Deux articles - une page entière dans l’édition du Monde du 9 octobre ! -, pour dénoncer la LCR, son « sectarisme », son « gauchisme bureaucratique », le « culte de la personnalité » autour d’Olivier, c’est pour le moins surprenant. Le titre résume la charge : « Le “parti d’Olivier” efface la vieille LCR. » Passons : tous ceux qui s’intéressent à la Ligue - or, ils sont assez nombreux et c’est visiblement cela le problème ! - jugeront la réalité de ces assertions. Vouloir rejouer la querelle des anciens et des modernes à destination des lecteurs nostalgiques du Monde présente assez peu d’intérêt : l’enjeu est, tout au contraire, de fusionner l’expérience des générations militantes qui ont, depuis 1968, construit la LCR, avec l’enthousiasme des nouvelles générations, qui découvrent l’action politique et sociale à travers la révolte contre un système injuste et mortifère.
Le second article - « Le nouveau parti anticapitaliste au ralenti » - s’efforce de distiller le doute et de suggérer que l’appel lancé par la LCR a toute chance de n’être qu’un pétard mouillé. Certes, écrit Sylvia Zappi, « le calendrier est maintenu »... Mais, en fait, suggère-t-elle, il n’aura que peu de chances d’être tenu. Or, le calendrier annoncé est purement imaginaire. Rétablissons donc les faits : la campagne présidentielle a suscité de nombreuses demandes de contacts avec la LCR. Depuis, certains ont d’ores et déjà rejoint nos rangs, tandis qu’un dialogue s’est ouvert avec d’autres, qui hésitent encore à le faire. Et d’autres encore se déclarent surtout intéressés par la perspective d’un nouveau parti. Le recensement est en cours et le congrès national de la LCR (fin janvier 2008) permettra de faire le point. Ce sera surtout l’occasion, non de « proclamer » un nouveau parti, mais d’en valider la perspective. Car, à la LCR, ce sont les militants qui, à l’issue d’un débat démocratique sans équivalent ailleurs, décident... et font !
Pour autant, sans attendre, ce projet commence à être débattu - avec tous ceux et toutes celles qui sont intéressés - au cours de réunions publiques, lors de fêtes locales de la LCR ou de rencontres avec des collectifs militants (syndicaux ou associatifs) animés par les mêmes préoccupations que nous. Ainsi, au cours de la dernière semaine, des réunions sur ce sujet ont eu lieu à Bordeaux, à Lyon, à Nanterre, dans les Bouches-du-Rhône, etc. Rouge s’efforce d’ailleurs d’en rendre compte régulièrement, chaque semaine.
Dans de nombreuses localités, comme au niveau national, les élections municipales permettront, là encore, de débattre, parmi d’autres thèmes, de la nécessité d’un nouveau parti, qui soit une référence pour les luttes et les mobilisations. Le processus se poursuivra jusqu’à la fin 2008, au niveau départemental et national, ainsi que dans les différents secteurs d’intervention (jeunesse, quartiers, entreprises). Il s’agit, à travers un travail politique dans la durée, sans perdre de temps mais sans, non plus, forcer les rythmes, d’associer réellement tous ceux qui le veulent, bien au-delà de rangs de la LCR, à la construction d’un nouvel instrument qui soit une création collective dont tous se sentent propriétaires. C’est, certes, une démarche inhabituelle, qui implique de rompre avec pas mal de pratiques routinières. Mais c’est cela qui est à la hauteur des enjeux...
RENCONTRE
Dans les Bouches-du-Rhône
Deux initiatives se sont tenues pour débattre des perspectives de la LCR.
L’association Ballon rouge d’Aubagne a invité la LCR à présenter son projet de « nouveau parti ». Depuis deux décennies, l’association a une intense activité politico-sociale à la gauche des forces traditionnelles. Ballon rouge a soutenu en majorité la candidature Bové, bien que, en fin de course, une partie importante de ses membres ait voté pour Besancenot.
Pour cette soirée, la salle était bien remplie : une trentaine de participants. Pour la quasi-totalité des intervenants, il n’y a plus lieu de regarder du côté du PS, et pas plus du côté du PCF, considéré comme « mort », surtout après son quasi-ralliement sans gloire à la candidature à la mairie de Marseille du président du conseil général, Jean-Noël Guérini (PS).
En conséquence, la proposition de la LCR a été jugée « intéressante », « importante » voire « incontournable ». Avec plusieurs questionnements, toutefois. Quel programme est possible pour ce nouveau parti, alors que l’arc idéologique annoncé par Besancenot peut paraître hétérogène ? Est-ce bien un parti qu’il faut bâtir, alors que cette forme paraît « coupée » des réalités ? Portée par des militants très représentatifs des collectifs antilibéraux, cette dernière interrogation recoupe, chez eux, la volonté de poursuivre cette expérience, la jugeant compatible avec le projet de la LCR. Selon eux, ce ne sont pas tant les fondements politiques qui sont en cause - l’antilibéralisme est jugé ambigu et limité, l’anticapitalisme et le refus de l’alliance stratégique avec le PS paraît évident - que la forme.
Enfin, est-on bien certain que la LCR, cette fois-ci, ira jusqu’au bout ? Question qui fait référence aux forums anticapitalistes impulsés par la LCR, au plan local, en 2003 avec un succès notable, mais sans lendemain. Des interrogations donc, avec, au final, une volonté très partagée d’entrer dans « le processus », sans en sous-estimer les difficultés, mais avec la volonté d’aboutir.
