Ni la communauté internationale, ni la société civile russe n’ont pu empêcher cette invasion.
En un an, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées, des centaines de milliers d’autres ont été blessées et ont souffert. Des villes et des villages ont été détruits, des millions de personnes ont pris les routes de l’exil. Des centaines de milliers de familles ont été séparées, des dizaines de milliers d’enfants ukrainiens emmenés en Russie. Des enlèvements, des tortures et des meurtres ont été perpétrés dans les territoires occupés.
On ne sait pas quels autres sacrifices devra faire l’Ukraine, où il n’y a probablement personne qui ne soit victime de cette guerre. C’est le prix monstrueux que l’Ukraine doit payer pour sa liberté et son indépendance, pour le droit d’être elle-même.
Mais l’Ukraine a tenu, voilà la principale leçon de cette année. La guerre éclair qu’espérait Poutine a échoué. Les citoyens ukrainiens de toutes nationalités et religions défendent courageusement leur patrie.
Tout aussi important, le monde a vu qu’il existe des valeurs plus importantes que le pétrole et le gaz. La communauté internationale a fait preuve d’une unité sans précédent dans sa volonté d’aider l’Ukraine à vaincre et à punir l’agresseur. Nous pensons que cette solidarité, active aux niveaux national, international et des populations elles-mêmes mettra fin à cette guerre et conduira à la création d’un tribunal international, qui donnera une évaluation juridique de l’agression et des crimes commis.
Autre bilan de l’année écoulée, la guerre a amené la Russie au bord de la catastrophe. Son avenir en tant que pays moderne engagé dans une dynamique de développement est remis en question. Le nom même de la Russie, qui suscitait souvent espoir et sympathie depuis le début de la perestroïka, est désormais source de rejet. Les politiques de Poutine ont ravivé la peur d’une catastrophe nucléaire globale, alors qu’elle semblait oubliée depuis trente ans. La Russie, en tant que pays, est de plus en plus confondue avec le régime de Poutine, ses élections truquées, la négation des droits de l’homme et la destruction des libertés fondamentales. La répression des dissidents est aussi brutale et ample qu’à la fin de l’ère soviétique. Les opposants à la guerre – ils seraient au moins vingt pour cent selon les statistiques officielles – ne sont pas représentés au parlement et n’ont pas accès aux médias. Mais leur existence seule donne l’espoir d’un avenir pour la Russie.
Aujourd’hui, les mots d’Andrei Sakharov : « Le choix moral s’avère finalement être le plus pragmatique. » résonnent tout particulièrement.
Memorial-International
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