Derniers ajouts (photos) : 25 janvier 2020.
Les limaces et les escargots sont des invertébrés, appartenant au phylum animal des mollusques, le plus nombreux (quelque 80.000 espèces) après celui des arthropodes qui comprend les insectes, les arachnides (araignées…) et les crustacés. Ce sont des gastéropodes, avec un pied bien développé et, primitivement, une seule coquille enroulée dans laquelle ils peuvent se rétracter. Les limaces ont perdu cette coquille externe, mais gardent souvent une coquille interne se résumant à de petites lamelles de calcaires à l’intérieur du manteau. Les gastéropodes étaient originellement aquatiques, mais bon nombre sont devenus terrestres.
Les personnes qui étudient les mollusques sont des conchyliologistes ou malacologistes.
Les noms vernaculaires (français) utilisés ici sont ceux de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) du Muséum National d’Histoire Naturel (MNHN) [2] Le nom latin (scientifique), d’usage en principe universel, a souvent changé en fonction de l’évolution des connaissances et l’unification internationale de la nomenclature n’est qu’en cours. Les appellations abandonnées sont dites des « synonymes ».
Toutes les espèces mentionnées ici appartennent à la classe des gastéropodes. On se contentera de préciser les familles et sous-familles (ou genres et sous-genres, une notion plus souple).
L’ordre de présentation suit celui de M. P. Kerney et R. A. D. Cameron dans leur Guide des escargots et limaces d’Europe (Delachaux et Niestlé, 1999), dont beaucoup d’indications sont tirées ; ainsi parfois que de Vaclav Pfleger, Guide des coquillages et mollusques, Hatier 1989. Pour les espèces d’eau douce, J. d’Aguilar, J.-L. Dommanget, De la vie dans les étangs, les ruisseaux et les mares (Vigot : 1998) a été mis à contribution.
Notes concernant la taille :
* Tous les escargots mentionnés ici sont grands – il existe en effet de nombreux escargots minuscules. Pour donner une indication synthétique sur les espèces les plus visibles, on a cependant utilisé les termes de petit, moyen, grand (voire très petit et très grand).
* Dans le calcul de la taille, nous renvoyons ici à la largeur et la hauteur, tel que dans le Kerney/Cameron. La longueur n’est utilisée que pour les limaces.
* Note sur les aires de répartition : elles ne mentionnent pas les zones extra-européennes.
Famille des Pomatidés (Pomatiidae)
Le genre Pomatias de cette famille des Pomatiidae compte deux espèces en Europe, principalement méditerranéenne. Il présente une épaisse coquille et un opercule calcaire. Les femelles sont plus grandes que les mâles.
Elégante striée Pomatias elegans (O.-F. Müller 1774)
Synonyme : Pomatias élégant, cyclostome élégant
Taille : largeur de 9 à 11,5 mm, hauteur de 13 à 16 mm.
Coquille conique de 4 1/2-5 tours, fortement arrondis, épaisse avec une sculpture réticulée formée des spires fines et de lignes transversales. Couleur gris-violet à jaunâtre avec des taches sombres. Particularité, cette espèce terrestre présente un opercule calcaire épais affleurant l’ouverture quand l’animal est rétracté.
Habitat : très varié, généralement sur terrains calcaire.
Aire de répartition : Europe de l’Ouest et méditerranée.
Statut aux Beaumonts : semble bien représenté, surtout dans les parties boisées.
Elégante striée (Pomatias elegans), parc des Beaumonts, 12 juillet 2014, cliché Pierre Rousset.
Elégante striée (Pomatias elegans), parc des Beaumonts, 19 juin 2016, cliché Pierre Rousset.
L’opercule
L’opercule est en place, le corps de l’escargot étant rétracté dans la coquille.
Elégante striée (Pomatias elegans), parc des Beaumonts, 17 juin 2016, cliché Pierre Rousset.
L’opercule relevé pour laisser sortir le corps.
Elégante striée (Pomatias elegans), parc des Beaumonts, 16 mai 2016, clichés Pierre Rousset.
Elégante striée (Pomatias elegans), parc des Beaumonts, 18 avril 2016, cliché Pierre Rousset.
Elégante striée (Pomatias elegans), parc des Beaumonts, 17 juin 2016, cliché Pierre Rousset.
Famille des Succinéidés (Succineidae)
Ces gastéropodes ne possèdent qu’une seule paire de tentacules, car la paire antérieure est vestigiale dans la famille des Succineidae. Le corps est gros et ne peut se rétracter entièrement dans la coquille. Hygrophiles sans être amphibies, ils peuvent nager renversés comme des limnées.
