois, haies, lisières, prairies, dunes… Apprécie des milieux plus humides que C. nemoralis, mais les deux espèces cohabitent souvent).
Aire de répartition : ouest- et centre-européenne.
Statut aux Beaumonts : semble abondant.
Escargot des jardins, Cepaea hortensia. Parc des Beaumonts, 3 mai 2015. Clichés Pierre Rousset.
Escargot des jardins, Cepaea hortensia. Parc des Beaumonts, 12 juillet 2014. Cliché Pierre Rousset.
Escargot des jardins, Cepaea hortensia. Parc des Beaumonts, 25 août 2019. Cliché Pierre Rousset.
LE GENRE HELIX
Ce genre doit son nom (Helix) à sa coquille enroulée. Il est représenté aux parc des Beaumonts par trois espèces que Julien Norwood a réuni sur les mêmes photos, ce qui permet une comparaison immédiate : l’Escargot petit-gris Cornu aspersum, l’Escargot de Bourgogne Helix pomatia et l’Escargot turc Helix lucorum.
De gauche à droite, escargot turc (Helix lucorum), escargot de Bourgogne (Helix pomatia), escargot petit-gris Cornu aspersum, 23 avril 2017, cliché Julien Norwood.
De gauche à droite, escargot petit-gris Cornu aspersum, escargot turc (Helix lucorum), escargot de Bourgogne (Helix pomatia), 23 avril 2017, cliché Julien Norwood.
Escargot petit-gris, Cornu aspersum (O.F. Müller, 1774)
Synonymes : notamment Helix aspersa, Cryptomphalus aspersus, Cantareus aspersus
Taille : grande. Largeur de 25 à 40 mm, hauteur de 25 à 35 mm.
Coquille globuleuse, ronde, avec 4 et demi-5 tours faiblement convexe et s’élargissant rapidement.
Habitat : très varié, souvent associé à l’homme (jardins, parcs, vignobles…), mais aussi dunes, bois, haies, rochers.
Aire de répartition : Europe de l’Ouest et Méditerranée.
Statut aux Beaumonts : semble abondant.
Coquille foncée, brun pâle, fauve (ou parfois ocre jaune) avec de 0 à 5 bandes spirales assez variables, souvent mouchetées de blanc. Coloration et motifs très variables. Sculpture donnant un aspect ridé.
Notons cinq variétés de coloration de la coquille des Escargot petit-gris, (Cornu aspersum) en France :
1. Variété typiez : coquille foncée à 4 bandes chagrinées
2. Variété obscurité : coquille foncée aux bandes presque confondues.
3. Variété lutescens : coquille claire à 4 bandes
4. Variété zonata : coquille claire à 5 bandes minces
5. Variété unicolore : coquille unicolore sans bande de couleur ocre jaune ou fauve.
Les variétés claires se trouvent généralement dans les biotopes secs et chauds,alors que les formes foncées se rencontrent dans les milieux frais et humides.
Escargot petit-gris, (Cornu aspersum), parc des Beaumonts, 10 août 2014, cliché Pierre Rousset.
Escargot petit-gris, (Cornu aspersum), parc des Beaumonts, 30 août 2014, cliché Pierre Rousset.
Escargot petit-gris, (Cornu aspersum), parc des Beaumonts, 10 octobre 2013, cliché Pierre Rousset.
Escargot petit-gris, (Cornu aspersum), parc des Beaumonts, 25 juin 2013, cliché Pierre Rousset.
Escargot petit-gris, (Cornu aspersum), parc des Beaumonts, 27 mai 2016, cliché Pierre Rousset.
Escargot petit-gris, (Cornu aspersum), juvénile, parc des Beaumonts, 14 juillet 2019, cliché Pierre Rousset.
Escargot de Bourgogne, Helix pomatia
Taille : très grand. Largeur de 30-50 mm, hauteur de 32-50 mm. La plus grande espèce indigène d’Europe.
Espèce proche : Helix lucorum (escargot turc).
Habitat : milieux calcaires, bois, haies, prairies, vignobles...
Aire de répartition : Centre- et sud-européen, dont l’ouest et le centre de la France. Introduite par ailleurs (en Scandinavie par exemple).
Coquille très grande, globuleuse, avec 5 ou 6 tours convexes. Pértistome épais généralement peu coloré. Coquille épaisse, blanc-crème avec des stries d’accroissement grossières et des stries spirales fines, souvent avec des bandes spirales peu distinctes.
Statut aux Beaumonts : semble peu abondant, observé dans les parties boisées du parc.
Escargot de Bourgogne (Helix pomatia), deux individus sur les troncs de deux arbres proches, parc des Beaumonts, 3 mai 2015, clichés Pierre Rousset.
Escargot de Bourgogne (Helix pomatia), parc des Beaumonts, 5 mai 2018, cliché Pierre Rousset.
Escargot turc, Helix lucorum [MD]
Taille relativement variable : largeur de 35 à 55 mm, hauteur de 20 à 50 mm.
Espèce proche : Helix pomatia (escargot de Bourgogne).
Habitat : Vit souvent dans les milieux anthropisés. Parcs, jardins et bois clairs.
Aire de répartition : Espèce eurasiatique originaire du sud-est de l’Europe, introduite en France où elle est surtout présente dans la zone méridionale.
Coquille globuleuse conique à enroulement dextre fortement calcifiée avec 5 tours de spires séparés par une suture profonde. Faibles stries spirales sur les tours supérieurs avec des lignes spirales nettes. Derniers tour plus fortement strié mais sans lignes spirales distinctes. L’ouverture est large, de forme ovoïde, avec un péristome épaissi et blanc. Le bord columellaire est légèrement allongé mais totalement réfléchi, formant une lamelle recouvrant l’ombilic. La coquille est, de base, de couleur blanche avec des lignes spirales brun-chocolat à l’exception de la ligne du milieu qui est blanche. Des lignes d’accroissement, transversales aux lignes spirales, sont de couleur brun-chocolat-noir et à intervalle régulier. Le corps est de couleur brunâtre, plus foncé que chez H. pomatia, dont il diffère aussi par des stries d’accroissement irrégulières, brunes et transversales [2].