Autre débat sur la refondation de la gauche, lors de la fête de la toute jeune section Étang-de-Berre de la LCR (un succès, par ailleurs, avec environ 120 participants). Invités : PRS et le PCF, René Agarrat, des collectifs antilibéraux. Pour le PCF, il est urgent d’attendre, en particulier tant que la LCR se tiendra à « son refus de gérer ». Thème semblable chez PRS, avec explication de la nécessité de rester au PS, tout en s’inspirant de l’expérience allemande. Pour deux des représentants des « collectifs » présents, ce fut une « découverte positive », en entendant qu’il s’agissait pour la LCR d’engager « un processus constituant ». « Se saisir de la proposition », « comprendre l’urgence » furent deux des points de leurs interventions, proches par ailleurs, sur le fond comme sur la forme, de celles de leurs camarades aubagnais.
Correspondant
BORDEAUX
Construire les résistances
Malgré une rude concurrence sportive et artistique, près de 500 personnes ont participé, samedi 6 octobre, à la fête de rentrée de la LCR Gironde, à Pessac, dans la banlieue de Bordeaux.
La fête girondine de la LCR, samedi 6 octobre, avait été précédée de trois rendez-vous : une avant-première, avec invités, du nouveau film de Ken Loach, It’s a free world, et la venue en librairie de nos camarades Laurent Garrouste (autour de son livre, En finir avec la précarité), et Michael Löwy, coauteur de Che Guevara, une braise qui brûle encore. Le public de la fête était composé de sympathisants habitués des initiatives de la LCR 33, mais aussi d’un nouveau milieu, rencontré ces derniers mois lors des campagnes électorales. Il y avait de quoi faire, pendant la fête : forum sur le rôle néfaste des OGM (organisé avec des représentants de la Confédération paysanne et du Comité vigilance anti-OGM 33) ; débat sur la place de la jeunesse dans les luttes et le nouveau parti (en présence d’une cinquantaine de jeunes) ; présence d’associations et de forces politiques multiples avec qui échanger ; rencontre avec des invités locaux à l’espace librairie ; et, bien entendu, tout pour manger, boire et danser.
Deux forums centraux se sont aussi déroulés l’après-midi. Le premier sur la riposte unitaire a réuni, en plus de la LCR, des représentants du PCF et des Verts (après invitation lancée à l’ensemble des partis de gauche et d’extrême gauche...), pour aborder la convergence des mobilisations contre l’offensive gouvernementale, notamment autour de la journée du 18 octobre. Le deuxième, intitulé « Construire un nouveau parti anticapitaliste », avec la participation d’Alain Krivine, a réuni plus de 150 personnes, avec des interventions de personnes se réclamant du PCF. Les questions ont particulièrement porté sur le rôle de la LCR par rapport à ce projet de nouveau parti et la façon dont nous allons nous y prendre ces prochains mois.
Avant le grand repas (200 personnes) et la soirée dansante animée par le Folk’Gang Amadeus, le meeting central s’est ouvert par les interventions de deux invités, le RESF 33 et le Mouvement pour l’accès aux soins, organisateur du forum local contre les franchises médicales, le samedi 29 septembre. Après Fanny, de la section jeune, qui a présenté les débuts d’une mobilisation unitaire sur les facs bordelaises contre la loi sur l’autonomie des universités, Isabelle a, au nom de la LCR 33, dénoncé la fermeture annoncée de Solectron, l’un des principaux sites industriels de la région, passé en quelques années de 4 000 salariés à tout juste 500. Après avoir condamné la politique du gouvernement Sarkozy, Alain Krivine a développé le projet de la LCR : construire dans l’unité la plus large les résistances sociales (à l’opposé du comité fantoche Riposte), et affirmer notre perspective d’un nouveau parti anticapitaliste, pour lequel il a appelé l’ensemble du public présent à le construire avec nous.
Emmanuel Bichindarit
GRENOBLE
Fête de rentrée
Samedi 29 septembre, la LCR Isère a tenu sa fête de rentrée. Après avoir manifesté contre la franchise médicale dans les rues de Grenoble, près de 250 personnes se sont retrouvées pour discuter et débattre avec les militantes et militants de la LCR. Un public dans lequel se trouvaient des camarades de Lutte ouvrière, du PCF ou du milieu associatif, mais également beaucoup de jeunes et de nouveaux sympathisants.
Au programme : des ateliers sur la politique anti-immigrés du gouvernement Sarkozy-Fillon et la casse de notre système de protection sociale. Puis, ce fut l’intervention de notre camarade Alain Krivine, centrée sur l’analyse de la situation politique et sociale, sur la nécessité de construire une vaste mobilisation à même de faire reculer le Medef et la droite au pouvoir, et sur notre proposition de construction d’un parti anticapitaliste, outil indispensable pour celles et ceux qui veulent en finir avec cette société. L’intérêt pour cette proposition ne s’est pas démenti. Le débat, très riche, a porté sur les contours de ce nouveau parti anticapitaliste, sur les institutions, sur le Parti socialiste et sur la question des alliances.
Autant de questions que l’on va continuer à discuter et auxquelles il faudra apporter des réponses précises, car l’exigence de celles et ceux qui veulent nous rejoindre dans cette expérience de reconstruction d’une perspective anticapitaliste est grande.
Le débat organisé par la LCR Isère, vendredi 12 octobre, apportera des éléments de réponse, grâce à la venue de notre camarade italien Franco Turigliatto, en affirmant la nécessité de construire un parti afin de « révolutionner la société » et en tirant les leçons de l’expérience italienne.
Enfin, la fête et les discussions se sont poursuivies autour d’un apéritif et d’un repas particulièrement chaleureux, le tout accompagné de musique. En somme, une bonne journée militante, combative et conviviale, qui en annonce bien d’autres.
Correspondant