Ambrettes Succinea putris ou Oxyloma elegans
Les Ambrettes, de la sous-famille des Succeneinae, forment un complexe de deux espèces. Une dissection de l’appareil génital est nécessaire pour les différencier. Succinea putris Linné diffère d’Oxyloma elegans Risso par un épiphallus simple et libre et l’absence d’appendice pénien. Le corps de Succinea putris est en général de coloration brun jaune, mais il existe aussi des formes gris sombre. Celui d’Oxyloma elegans est en général sombre, mais il existe des formes claires.
Taille : 10-17 mm pour putris (exceptionnellement 24 mm) et 9-12 mm (exceptionnellement 20 mm) pour elegans.
Habitat : Milieux très humides : rives de cours d’eau, bords des lacs, marais, prairies humides. On peut le trouver sur dans la végétation palustre telle que les joncs, les iris, les rubaniers…
Aire de répartition : largement répandue sauf en montagne.
L’Ambrette est un petit escargot de forme allongée dont la coquille très fine est composée habituellement de trois tours de spires. Le dernier tour occupe les 2/3 de la hauteur totale de la coquille. La finesse de sa coquille, de la couleur de l’ambre, qui va du gris-pâle au brun et à l’orangé laisse souvent apercevoir les organes internes de l’animal.
Ce mollusque peut vivre trois années en hibernant dans le sol ou sous les feuilles. Bien qu’hermaphrodite comme les autres escargots, il doit s’accoupler car les gamètes mâles et femelles n’arrivent pas à maturité à la même époque.
Ambrettes (trois, mare perchée), parc des Beaumonts, 21 mai 2014, clichés Pierre Rousset.
Ambrette en mouvement, parc des Beaumonts, 27 mai 2016, clichés Pierre Rousset.
Famille des Enidae (Bulimes)
Représentée en France par cinq espèces.
Pour se camoufler (surtout les jeunes), ils peuvent se recouvrir boue mêlée à du mucus, des excréments. D’où les appellations évocatrices que sont « boueux » et « Merdigera »
Bulime boueux Merdigera obscura
Synonyme : bulime obscur
Aire de répartition : l’une des espèces les plus communes en Europe. Présente dans toute la France, y compris en haute altitude.
Taille 8,5-9 mm de long. 3 à 3,5 mm de diamètre, environ 6,5 tours.
Préférant, des lieux exposés au sud chauds thermophiles. Rochers et les murs de calcaire principalement très peu perturbés. Sur les arbres (troncs), rochers, (vieux) murs et autres surfaces verticales. Souvent, dans la lumière des bois ou maquis. Aussi litières, sous bois forestiers feuillus, mais aussi rocailles moussues en milieu ouvert.
Coquille conique caractéristique, forme légèrement en obus à mi-surface. Brun foncé avec de fines lignes de croissance, irréguliers radiales. Tours convexes et les sutures modérément profondes. Ombilic fermé.
Le bulime boueux a une affinité forestière. S’il est surtout noté sur des murs, au parc des Beaumonts, c’est simplement parce qu’il y est plus visible...
Sur le muret de la résidence Les Ormes (niveau entrée du Calligraphe chinois).
Bulime boueux, Merdigera obscura, parc des Beaumonts, 26 octobre 2019. Clichés Pierre Rousset.
Bulime boueux, Merdigera obscura, parc des Beaumonts, 28 septembre 2019. Clichés Pierre Rousset.
Sur le mur en face du collège Jean Moulin.
Bulime boueux, Merdigera obscura, parc des Beaumonts, 7 octobre 2019. Clichés Pierre Rousset.
Dans un secteur boisé.
Bulime boueux, Merdigera obscura, parc des Beaumonts, 31 mai 2021. Clichés Pierre Rousset.
Famille des Limacidés (Limacidae)
La Grande limace grise, Limax maximus
Synonymes : La limace léopard, la Grande limace cendrée, limace tigrée
Taille : très grande. 10-20 cm en extension.
Habitat : Bois, haies, jardins.
Aire de répartition : répandue, sud- et ouest-européenne.
Coloration variable. Brun pâle à gris avec 2 ou 2 bandes le long des côtés du corps, parfois discontinue (formant des tâches). Manteau tacheté ou marbré de sombre, situé à l’avant du corps. Sole blanchâtre.
Limace léopard, Limax maximus, sortie nocturne, parc des Beaumonts, 18 mai 2018, clichés Pierre Rousset.
Famille des Arionidés (Arionidae)
Limaces sans carène sur la ligne dorsale médiane, à coquille interne généralement absente ou très réduite. Glande muqueuse caudale juste au-dessus de l’extrémité postérieure du corps. Famille de répartition holarctique ; seule la sous-famille des Arioninae est représentée en Europe où elle serait confinée. Généralement herbivore, mais peuvent manger des ordures ou des cadavres.
Toutes les espèces d’Arioninae – dont celles présentent aux Beaumonts – appartiennent au genre Arion, sauf une confinée au sud-ouest de l’Irlande.
