Pour plusieurs médias algériens, l’imminence d’une intervention militaire pour déloger les putschistes nigériens ne fait pas l’ombre d’un doute, près d’un mois après le coup d’État contre le président, Mohamed Bazoum. C’est toutefois le conditionnel qu’emploie à sa une le quotidien francophone algérien Le Soir d’Algérie, mardi 22 août, avec une photo des membres de la garde nationale nigérienne les armes à la main, à bord d’un pick-up :
“Des développements graves pourraient survenir au Niger. La guerre y serait imminente… appuyée par la France et le Maroc, alors que l’Algérie refuse d’offrir son espace aérien à tout avion engagé dans une intervention militaire contre Niamey.”
L’armée française dément
Pour LSA, “Paris et Rabat sont lourdement impliqués” dans cette intervention annoncée. Selon des informations diffusées lundi soir par les autorités algériennes, l’Algérie aurait en effet rejeté la “demande” de Paris d’ouvrir son espace aérien à l’armée française, en prévision de frappes contre les putschistes nigériens. Un refus qui aurait obligé les Français à faire la même demande à Rabat, avec cette fois une réponse positive.
Selon le quotidien algérien, qui cite en témoignage des vidéos d’internautes, des avions militaires français auraient contourné l’Algérie en passant par le Maroc et auraient été vus en direction du Tchad.
De son côté, l’état-major français a aussitôt répondu, dans une déclaration à l’agence de presse britannique Reuters, qu’il n’avait pas soumis la moindre requête de survol du territoire algérien. Aucune source officielle ne confirme par ailleurs que des avions militaires français ont utilisé l’espace aérien marocain. Le site d’information marocain Le 360 n’hésite pas à qualifier l’information relayée par la presse algérienne de “fake news” pour “dénigrer” encore une fois le Maroc :
“À supposer même que la France aurait sollicité le survol du Maroc par ses avions militaires pour attaquer le Niger, cela signifierait que ces appareils allaient survoler aussi la Mauritanie et le Mali avant d’arriver au Niger. […] Or, du fait des relations tendues entre Paris et Bamako et du soutien du gouvernement malien à la junte nigérienne, il est inconcevable que les avions français puissent survoler le territoire malien dans une telle conjoncture.”
Méfiance algérienne
Depuis le coup d’État, le 26 juillet, l’Algérie s’est clairement montrée hostile à une intervention militaire, assurant privilégier la voie diplomatique pour ramener à la raison la junte, alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) menace d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Selon un communiqué de presse diffusé mercredi, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, “entame à partir de ce mercredi des visites de travail dans trois pays membres de la Cedeao, le Nigeria, le Bénin et le Ghana”, rapporte le site d’information algérien TSA. Les concertations auront pour but de trouver “une solution politique qui évitera à ce pays et à la région tout entière les retombées d’une éventuelle escalade de la situation”, assure le communiqué.
Malik Ben Salem
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