« La décision a été prise », assure dans la presse japonaise Takashi Kawamura, président de l’électricien Tepco. Le gouvernement va autoriser l’industriel à rejeter dans l’océan l’eau stockée sur le site de la centrale de Fukushima, accidentée le 11 mars 2011.
Chaque jour, les opérateurs doivent injecter des centaines de mètres cubes d’eau dans les trois réacteurs détruits pour refroidir les cœurs fondus. Toute cette eau est récupérée pour être décontaminée. Le problème est que la technologie actuelle est capable de venir à bout de tous les éléments radioactifs, sauf du tritium.
L’eau est chargée de cet isotope de l’hydrogène. Très radioactif, sa durée de demi-vie est assez courte, environ 12,3 ans. Depuis six ans, Tepco est donc obligé de stocker cette eau sur le site… à raison d’environ 350 tonnes par jour. Au final, ce sont désormais plus de 770 000 tonnes d’eau, qui sont entreposées dans plus de 1 300 réservoirs.
Inquiétude des pêcheurs
La situation devient intenable pour l’industriel nippon qui a dû faire face à des incidents sur ses containers. L’argument des experts en faveur du déversement dans l’océan est que ce dernier est capable de diluer suffisamment cet isotope radioactif, par ailleurs faiblement présent à l’état naturel, pour éviter tout danger.
Mais les pécheurs, qui ont repris leur activité au large de la province nipponne, sont très mécontents. « Relâcher [du tritium] dans la mer va entraîner une nouvelle vague de rumeurs non fondées, réduisant tous nos efforts à néant », déplore Kanji Tachiya, responsable d’une coopérative de pêche locale, cité par Kyodo News.
Six ans après l’accident, le chantier n’en est qu’à ses débuts. Le devis prévu par Tepco pour la dépollution, le démantèlement et l’indemnisation s’est considérablement accru. Il est passé de 92 milliards d’euros initialement à 177 milliards d’euros désormais. Le chantier devrait s’étendre sur environ un siècle.
Ludovic Dupin
@LudovicDupin