La justice belge a demandé à la presse de ne pas communiquer sur l’enquête en cours, nous vous signifions donc les informations qui ont fait l’objet d’une confirmation officielle.
Une double explosion à l’aéroport
Deux explosions ont secoué l’aéroport Zaventem de Bruxelles vers 8 heures dans le hall des départs. Les façades ont été brisées et les plafonds éventrés. Au moins 13 personnes ont été tuées et 35 blessés, selon un premier bilan du parquet fédéral communiqué dans la matinée à la chaîne publique RTBF. Le procureur fédéral belge a indiqué que l’une des deux explosions a « probablement été provoquée » par un kamikaze.
Une explosion dans le métro
Une explosion est survenue à 9 h 11 dans la station de métro Maelbeek, non loin des institutions européennes, dans l’est de Bruxelles. Selon la société de transports de Bruxelles, au moins 15 personnes ont été tuées et 55 blessées.
La ville bouclée
L’aéroport a été évacué et fermé et n’est plus desservi ni par les trains ni par les bus. L’ensemble du réseau de métro a été fermé et les trains Eurostar à destination ou au départ de la capitale belge ne circulent plus. Le Parlement européen, qui se situe à cinq minutes de la station de métro Maelbeek, est passé en alerte jaune renforcée. Le centre de crise belge appelle chacun « à rester où il est », que ce soit à l’école, sur son lieu de travail ou à son domicile.
Alerte renforcée
Le niveau d’alerte antiterroriste est repassé au niveau 4, son niveau maximal, pour l’ensemble de la Belgique. Il était jusque-là au niveau 3. Le plan catastrophe a été déclenché à l’aéroport. Des renforts militaires ont été déployés dans le pays et les contrôles aux frontières renforcés.
En dehors de la Belgique, des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place à l’aéroport de Francfort, l’un des plus grands d’Europe, et dans les aéroports néerlandais et londoniens. En France, 1 600 policiers et gendarmes supplémentaires ont été déployés, notamment aux frontières et dans les infrastructures de transport. Des mesures de sécurité renforcées sont mises en place dans les gares et les aéroports.
Un contexte particulier
Ces explosions interviennent quatre jours après l’arrestation à Molenbeek, une commune de l’agglomération bruxelloise, de Salah Abdeslam, suspect-clé du commando des attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.
Les Décodeurs
Journaliste au Monde
* Le Monde.fr | 22.03.2016 à 10h35 • Mis à jour le 22.03.2016 à 13h59
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/22/ce-que-l-on-sait-des-explosions-a-bruxelles_4887647_4355770.html
Six questions sur l’arrestation de Salah Abdeslam
Arrêté vendredi 18 mars à Molenbeek, dans la région de Bruxelles, Salah Abdeslam, 26 ans, a été placé en détention provisoire et inculpé de « meurtres terroristes et participation aux activités d’un groupe terroriste » dans l’enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris. L’homme le plus recherché d’Europe se cachait dans un immeuble situé à quelques centaines de mètres de chez ses parents. Tour d’horizon des questions posées par cette arrestation.
Comment a-t-il été retrouvé ?
Après une opération de police à Forest, dans la région de Bruxelles, qui s’est soldée par la mort de Mohamed Belkaid et la fuite de deux hommes après une fusillade, les enquêteurs découvrent, deux jours plus tard, une empreinte digitale sur un verre qui confirmera que Salah Abdeslam était dans l’appartement.
Un appel téléphonique, quelques heures après cette opération ratée, a aussi mis les policiers belges sur la trace du fugitif. Au bout du fil, un ami de Salah Abdeslam leur apprend que ce dernier lui a demandé de l’aider à trouver une planque. En travaillant sur le numéro qui a appelé le témoin, puis sur ses contacts, les enquêteurs belges parviennent à localiser le terroriste dans un appartement de Molenbeek, et réussissent à l’arrêter.
Quand Salah Abdeslam sera-t-il transféré vers la France ?
Salah Abdeslam, actuellement détenu à la prison de Bruges, est sous le coup d’un mandat d’arrêt européen à la demande de la justice française. Ce qui signifie qu’il ne sera pas extradé au sens propre du terme, mais transféré en respectant cette procédure strictement judiciaire.
Son avocat, Sven Mary, a dit, samedi, que son client contesterait son transfert vers la France. Il a expliqué ce refus « dans la mesure où il y a encore une enquête belge qui doit être faite ». Néanmoins, ce refus ne l’empêchera pas d’être transféré à Paris. Pour décider d’autoriser la remise de ce Français résidant en Belgique, la justice belge devra uniquement statuer sur la validité du mandat d’arrêt de la justice française.
