Transformer le souhaitable en possible », c’était le slogan de ce congrès d’une organisation qui affiche aussi le macaron « chômeurs rebelles » dans les manifestations. Le congrès a été jalonné de débats par thèmes. Par exemple, sur la sécurité sociale professionnelle, où des opinions se sont confrontées, sur les licenciements, sur l’axe d’une cinquième branche de la Sécurité sociale intégrant une caisse chômage, ou sur l’avenir du comité dans une CGT qui réfléchit à ses structures.
Le comité CGT ne subit-il pas un affaiblissement, comme toutes les organisations de chômeurs ?
Jean-François Kieffer – Oui, il y a une baisse pour tout le monde. Nous sommes à 5 700 syndiqués, soit une baisse d’environ 1 000 depuis la lutte des recalculés. Notre effectif est en dents de scie. Mais c’est habituel chez les chômeurs, population instable. Depuis la lutte des recalculés, il n’y a pas eu de fortes mobilisations nationales. Cela ne favorise pas la syndicalisation. Sur Paris, il y a eu la gratuité des transports. Nous avons du mal à mobiliser contre la fusion ANPE-Assedic. Nous nous bagarrons contre les radiations, mais cela ne se compare pas avec la lutte des recalculés. Toutefois, nous nous portons mieux que les associations, peut-être parce que nous sommes adossés à une confédération.
Beaucoup de femmes étaient déléguées…
J.-F. Kieffer – Oui. Nous avions la parité au congrès, sans grand volontarisme, de même que pour la direction élue. Au comité national, il y a aussi un rajeunissement.
Vous aviez proposé une loi pour une cinquième branche de la Sécurité sociale, consacrée au chômage. Où en êtes-vous ?
J.-F. Kieffer – Une proposition de loi doit forcément être déposée par un groupe politique. Nous avions rencontré des élus du PCF. Mais nous ne voulons pas être sous la dépendance d’un parti. Sur le fond, nous sommes toujours sur le même projet, même si nous n’employons plus le terme de cinquième branche. C’était une idée du Comité national de la Résistance, en 1945. Et c’est toujours la nôtre.
Il existe une crainte que l’organisation des chômeurs ne soit plus pérennisée dans la CGT… Un autre projet existe-t-il ?
J.-F. Kieffer – Dans la CGT, il y a une commission chargée de l’avenir des structures, fédérations, régions. Nous pouvons faire partie de ce débat. La commission exécutive confédérale a réaffirmé le maintien du comité des privés d’emplois tel qu’il est. Mais il nous est demandé de travailler plus sur la précarité, ce qui est juste. Nos comités locaux s’appellent souvent « chômeurs et précaires ». Nous allons aussi travailler davantage avec les fédérations sur ces questions, par exemple le commerce, les services publics. Cela se reflète dans la composition du comité national, avec la présence de quatre fédérations et deux unions départementales.