“C’est comme si vous disiez aux milices encore actives : si vous participez au massacre de civils dans un conflit, alors vous obtiendrez une étoile”, a déclaré à Koran Tempo la présidente de l’Association indonésienne d’aide juridique (YLBHI), Asfinawati.
L’étoile qu’évoque l’activiste est celle attribuée par le président indonésien Joko Widodo à Eurico Guterres pour les “plus hauts services rendus à l’État”. Cet homme a été responsable d’une des milices pro-Indonésie ayant semé le chaos et assassiné de nombreuses personnes lors du référendum pour l’indépendance du Timor Oriental, en 1999.
Cette année-là, après vingt-cinq ans d’occupation indonésienne et de guérilla, les Timorais de la partie orientale de l’île ont massivement voté en faveur de l’indépendance. S’appuyant sur les milices timoraises pro-Jakarta, l’armée indonésienne organise alors la destruction de toutes les infrastructures de leur ancienne province. Plus d’un millier de personnes sont tuées dans des opérations punitives conjointes de l’armée et des milices.
Preuves à l’appui
Preuve de l’implication directe d’Eurico Guterres dans ces massacres, le télégramme découvert par la Serious Crimes Unit (SCU), une unité d’élite d’enquêteurs de la police internationale faisant partie de la mission des Nations unies qui a officié de 1999 à 2004 au Timor oriental. Ce télégramme évoque le discours prononcé par Eurico Guterres avant de diriger le massacre de 200 civils dans l’église de Liquiça, en avril 1999 :
“Les troupes d’Aitarak [l’organisation créée par Eurico Guterres] liquideront toutes les personnes, qu’il s’agisse de fonctionnaires, de dirigeants communautaires ou d’hommes d’affaires, ayant soutenu la lutte des groupes anti-intégration [à l’Indonésie].”
Une source de Koran Tempo, confirmée par le directeur d’Amnesty International Indonésie, prétend que cette décoration décernée au chef de cette funeste milice aurait été proposée par le ministre de la Défense, Prabowo Subianto. Ce dernier est également accusé de graves violations des droits humains au moment de la chute de la dictature du régime de Suharto (1965-1988) en 1998, alors qu’il servait comme commandant des forces spéciales (Kopassus). Les deux hommes se sont connus au moment de l’invasion du Timor oriental par l’armée indonésienne, en 1975.
Koran Tempo
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