Grande loche Arion rufus
Synonyme : Grande limace rouge, Arion ater rufus (Linnaeus, 1758), Arion ater (Linnaeus, 1758), Arion empiricorum A. Férussac, 1819, Arion nigra.
Les loches rufus et ater ne se distinguent qu’à la dissection, la première appelée couramment loche rouge ayant en fait des coloris très variables ; la seconde portant le nom vernaculaire de loche noire. Elles sont considérées comme des espèces séparées (Arion rufus, Arion ater) ou comme des sous-espèces (Arion ater rufus, Arion ater ater).
Taille : très grande (longueur jusqu’à 10-15 cm en extension, voire 20).
Habitat : très varié, quasiment tous types de milieux. Bois, jardins, prairies, haies, landes, cultures, terrains calcaires ou acide...
Aire de répartition : ouest- et centre-européenne.
Statut aux Beaumonts : abondant.
Arion rufus semble ubiquiste et de coloration très variable. La forme rouge est courante aux Beaumonts, la présence de la forme noire pas évidente.
Les couleurs des loches aux Beaumonts peuvent être rouge brique, orange, brune, gris, blanchâtre, jaunâtre… L’image ci-dessous, notamment, réfère au complexe d’espèce Arion fuscus/subfuscus dont la taxonomie est encore à approfondir dans nos régions : Arion fuscus (O.F. Müller, 1774) Loche rousse, Arion subfuscus (Draparnaud, 1805) Loche roussâtre. Une autre photo réfère probablement à la Loche méridionale (Arion lusitanicus).
Loches rousse/roussâtre (Arion fuscus/subfuscus) se nourrissant du cadavre d’un lombric et présentant une palette de coloris. Parc des Beaumonts, 1er mai 2015. Cliché Pierre Rousset.
On voit bien l’orifice respiratoire (le pneumostome) largement ouvert. Il fait communiquer la cavité palléale transformée en poumon avec le milieu extérieur.
Loche rouge (Arion rufus) se nourrissant d’une feuille. Parc des Beaumonts, 1er mai 2015. Cliché Pierre Rousset.
Loche méridionale (Arion lusitanicus) le corps en extension. Parc des Beaumonts, 17 juillet 2014. Cliché Pierre Rousset.
Loche rouge (Arion rufus) d’un coloris dit typique. Parc des Beaumonts, 19 septembre 2013. Cliché Pierre Rousset.
Famille des Hygromidés (Hygromiidae)
Cette famille rassemble de nombreuses espèces de taille petites à moyennes. Leurs formes sont très diverses (discoïde, globuleuse, turriculée). Elles se définissent par leurs caractères anatomique. Elle est divisées en cinq sous-familles dont :
La sous-famille des Hygromiinae : de nombreuses espèces d’apparence très variée qui ne sont reliées que par des caractères anatomiques.
Caragouille globuleuse, Cernuella virgata, (Da Costa, 1778) [MD]
Synonymes : il existe de nombreux synonymes dont Hélice variable, Helicella virgata, H. maritima, H. variabilis...
Taille : Petite. Largeur de 6 à 19 mm, hauteur de 8 à 25 mm.
Coquille très variable en taille, forme et coloration. Globuleuse à spire haute et convexe de 5-7 tours. Ombilic étroit.
Très variable de forme, taille et coloris. Coquille blanche à brune avec en général des bandes spirales bruns sombres qui se fondent parfois formant quelques rayures très larges. Parfois aussi dépigmentées.
Habitat : lieux secs et ouverts, lisières sur calcaire, prairies, haies, dunes.
Aire de répartition : Europe de l’Ouest, Méditerranée.
Statut aux Beaumonts : semble abondant.
Caragouille globuleuse (Cernuella virgata), parc des Beaumonts, 18 juin 2013, cliché Pierre Rousset.
Caragouille globuleuse (Cernuella virgata), parc des Beaumonts, 21 août 2013, clichés Pierre Rousset.
Caragouille globuleuse (Cernuella virgata), parc des Beaumonts, 8 août 2019, clichés Pierre Rousset.
Caragouille globuleuse (Cernuella virgata), parc des Beaumonts, 25 août 2019, cliché Pierre Rousset.
Hélice cinctelle, Hygromia cinctella, (Draparnaud 1801)
Synonymes : Hélice carénée
Taille : Petite. Largeur de 6 à 7 mm, hauteur de 9 à 12 mm.
Habitat : Bois, haies, friches. Milieux ouverts avec buissons bas. Souvent proche des cours d’eau. Présente en ville.
Aire de répartition : Aire méditerranéenne. En expansion vers le nord. Présente dans une grande partie de la France.
Statut aux Beaumonts : une seule observation connue, alors qu’elle fréquente les jardins, est présente à Paris et dans d’autres parcs de Seine-Saint-Denis. Pourquoi ?