Le procureur de la République de Paris, François Molins, s’est montré confiant sur la rapidité du transfert de Salah Abdeslam, dans un délai pouvant aller de « quelques jours à trois mois ». Le ministère français de la justice avait auparavant précisé que « la décision définitive sur la remise de Salah Abdeslam doit intervenir dans un délai de 60 jours à compter de son arrestation, ou 90 jours s’il devait exercer un recours devant une juridiction suprême ».
Comment a-t-il pu vivre en cavale quatre mois en Belgique ?
C’est l’une des principales questions qui se posent. Après avoir fui Paris et rejoint la Belgique, Salah Abdeslam avait disparu, malgré d’intensives recherches de tous les services de police européens. Plusieurs pistes avaient été évoquées, dont celle d’une fuite en Syrie, jugée malgré tout peu probable par certains experts.
A ce stade de l’enquête, rien n’indique que l’homme le plus recherché d’Europe a passé l’ensemble de ces quatre mois à Bruxelles et dans ses environs, mais il apparaît de plus en plus probable qu’il n’avait pas quitté la Belgique. La capitale belge avait été placée six jours en état d’alerte maximale fin novembre 2015, en raison d’une menace terroriste « sérieuse et imminente » dans la ville, selon les autorités. Après presque une semaine de traque, l’alerte avait été levée.
De quelles complicités a-t-il bénéficié ?
Seule certitude pour l’heure : Salah Abdeslam a reçu du soutien. Le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, a évoqué l’aide « de proches, mais aussi de réseaux criminels » dont aurait bénéficié Salah Abdeslam. « Pour tenir en cavale pendant quatre mois, il a manifestement bénéficié de plusieurs réseaux de soutien. Il avait des amis issus du milieu criminel, d’autres du milieu de la radicalisation islamiste et puis ses amis d’enfance et de quartier », a expliqué, à l’AFP, Louis Caprioli, ancien chef du contre-terrorisme français à la Direction de la sûreté du territoire (DST).
Ce 19 mars, Abid Aberkan, l’un de ses proches et son logeur présumé, a été inculpé de « participation aux activités d’un groupe terroriste et recel de criminels » et placé en détention, selon le parquet fédéral belge. Une autre membre de la famille Aberkan, Djemila M., a été inculpée de « participation aux activités d’un groupe terroriste et recel de criminels » mais n’a « pas été privée de sa liberté », détaille le parquet. Et un complice, « le soi-disant Monir Ahmed Alaaj, alias Amine Choukri », arrêté en même temps que lui vendredi à Bruxelles, a été inculpé, comme Salah Abdeslam, de « meurtres terroristes et participation aux activités d’un groupe terroriste », et a également été placé en détention.
Quel rôle ont joué les enquêteurs français dans l’arrestation ?
Des enquêteurs français étaient présents à Bruxelles, en tant qu’observateurs, dans le cadre de la coopération franco-belge sur les attentats de Paris. L’interrogatoire de Salah Abdeslam ce week-end est mené par les policiers belges.
Quelles informations détient-il sur les attentats de Paris ?
Interrogé pour savoir si son client confirmait avoir été présent à Paris le 13 novembre, lors des attentats, son avocat Me Mary a répondu : « Il y était. »
Selon le procureur de la République de Paris, Salah Abdeslam a affirmé aux policiers belges qu’il voulait se « faire exploser au Stade de France » le soir du 13 novembre, mais qu’il aurait fait « machine arrière ». Le suspect « apparaît, à ce stade des investigations, comme ayant eu un rôle central dans la constitution des commandos du 13 novembre, dans la préparation logistique des attentats et enfin en étant lui-même présent à Paris le 13 novembre », a ajouté le procureur.
Il a loué plusieurs voitures utilisées lors de la préparation et la commission des attentats. Après avoir sans doute convoyé le soir des tueries les kamikazes du Stade de France, ce Français résidant en Belgique avait abandonné une ceinture explosive à Montrouge, dans la banlieue sud de Paris. Il est soupçonné d’avoir préparé une autre attaque dans le 18e arrondissement, qui n’a finalement pas eu lieu. Il avait appelé à la rescousse deux amis bruxellois et échappé à trois barrages policiers sur la route du retour vers Bruxelles, où sa trace s’était perdue le lendemain des attentats.
* Le Monde.fr | 19.03.2016 à 15h27 • Mis à jour le 20.03.2016 à 09h17 :
http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2016/03/19/arrestation-de-salah-abdeslam-les-questions-qui-se-posent_4886384_4809495.html