La révélation devrait faire l’effet d’une bombe. La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) a annoncé, vendredi 19 juillet, que près de 2 000 travailleurs de la centrale accidentée de Fukushima présentaient un risque accru de cancer de la thyroïde, soit 10 % des personnes ayant travaillé sur le site.
L’opérateur japonais a réalisé des examens sanitaires pour 19 592 de ses travailleurs – 3 290 employés de la firme et 16 302 employés d’entreprises sous-traitantes. Résultat : 1 973 ouvriers ont vu leur thyroïde exposée à des doses cumulées de radiations supérieures à 100 millisieverts. Un niveau au-delà duquel un risque accru de développer un cancer a été démontré par les études épidémiologiques – la dose normale reçue par l’organisme étant de 1 millisievert par an.
DIX FOIS PLUS DE PERSONNES CONCERNÉES
Jusqu’à présent, seulement 522 travailleurs avaient vu leurs doses de radiations transmises à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En février, l’OMS avait alors conclu que 178 ouvriers présentait un risque accru de cancer. Mais le ministère de la santé avait fait part de doutes sur les critères choisis pour ces premières évaluations, et avait demandé à Tepco de revoir sa méthode d’estimation du niveau d’exposition aux radiations.
Comment une telle évaluation a-t-elle été réalisée ? « Le cancer de la thyroïde est essentiellement développé après une contamination interne à l’iode 131, c’est-à-dire après que ce radionucléide a été ingéré ou inhalé », explique Alain Rannou, expert à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les relevés des dosimètres – des instruments qui mesurent l’exposition aux radiations externes – ne sont donc pas suffisants. « Il faut réaliser des mesures anthroporadiamétriques, qui détectent les rayonnements de l’organe ciblé, ou procéder à des examens urinaires pour connaître la quantité d’iode 131 sécrétée par les urines », poursuit l’expert.
Reste une difficulté : la demi-vie de l’iode 131, c’est-à-dire le temps nécessaire pour que la moitié des atomes se désintègrent naturellement, est de huit jours. « Il faut estimer à quel moment chaque travailleur se trouvait dans une zone contaminée. De façon à calculer, à partir des mesures, quelle quantité d’iode 131 il a en réalité incorporée », complète Alain Rannou.
VIOLATIONS DES RÈGLEMENTS SUR LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ
En juin, des tests effectués sur 174 000 personnes habitant la préfecture de Fukushima, qui compte près de deux millions d’habitants, avait conclu que 12 mineurs étaient atteints d’un cancer de la thyroïde, 15 autres cas étant suspects. « Les autorités n’ont pas mis en évidence d’effet sanitaire avéré de la catastrophe, prévient Alain Rannou. Les données scientifiques actuelles ne permettent pas de faire la différence avec le risque spontané de développer un cancer dans la population générale. »
Malgré tout, les opérations de décontamination de la centrale détruite par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, sont régulièrement entachées de révélations sur les conditions de travail illégales et les violations des règlements sur la santé et la sécurité des 3 000 « liquidateurs » qui se relaient jour et nuit sur le site. En décembre dernier, le quotidien Asahi Shimbun avait notamment révélé que la société de construction Build-Up aurait demandé à une dizaine de ses ouvriers de recouvrir de plomb leurs dosimètres lorsqu’ils intervenaient dans les zones les plus radioactives de la centrale accidentée afin de sous-déclarer leur exposition et permettre à la société de continuer à travailler sur le site.
Audrey Garric
* Le Monde.fr | 19.07.2013 à 15h32 • Mis à jour le 19.07.2013 à 18h55 |
Des cancers de la thyroïde confirmés chez des mineurs de Fukushima
Une étude sur l’impact des radiations de la catastrophe de Fukushima a permis de constater que 12 mineurs étaient atteints d’un cancer de la thyroïde, 15 autres cas étant suspects.
Des tests ont été effectués sur 174 000 personnes âgées de 18 ans ou moins habitant la préfecture de Fukushima, qui compte près de deux millions d’habitants.
Les spécialistes mandatés par les autorités préfectorales tendent cependant à penser que ces cancers ne sont pas directement liés à l’accident, fondant cet avis sur des données comparatives, notamment dans le cas du désastre de Tchernobyl, en 1986 en Ukraine. Il serait encore trop tôt pour que ces cancers apparaissent, seulement deux ans après la catastrophe survenue à la suite du tsunami et du séisme du 11 mars 2011, font-ils valoir.
En février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà constaté « une relative augmentation » du risque de cancers dans les zones les plus touchées près de la centrale. Elle assurait en outre que ce risque était cantonné aux zones les plus contaminées, situées autour de la centrale.
* Le Monde.fr | 05.06.2013 à 16h23.
Un risque de cancer accru près de la centrale de Fukushima
L’accident nucléaire de Fukushima, au Japon, a entraîné une relative augmentation du risque de cancer dans les zones les plus touchées près de la centrale, estime un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), rendu public jeudi 28 février à Genève.
Il ressort de cette évaluation que l’événement de Fukushima, en 2011, « ne devrait entraîner aucune augmentation perceptible des risques pour la santé à l’extérieur du Japon », ajoute le rapport d’experts.
Ils estiment dans ce document de 166 pages que dans un rayon de 20 km autour de la centrale, accidentée après un violent séisme suivi d’un tsunami, le risque de cancer de la thyroïde chez les femmes et les enfants est en augmentation à 1,25 %, contre habituellement 0,75 %.
« En dehors de ces zones [les plus contaminées, autour de la centrale], y compris au sein de la préfecture de Fukushima, aucune augmentation du risque de cancer n’est attendue », a affirmé Mme Neira. L’OMS insiste dans ce rapport sur la nécessité d’un suivi au cours des prochaines années des populations à risque, ainsi qu’une surveillance des aliments et de l’environnement.
* Le Monde.fr avec AFP | 28.02.2013 à 11h48 • Mis à jour le 28.02.2013 à 11h54.