Selon l’Agence indonésienne des statistiques (BPS), entre 2003 et 2013 (date du dernier recensement) l’Indonésie a perdu 5,1 millions de familles d’agriculteurs, passant de 31,23 millions de familles à 26,14 millions. “À ce rythme, l’Indonésie va perdre tous ses agriculteurs d’ici à 2063”, s’inquiète le Jakarta Post.
Pour le quotidien de la capitale, le problème vient essentiellement du fait que de moins en moins de jeunes se tournent vers les métiers de l’agriculture. “En 2019, seuls 23 % des 14,2 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans travaillaient dans les secteurs de l’agriculture, de la foresterie et de la pêche, selon les données de l’Enquête nationale sur la population active.”
Un rapport de l’Institut de rechercher indonésien Smeru publié en 2016 indiquait qu’“une grande partie des jeunes considèrent le travail agricole comme un travail manuel à bas salaire qui convient mieux aux personnes issues de milieux pauvres qui ont une éducation limitée”.
Activité essentielle pour l’archipel
Le Jakarta Post pointe aussi les écarts de salaires avec d’autres professions. Un petit agriculteur gagne en moyenne 55 503 roupies indonésiennes (3,30 euros) par jour, contre 89 737 roupies (5,40 euros) pour un ouvrier du bâtiment ou encore 171 054 roupies (10,27 euros) pour un travailleur payé au salaire minimum dans la capitale indonésienne.
D’autres facteurs, tels que l’augmentation des coûts de production et les conséquences du changement climatique, poussent les agriculteurs à changer de profession.
L’agriculture demeure toutefois une activité essentielle pour l’archipel. Environ 29 % de la main-d’œuvre indonésienne travaille dans ce secteur qui contribue à près de 13 % au PIB du pays, selon les données de la Banque mondiale.
Le dernier recensement décennal, qui se termine le 31 juillet, devrait donner des indications précieuses au gouvernement afin d’enrayer cette érosion alarmante. Selon le ministre de l’Agriculture, Syahrul Yasin Limpo, ce recensement d’une envergure inédite permettra de connaître “la structure démographique des agriculteurs, plus particulièrement ceux de la génération Y, qui n’ont jamais fait l’objet d’enquête jusque-là, de voir dans quoi ils sont engagés”.
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