Un nouveau massacre choqua les Egyptiens lorsqu’ils l’apprirent samedi 27 juillet à l’aube. Il s’ajoutait à la liste sanglante du ministère de l’Intérieur et de la Défense, quelques heures seulement après les manifestations fortes de plusieurs millions de personnes en faveur du « mandat » demandé au peuple par le ministère de la Défense. L’une des premières conséquences du mandat consiste à gommer les preuves que l’Etat affronte par la force des armes les protestations.
Nous défendons le droit de la population – de toutes les parties de la population – à manifester son opinion en recourant à tous les moyens d’expression pacifiques, des manifestations aux sit-in en passant par les grèves. C’est l’un des droits qui a été gagné par la révolution de janvier 2011, grâce à tout le sang versé par nos martyrs. Nous condamnons ce massacre qui prit la vie de dizaines de pauvres des provinces et de la jeunesse des Frères musulmans.
Leurs dirigeants (des FM) ne se trouvaient nulle part parmi eux, nous les avons vus seulement sur les tribunes officielles ou à travers les chaînes satellitaires soutenues par l’Amérique, appelant à la violence au nom de la religion. Nous n’avons vu aucun de leurs noms, ou de ceux de leurs enfants, parmi ceux qui furent assassinés ou blessés. Ils poussent pourtant les jeunes à faire face à la brutalité de la police, laquelle a décidé que son « mandat » signifiait qu’elle pouvait répondre aux protestations par l’assassinat.
Les armes dirigées contre les poitrines des membres de la Confrérie aujourd’hui seront rapidement tournées pour viser les poitrines des révolutionnaires et contre ceux et celles qui, parmi les pauvres et les travailleurs et les travailleuses, manifestent contre le régime. Ce dernier invoquant le prétexte de la nécessité de continuer à faire tourner les rouages de la production [économique].
La Confrérie récolte aujourd’hui ce qu’elle a semé au travers de son propre ministre de l’Intérieur qui, en janvier dernier, tua des dizaines de personnes ainsi que pour ses crimes contre les habitant·e·s d’El-Manial et de Bayn al-Sarayat et de Gizeh, ainsi que d’autres localités ; les victimes les plus récentes étant tombées samedi 27 à Al-Qaed Ibrahim et dimanche 28 juillet lors des attaques contre les églises. Ces crimes ont créé une puissante vague de colère contre les Frères musulmans, laquelle a été exploitée par l’armée et la police afin d’obtenir leur « mandat », sous le prétexte de combattre le terrorisme.
Les présages d’un retour du régime dictatorial de Moubarak n’échappent à personne. Nous en avons perçu le signe le plus clair dans le discours donné hier par le ministre de l’Intérieur au sujet du retour dans leurs anciens emplois des hommes expulsés des services de sécurité de l’Etat et ce pour traquer les activités politiques et religieuses. Nous avons aussi perçu ces présages dans la menace d’avoir recours à la loi d’urgence pour disperser les sit-in, ainsi que dans l’intervention de l’armée contre les sit-in dans la sidérurgie de Suez, entre autres.
Cela nourrit nos doutes au sujet du rôle du gouvernement actuel, ainsi que de l’étendue de son implication dans ces crimes, en particulier celle de Hazem el-Beblaoui, le premier ministre, qui a été en tête pour soutenir le « mandat » de l’armée face à la marche vers le palais présidentiel. Cela soulève des questions au sujet de ces éléments rejetés par la révolution en raison de leurs positions après le massacre.
Il est impossible que les forces armées dispersent les sit-in et mettent un terme à la crise, mais il est tout à fait possible qu’elles approfondissent cette crise. Il n’y a pas d’autre véritable solution à la crise actuelle de notre révolution qu’une voie politique qui adopte une vision claire de justice transitionnelle, comprenant des garanties au sujet de la punition contre ceux qui ont commis des crimes contre les droits du peuple et contre notre révolution : les personnalités du régime de Moubarak, celles du Conseil suprême des forces armées ainsi que celles des Frères musulmans et leurs alliés.
Nous lançons un appel à toutes les forces sociales et à tous les fiers révolutionnaires, ainsi qu’aux personnes de pensée indépendante parmi les travailleurs, les étudiant·e·s, les membres de professions libérales, les paysans et parmi toutes les autres couches de la population. Nous vous invitons à participer à la construction d’un Front révolutionnaire combatif de telle sorte que nous puissions, ensemble, faire face autant au fascisme militaire ascendant qu’à l’opportunisme et aux crimes des Frères musulmans. Ce Front doit réaliser les objectifs de la révolution de janvier 2011 ainsi que de sa deuxième vague, celle du 30 juin 2013, contre tous ceux qui l’ont trahie : les feloul [restes de l’ancien régime], l’armée et la Confrérie. Il doit réaliser les revendications de pain, de liberté, de justice sociale et de dignité humaine pour lesquelles la révolution fait toujours rage en Egypte.
Gloire aux martyrs ; victoire à la révolution ; honte aux assassins, à tous les assassins. Tout le pouvoir et toute la richesse au peuple !.
Socialiste Révolutionnaires (28 juillet 2013)