Coquille globuleuse faiblement déprimée, conique dessus à 5-6 tours dextres aplatis séparés par une suture très peu profonde. Dernier tour avec une carène. Ombilic très petit, souvent pratiquement obstrué par le bord columellaire du péritoine (fin). Ouverture elliptique à périscope simple sans épaississement interne.
Coquille plus ou moins translucide, jaunâtre, gris-blanchâtre à brun pâle, avec une fine bande spirale blanche sur la carène, à la périphérie. Stries d’accroissement fines et régulières.
L’animal est gris clair, avec souvent la tête et les tentacules plus sombres.
Hélice carénée (Hygromia cinctella), parc des Beaumonts, 23 mai 2017, cliché Pierre Rousset.
Il est plus facile de repérer notre escargot sur les murs de jardins que dans leparc. Les photos suivantes ont été prises à une centaine de mêtres des Beaumonts, au croisement des rues Molières et Ferrer.
Hélice carénée (Hygromia cinctella), juvénile, environs du parc des Beaumonts, 18 décembre 2019, cliché Pierre Rousset.
Hélice carénée (Hygromia cinctella), environs du parc des Beaumonts, 6 janvier 2020, clichés Pierre Rousset.
La sous-famille des Trochulininae
Hélice hispide, Trochulus hispidus
Synonyme : Veloutée commune, Veloutée hispide, Hélice hérissée, Hélice veloutée
Synonyme (ancien nom) : Trichia hispida
Taille : Petite. Largeur de 5 à 6 mm, hauteur de 5 à 12 mm
Habitat : Fréquente des milieux variés en général frais et humide : bois, lisières, broussailles, jardins, vieux murs végétalisés, végétation herbacée vivace humide ou proche de plans d’eau, marais (pas les lieux trop secs).
Aire de répartition : européenne. Toute la France (plaines et montagne).
Coquille variable en forme et pilosité, déprimée, convexe dessus, aplatie dessous ; cinq à sept tours, flèche légèrement surélevée. Stries de croissance irrégulières. Densément couverte de poils courts et courbés qui peuvent disparaître (sauf normalement autour de l’ombilic (qui est profond et étroit).
Coquille brune à brun-crème (jaunâtre) en passant par châtain ou gris violacé (bande plus claire en périphérie), irrégulièrement striée et d. Ombilic profond et étroit. Corps gris brunâtre.
La distinction entre adulte et juvénile est délicate sur photo. En général il n’y a plus trop de poils sur les adultes, sinon il y a critère de taille qui est très relatif. Le mieux est encore de regarder l’intérieur de la coquille au niveau de l’ouverture pour y voir un léger épaississement appelé « bourrelet » ou « callus ». Plutôt poilus, les individus photographiés ci-dessous sont qualifiés de juvéniles, mais sous réserve...
Veloutée commune (Trochulus hispidus), parc des Beaumonts, 6 janvier 2020, cliché Pierre Rousset.
Veloutée commune (Trochulus hispidus), juvénile, parc des Beaumonts, 26 octobre 2019, cliché Pierre Rousset.
Veloutée commune (Trochulus hispidus), juvénile, parc des Beaumonts, 25 mai 2018, cliché Pierre Rousset.
Veloutée commune (Trochulus hispidus), juvénile, parc des Beaumonts, 18 octobre 2019, cliché Pierre Rousset.
Veloutée commune (Trochulus hispidus), juvénile, parc des Beaumonts, 7 octobre 2019, cliché Pierre Rousset.
Pierre Rousset
Pour accéder à la seconde partie (article 38117) :
Quelques escargots et limaces des Beaumonts (Montreuil 93) – II – Des Monachinés aux Planorbidés
Remerciements : En avril 2005, Morgane Dumas a bien voulu identifier pour nous un certain nombre de coquilles d’escargots que nous lui avions transmises. Qu’elle en soit remerciée ! Plus récemment, Abderhamane Latreche (Muséum National d’Histoire Naturelle) et Yves Dachy (naturaliste à Bédarieux) apportent aussi leur aide, tant pour l’identification des photos que pour des conseils et corrections concernant le texte ou la recherche des mollusques. André Lantz a transmit ses propres observations, concernant notamment les Ambrettes (Succinea). Quant à Lilian Léonard, chargé de mission en Malacologie au Service du Patrimoine Naturel du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, il m’a fourni de nombreux commentaires et corrections à partir desquelles le texte a été revu dans son ensemble. Quant à Quentin Wackenheim, il me fait dorénavant régulièrement bénéficier de ses connaissances.
Pour la partie II, ESSF (article 38117), cliquez ici : Quelques escargots et limaces des Beaumonts (Montreuil 93) – II – Des Monachinés aux Planorbidés