PEUGEOT MOTOCYCLES : Les 35 heures attaquées
Le patron de Peugeot motocycles s’attaque aux 35 heures. Entretien avec Emmanuel Guillier, délégué CGT, sous le coup d’une mesure de licenciement [1].
Comment les 35 heures sont-elles remises en cause ?
Emmanuel Guillier – La direction veut imposer la suppression des pauses, la diminution des jours de RTT de 22 à 11, et la révision à la hausse des horaires de travail au jour le jour. Les représentants CFTC et CGC ont accepté d’en discuter et la CGT s’y est opposée. En contrepartie, les menaces de délocalisation de la fabrication du scooter GT Compact à Taïwan seraient abandonnées. Le CE a mandaté un cabinet d’experts pour analyser la situation, et son rapport est clair : ces mesures ne permettraient qu’une économie de 400 000 euros, une broutille face à la perte de millions d’euros engendrée quasi volontairement par la direction de l’entreprise depuis quatre ans, en laminant le service de recherche et d’innovation de Mandeure, en faisant des choix de production désastreux, en délocalisant une grande partie de la production du scooter en Chine pour un gain d’à peine 100 euros par scooter, remis en cause par les innombrables retouches à pratiquer sur celui-ci.
Comment expliques-tu cette pression actuelle de la direction ?
E. Guillier – Il s’agit de casser toute volonté de résistance des travailleurs avant de s’engager dans des attaques plus sérieuses. Dans notre région, c’est la première remise en cause des 35 heures et il y a à craindre pour les autres usines. PSA reste actionnaire de PMTC, il est aussi l’actionnaire principal de Faurecia (équipements automobile).
Quelle est la proposition de la CGT ?
E. Guillier – Nous voulons un référendum, nous voulons consulter le personnel non seulement sur les 35 heures mais sur la stratégie patronale, sur le projet de la direction, sur les conditions de travail et les salaires. Nous refusons de donner un chèque en blanc à la direction.
* Paru dans Rouge n° 2251, 08/05/2008. Propos recueillis par Marie-Ange Debard.
1er MAI. À Carhaix, ce 1er Mai n’a pas été comme les autres, parce que la colère et la révolte montent face au mépris du gouvernement. 1 000 personnes se sont rassemblées à l’appel des syndicats, du comité de soutien à l’hôpital et des partis politiques, dont la LCR, pour réaffirmer la volonté de résister aux contre-réformes de Sarkozy. Face à l’acharnement du gouvernement à détruire l’hôpital de Carhaix, les habitants du centre de la Bretagne restent déterminés à faire respecter leurs droits aux soins de qualité et à ne pas voir leur région devenir un désert sanitaire.
LA REDOUTE : Le conflit continue
Les grévistes de La Redoute, sur le site de Wattrelos (près de Roubaix, Nord), se battent, depuis le 1er avril, pour une augmentation de salaires et l’embauche d’intérimaires [Voir ci-dessous]. Ils ont commencé, le 21 avril, le blocage de leur entreprise.
Lundi matin, Olivier Besancenot est venu les soutenir et a été très chaleureusement accueilli. Notre camarade est intervenu pour appeler à la convergence des luttes sociales, à la solidarité et rappeler ce qui c’était passé, il y a quarante ans, après des semaines de luttes : l’augmentation de 30 % du Smig. Dénonçant un patronat avide de profits et l’absence de la gauche institutionnelle tant en terme de soutien qu’en terme de propositions, il a rappelé aux travailleurs de La Redoute les différentes luttes offensives dans le pays et la nécessité de leur coordination. Il a aussi apporté son soutien aux 28 salariés convoqués devant le tribunal correctionnel de Lille suite à la plainte des employeurs pour le blocage de l’usine par des piquets de grève.
Après son intervention, les responsables syndicaux et les salariés en grève se sont entretenus avec lui et ils l’ont remercié de son soutien.
Mardi matin, le blocage de l’entreprise par les salariés était toujours d’actualité face au début de négociation qui se sont déroulées jusqu’à une heure du matin, en présence d’un médiateur nommé par le tribunal. Les patrons du groupe PPR (Pinaut-Printemps-Redoute) n’ont pas gagné sur l’accusation d’entrave à la liberté du travail, les salariés ayant répondu, par leurs avocats, que l’emploi d’intérimaires pour remplacer des grévistes était illégal. Les patrons ont donc été obligés de s’asseoir à la table de négociation. Les salariés sont toujours déterminés et ne sont pas prêts à accepter n’importe quoi de la part d’employeurs les méprisants de la sorte. Le 1er mai, à Roubaix, sera donc marqué par cette lutte et nous l’espérons, par la victoire.
