Il s’agit d’une pièce fondamentale pour terminer la reconstitution du puzzle des atrocités commises par l’unité 731 de l’Armée impériale japonaise durant la Seconde Guerre mondiale.
Un chercheur japonais, Matsuno Seiya, a retrouvé récemment des documents militaires classés top secret, qui détaillent pour la première fois la composition de cette tristement célèbre unité 731. Ils “forment une chaîne complète de preuves”, observait au début de juin le média en ligne hongkongais HK01.
Archivés à la bibliothèque nationale du Japon, ces documents ont été produits en 1940 par le commandement de l’armée du Guandong – nom donné au groupe d’armées de l’Armée impériale japonaise, qui, à partir de 1937, s’est lancé à la conquête de la Chine. Ils comprennent des listes d’officiers supérieurs de l’unité 731. Basée dans le district Pingfang, à Harbin, dans la province du Heilongjiang, cette unité était officiellement appelée “731e unité du département de purification de l’eau et de prévention des épidémies”.
Quatre-vingt-trois ans plus tard, Matsuno Seiya, chercheur au Centre d’études internationales sur la paix de l’université Meiji Gakuin, à Tokyo, les a retrouvés, puis en a transféré une copie en Chine.
Documents militaires top secret
Ces documents, classés “secret-défense” au niveau le plus élevé au Japon, sont extraits d’un “rapport sur les changements structurels de l’armée du Guandong”, où figurent “la structure de la force, les noms et prénoms de ses membres, ainsi que leur titre”, complète Lianhe Zaobao, journal de Singapour.
On y trouve une liste comprenant les noms et titres de 97 personnes, dont le médecin en chef de l’unité, Shiro Ishii, et des responsables de divers départements. Outre les médecins militaires, de nombreux chercheurs en médecine détachés de facultés médicales universitaires sont listés comme “techniciens”.
À l’époque, l’unité 731 était chargée de développer secrètement des armes bactériologiques et de pratiquer des expériences sur des prisonniers, utilisés comme cobayes humains. Après la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, la plupart des documents concernant cette unité ont été détruits.
CCTV, la télévision centrale de la Chine, estime de son côté que c’est la première fois que la composition de l’unité 731 est “confirmée par des documents militaires japonais”.
Pour Matsuno Seiya, la découverte permettra de savoir quelles personnes étaient impliquées dans cette branche de l’Armée impériale japonaise et comment elles ont vécu après la guerre, relate Kyodo News..
L’agence de presse japonaise a également révélé qu’une autre liste importante, concernant des membres de l’unité 100, figure également dans les documents révélés par Seiya. L’unité 100, vue comme une unité spécialisée dans la guerre bactériologique de l’armée japonaise en Chine, est “encore plus mystérieuse que l’unité 731”, selon l’agence japonaise.
Découverte de “bunkers”
Le 25 mai dernier, le South China Morning Post avait déjà rapporté que des archéologues chinois avaient localisé une installation de recherche souterraine de l’unité 731. Selon le quotidien hongkongais, des “bunkers” et des “pièces” souterraines, où des scientifiques militaires japonais auraient mené “des expériences horribles avec des armes biologiques” sur des cobayes humains, du milieu des années 1930 à 1945, dans le nord-est de la Chine, ont été repérés.
Le journal indique que cette installation se trouvait près de la ville de Daqing, dans la province du Heilongjiang, dans le nord-est de la Chine. “Certains des essais les plus horribles ont été menés dans des bunkers souterrains, conçus pour contenir et maîtriser la propagation des agents infectieux”, écrit le journal, en évoquant les “expériences sur des cobayes humains les plus brutales de l’histoire”.
En 2020, Katsuo Nishiyama, professeur émérite de l’université de médecine de Shiga, à l’est de Kyoto, avait déjà rendu publique sa découverte d’un document officiel japonais de 41 pages. Ce document, qui daterait de 1950 ou 1951, affirme qu’une unité militaire de la ville portuaire de Dalian, dans la province du Liaoning, “a été principalement chargée de la recherche et de la production bactériologiques jusqu’à la fin de la guerre”, rapportait alors le journal hongkongais Takung Pao.
Et six ans plus tôt, le gouvernement chinois avait relayé un article de l’agence de presse officielle Xinhua, qui rapportait que des chercheurs chinois avaient réussi à identifier 1 546 victimes des expérimentations sur des humains de l’unité 731.
Si en 2002 le tribunal de Kyoto a reconnu, pour la première fois, qu’une guerre bactériologique avait été menée par l’unité 731, causant de nombreux morts, il a rejeté la demande de dédommagement des plaignants. Quant au gouvernement japonais, il n’a jamais voulu reconnaître officiellement que son armée avait utilisé des êtres humains vivants pour des expériences bactériologiques pendant la guerre.
Zhang Zhulin
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