Escargot turc (Helix lucorum) à gauche d’un escargot de Bourgogne (Helix pomatia), 23 avril 2017, cliché Julien Norwood.
Présence récemment confirmée par Lilian Léonard, Abderhamane Latreche :
En mai 2015, un premier spécimen vivant d’Helix lucorum a été découvert dans le Parc des Beaumonts à Montreuil (Seine-Saint-Denis) puis conservé en alcool. En août 2015, des recherches à vue ont été réalisées dans le but de confirmer la présence de l’espèce et apporter des premiers éléments de connaissance sur la population.
Cette donnée fait partie des stations les plus nordiques observées sur le territoire métropolitain avec la population observée dans le Nord en 2002 et représente une première donnée départementale pour la Seine-Saint-Denis. L’espèce a été détectée en Île-de- France dans les départements du Val-de-Marne en 2005, des Yvelines en 2009 et de l’Essonne en 2012. Pour le tiers nord de la France, une localité est également connue du Bas-Rhin au Muséum Zoologique de Strasbourg, datant de 1918 [3].
Famille des Lymnaeidés, Lymnaeidae
Espèces d’eau douce, mais qui respirent avec des poumons ayant d’abord été terrestres et ayant gardé leur mode de respiration. Ce sont des Basommatophores (Basommatophora, qui signifie : dont les yeux sont à la base des tentacules) et on les voit prendre de l’air frais en venant à la surface de l’eau. Ils n’ont qu’une paire de tentacules rétractiles.
Limnée des étangs, Lymnaea stagnalis
Taille : largeur : 11-18 mm, hauteur 45-60 mm.
Habitat : eaux calcaires stagnantes ou courantes, mais tranquilles et peu profondes, riches en végétaux.
Tours très étirées, coquille pointue, couleur corne (nombreuses variations).
Aire de répartition : toute l’Europe.
Observée aux Beaumonts mare du bas et mare perchée.
Elles se nourrissent de la végétation aquatique et de détritus, mais aussi de charognes, d’oeufs… Les variations importantes de formes et, pour une part, des couleurs de la coquille sont dues aux conditions ambiantes. Elles remplacent la respiration atmosphérique par la cutanée quand vient le gèle.
Limnée des étangs (Lymnaea stagnais), parc des Beaumonts, mare perchée : l’escargot se sert de la surface de l’eau comme d’un sol, c’est pourquoi on le voit "à l’envers’. 12 juillet 2014, cliché Pierre Rousset.
Famille des Planorbidés (Planobidae)
Espèces vivant principalement dans les eaux stagnantes.
Planorbe cornée, Planorbarius corneus
Taille : diamètre : 30 mm, hauteur 12 mm.
Habitat : étangs riches en végétaux.
5,5 tours circulaires vite élargis. Coquille vert olive à marron.
Aire de répartition : centre et nord de l’Europe surtout.
La plus connue et la plus abondante des espèces de planorbidés. Se nourrit pour une grande part de détritus. Elle reste surtout au fond et ne vient que relativement rarement respirer de l’air (difficile à observer). En temps de gel, les vaisseaux des poumons fonctionnent comme des branchies.
Aux Beaumonts : observée mare du bas et identifiée seulement aux jumelles. A confirmer donc car, sans prélèvement, il est difficile d’identifier avec certitude cette espèce, même si elle est assez reconnaissable.
Pierre Rousset
Petite bibliographie
Cédric Audibert, Alain Bertrand, Guide des mollusques terrestres. Escargots et limaces, Editions Belin, 2015, 237 pages.
W. Engelhardt, La vie dans les étangs, ruisseaux et mares. Les plantes, les animaux des eaux de chez nous. Introduction à la vie des eaux intérieures, Guide Vigot, Vigot, 2003, 317 pages.
M.P. Kerney, R.A.D. Cameron. Adaptation française : Alain Bertrand, Guide des escargots et limaces d’Europe. Identification et biologie de plus de 300 espèces, Delation et Niestlé, Lausanne (Suisse) - Paris, 2015, 370 pages.
Sites Internet :
Muséum national d’Histoire naturelle
Inventaire national du patrimoine naturel (INPN)
Recherches par espèces
https://inpn.mnhn.fr/
Quel est cet animal ?
https://www.quelestcetanimal.com/mollusques-et-annelides/
A télécharger :
Muséum national d’Histoire naturelle, Fondation Hulot
Mini-guide d’identification des escargots et des limaces de l’Opération Escargots
Remerciements : En avril 2005, Morgane Dumas a bien voulu identifier pour nous un certain nombre de coquilles d’escargots que nous lui avions transmises. Qu’elle en soit remerciée ! Plus récemment, Abderhamane Latreche (Muséum National d’Histoire Naturelle) et Yves Dachy (naturaliste à Bédarieux) apportent aussi leur aide, tant pour l’identification des photos que pour des conseils et corrections concernant le texte ou la recherche des mollusques. André Lantz a transmit ses propres observations, concernant notamment les Ambrettes (Succinea). Quant à Lilian Léonard, chargé de mission en Malacologie au Service du Patrimoine Naturel du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, il m’a fourni de nombreux commentaires et corrections à partir desquelles le texte a été revu dans son ensemble.
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Quelques escargots et limaces des Beaumonts (Montreuil 93) – I – Des Pomatidés aux Hygromidés