Christian Barbieux
* Paru dans Rouge n° 2250, 01/05/2008.
WATTRELOS : Grève à La Redoute
Derrière le catalogue de La Redoute, se cache un groupe redoutable qui impose aux salariés des conditions de travail très dures, des salaires de misère, la précarité. Dix-huit ans après la grève de 1995, qui avait duré deux semaines et qui s’était soldée par un échec, les salariés ont de nouveau cessé le travail. Avec la ferme intention d’imposer, cette fois, leurs revendications.
Après des négociations salariales où les représentants de la direction du groupe ont proposé une augmentation de 1,2 %, avec un minimim de 18 euros brut et 40 embauches, les salariés du groupe La Redoute ont décidé de se mettre en grève. Ils réclament 150 euros net d’augmentation par mois, l’embauche en CDD de 300 intérimaires et le paiement des journées de grève.
Il faut savoir qu’à La Redoute, les salaires, même après quinze ans d’ancienneté, ne dépassent pas les 1 000 euros. Comme le fait remarquer un délégué CGT, « nos salaires sont bloqués » et « les années précédentes, on nous accordait royalement 1,4 % quand les prix augmentent bien plus ». Quant aux dividendes des actionnaires, ils ont augmenté, l’année dernière, de 15 %.
Cette entreprise fonctionne avec un nombre d’intérimaires considérable, le plus souvent en dehors des lois, et cela depuis plus de 20 ans, puisque que les CDD peuvent être renouvelés toutes les semaines, et cela en toute impunité.
La Redoute, c’est le vestige d’un secteur économique qui a été florissant durant des décennies, un secteur où les grandes familles du Nord ont bâti leur empire financier. La Redoute, c’est le groupe Pinault-Printemps-La Redoute (PPR), c’est la plus grande entreprise de vente par correspondance.
Après dix jours de grève, les dirigeants de La Redoute considèrent que les négociations sont closes. Vendredi 11 avril, une manifestation a rassemblé plus de 1 000 personnes. Des délégations d’autres entreprises du groupe et d’entreprises textiles de la région étaient présentes. La gauche plurielle, elle, était tristement absente, mais cela arrive malheureusement très souvent. Cela n’a pas empêché que la manifestation soit un immense succès et, de mémoire de Wattrelosien, il y avait fort longtemps qu’une manifestation de cette ampleur ne s’était pas déroulée dans les rues de la ville. Aux cris de « on veut du pognon », les manifestants se sont retrouvés devant la mairie de Roubaix, où une délégation fut reçue par les représentants du Parti socialiste qui prêtèrent une écoute polie, à défaut d’être enthousiaste, aux revendications des salariés.
Mardi 15, malgré la seconde semaine de vacances scolaires, la mobilisation ne faiblit pas et plus de 350 salariés ont participé aux assemblées générales. À la Martinoire, les grévistes ont de nouveau bloqué l’une des gares de triage, perturbant fortement l’activité, contrairement à ce que prétend la direction. Selon Jean-Christophe Leroy, délégué CGT, « il y a des retards de plus d’une semaine sur les livraisons. 100 000 colis sont bloqués ». À Roubaix, une centaine de salariés ont distribué un tract d’information devant le magasin des Aubaines et ils ont reçu un accueil chaleureux des clients et des salariés. Une nouvelle manifestation est prévue, le vendredi 18 avril, avec la volonté d’étendre la grève à La Redoute et la solidarité des salariés des autres entreprises de la région.
Correspondants
* Paru dans Rouge n° 2248, 17/04/2008.
LICENCIEURS. La multinationale suisse Nestlé s’apprête à supprimer 250 emplois sur ses sites de Vittel (Vosges) et Contrexéville (Vosges) où travaillent actuellement 1 600 personnes.
VOYOUS. Une dizaine de cadres du site Coca-Cola de Grigny (Essonne) ont dégagé, avec des chariots élévateurs, les accès de l’usine bloqués par des bidons. Les salariés réclament de véritables augmentations de salaire pour tous et pas des primes ou des augmentations à la tête du client.
* Paru dans Rouge n° 2250, 01/05/2008.
Coup de froid chez Pilpa
Neuf jours de grèves chez Pilpa, cela n’était jamais arrivé. Cette société fait partie du groupe Bonbolac, qui produit des crèmes glacées (à Carcassonne), des pâtisseries surgelées (à Saint-Médard et Bonloc) et des produits de traiteur surgelés (Agen).
En début d’année, la direction a proposé des augmentations de 1 % pour mars et septembre, une prime de 100 euros et, royalement, deux jours de congé exceptionnels pour enfants malades. Les représentants FO ont signé tout de suite, ce que la CGT a refusé de faire. Mi-avril, la direction a décidé d’octroyer une prime de 360 euros aux agents de maîtrise et au personnel administratif. Cela a fait déborder la vase. Suite à une assemblée générale, la grève a été lancée le 15 avril sur le site de Carcassonne. Sur les 140 salariés, seuls les 40 administratifs et une petite dizaine d’ouvriers ne se sont pas joints au mouvement.
Durant neuf jours, les chaînes de productions ont été arrêtées. Devant l’obstination de la direction, les grévistes, qui revendiquent 150 euros, ont décidé de bloquer l’accès au site. Un nouveau dialogue s’est alors instauré et un accord a été trouvé : 60 euros d’augmentation pour tous, une prime d’intéressement en fonction des résultats, une augmentation en octobre si l’inflation est supérieure aux 2 % prévus lors du premier accord. Certes, les 150 euros n’ont pu être obtenus, mais une solidarité nouvelle est née et la direction sait qu’en cas de conflit elle aura face à elle des salariés prêts à aller jusqu’au bout.
Correspondant (Au jour le jour)
* Paru dans Rouge n° 2250, 01/05/2008.
La grève continue chez Coca
Depuis le 17 avril, les salariés du plus important site de production Coca-Cola de France, à Bierne-Socx, près de Dunkerque, sont en grève, avec l’intersyndicale CGT-FO-CFTC-CFDT. La grève a touché aussi les sites Coca-Cola de Marseille, Grigny et Clamart. Les salariés de Bierne-Socx se battent pour une augmentation générale de 6 % et une prime de 80 euros par mois – comme les salariés de Coca-Cola à Marseille, pour compenser l’écart de salaire de 17 % entre la région parisienne et la province – et le paiement des jours de grève. Les rémunérations des plus gros salaires de l’entreprise ont été augmentées de 29 % et le bénéfice estimé du groupe, l’an dernier, sur le seul site de Bierne-Socx, est de 47 millions d’euros. C’est donc légitimement que les salariés revendiquent des hausses de salaire.
La direction ne propose que des miettes : 2,5 % d’augmentation générale, alors que l’inflation se monte pour l’instant à 3,2 %. Le salaire d’embauche n’est que de 1 361 euros brut, soit 1 160 euros net avec la prime de 3x8. Les salariés de Coca-Cola veulent vivre dignement. Le pouvoir d’achat est rongé par la hausse des prix. Il faut donc augmenter les salaires, comme à Marseille !
La direction fait la sourde oreille, préférant assigner en référé six représentants syndicaux et les unions locales CGT, FO, CFDT et CFTC. Le juge a ordonné, lundi 28 avril, de libérer l’accès au site, une décision suivie par les grévistes, qui poursuivent cependant leur grève.
Correspondant (Au jour le jour)
* Paru dans Rouge n° 2250, 01/05/2008.
La santé dans le Finistère
Le 29 mars, le comité de défense du centre hospitalier public de Carhaix (Finistère) a réuni près de 10 000 manifestants pour le maintien du service de chirurgie et de la maternité (lire Rouge n° 2246). Le 24 avril, à Rennes, un proche de Roselyne Bachelot, expliquait à une délégation de plusieurs dizaines de Carhaisiens qu’il n’y avait pas assez d’argent pour soigner les malades décemment. Il a ensuite fait évacuer sans ménagement, par la police, le siège rennais de l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) occupé par les manifestants, provoquant une immense colère et deux blessés.
Le lendemain, 800 personnes étaient rassemblées devant l’hôpital pour dire que le combat continuait. Le reste du Finistère est soumis au même régime, à croire que le projet Larcher et le plan de santé de Sarkozy sont ici en avance. L’ARH a aussi annoncé la fermeture des urgences de nuit de Concarneau, à partir du 1er juin, ainsi que celles de Pont-L’Abbé et de Douarnenez. À Morlaix, l’hôpital public a l’obligation de fermer une partie de sa chirurgie pour accueillir la chirurgie du privé.
À Brest, il est programmé le transfert des allogreffes et de la neurochirurgie pédiatrique vers Rennes. Un prochain rendez-vous est pris, le 17 mai à Brest, en défense du service public hospitalier, par les organisations syndicales, politiques et les différents comités de soutien. Seule la détermination, la mobilisation et l’action pourront faire reculer la destruction annoncée du système de santé public dans le Finistère.
Correspondant (Au jour le jour)
* Paru dans Rouge n° 2250, 01/05/2008.