Tokyo, correspondant
Pour la première fois en cinq ans, des inspecteurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) se sont rendus, jeudi 28 juin, sur le site nucléaire nord-coréen de Yongbyon, à une centaine de kilomètres au nord-est de Pyongyang, afin de superviser la désactivation du réacteur qui a servi à produire le plutonium utilisé pour l’essai nucléaire d’octobre 2006 et de discuter la mise en place d’un système de surveillance de son arrêt effectif.
Le retour en République populaire démocratique de Corée (RPDC) des inspecteurs de l’agence de l’ONU, arrivés à Pyongyang le 26 juin, marque la première étape de la mise en œuvre de l’accord multilatéral du 13 février sur la dénucléarisation du pays. Selon le ministre des affaires étrangères sud-coréen, Song Min-soon, la fermeture du complexe est désormais une « question technique » et « elle sera effective dès que possible ».
« Nous sommes prêts à mettre en œuvre l’accord du 13 février conformément au principe action contre action », a déclaré à Pyongyang le porte-parole du ministère des affaires étrangères dans un communiqué diffusé par l’agence officielle de presse, KCNA. De son côté, Washington a minimisé la signification d’un tir de missiles nord-coréens de courte portée intervenu, mercredi, en mer du Japon : qualifié de « troublant », il est mis au compte d’« exercices de routine ».
SCEPTICISME AU JAPON
Les inspecteurs de l’AIEA avaient été expulsés de la RPDC à la fin de 2002 lorsque Pyongyang décida de sortir du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) à la suite de la décision de Washington de mettre fin à l’accord de 1994, qui avait permis le « gel » de la production nord-coréenne de plutonium sous la surveillance de l’agence onusienne, arguant d’un programme d’enrichissement de l’uranium poursuivi clandestinement par le régime.
Cette fois, les inspecteurs de l’AIEA ont été invités par Pyongyang à revenir afin de discuter des modalités de fermeture de son complexe nucléaire. Il ne s’agit pas d’une « inspection » mais d’une « prise de contact », a déclaré Olli Heinonen, directeur général adjoint de l’AIEA, qui dirige le groupe des cinq inspecteurs.
La fermeture de la centrale de Yongbyon a été différée en raison des tergiversations américaines pour restituer à la RPDC 25millions de dollars (près de 19millions d’euros) bloqués dans une banque à Macao. Intervenue la semaine dernière, la restitution de cet argent qui, selon le Trésor, proviendrait d’activités illégales, a été immédiatement suivie de l’annonce par le régime qu’il était prêt à passer à la concrétisation de la première phase de l’accord de février.
Salué à Washington comme un « premier pas positif », le retour en RPDC des inspecteurs de l’AIEA fait suite à la récente visite à Pyongyang du négociateur américain, Christopher Hill, qui confirmait la volonté des Américains de reprendre le dialogue avec un régime placé dans l’« axe du Mal » et avec lequel l’administration Bush refusait toute négociation directe jusqu’au début de 2007.
En échange de la fermeture du complexe de Yongbyon, la RPDC devrait recevoir 50 000 tonnes de fioul et 900 000 tonnes supplémentaires après la désactivation de tous ses programmes nucléaires. Cette seconde partie des engagements nord-coréens sera plus difficile à négocier. Il faudra tout d’abord pour l’AIEA vérifier la quantité exacte de plutonium extrait par la RPDC. La centrale de Yongbyon aurait produit depuis la fin des années 1980 cinquante à soixante kilogrammes de plutonium, selon les estimations américaines.
Second problème : le programme d’enrichissement d’uranium qu’aurait poursuivi la RPDC. Le régime a toujours nié avoir eu un tel programme. Christopher Hill exige que « la lumière soit faite sur cette affaire ». Pyongyang s’est contenté de déclarer que cette question devait « être réglée de manière satisfaisante pour les deux parties ».
Au Japon, les commentateurs sont sceptiques sur un dénouement rapide de la crise. Ils estiment que Washington est désormais trop pressé de trouver une solution et que le régime de Pyongyang, qui en est conscient, ne renoncera pas facilement à l’arsenal atomique.
L’AIEA « satisfaite » après sa visite du principal complexe nucléaire nord-coréen
LEMONDE.FR avec AFP | 29.06.07 | 11h18 • Mis à jour le 29.06.07 | 11h45
Les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) se sont déclarés, vendredi 29 juin, « satisfaits » de leur visite à Yongbyong, le principal complexe nucléaire nord-coréen en opération. Le directeur général adjoint de l’AIEA et chef de la délégation, Olli Heinonen, a indiqué que les inspecteurs avaient été autorisés à visiter « tous les endroits » du site de Yongbyon qu’« ils voulaient voir » et a qualifié d’« excellente » la coopération de la Corée du Nord.
« Nous sommes allés à l’usine de fabrication de combustible, au laboratoire radiochimique – ce qu’ils appellent l’usine de retraitement –, puis au réacteur de 50 mégawatts en construction et enfin au réacteur de 5 mégawatts », a détaillé M. Heinonen. Ces installations « sont en fonctionnement. Nous n’en sommes pas encore au point de la fermeture, cela reste encore à venir ».
LA VISITE DE L’AIEA : UN PREMIER PAS
Invités par le régime communiste, afin de discuter de la fermeture du réacteur de Yongbyong qui produit du plutonium, cette visite des inspecteurs de l’AIEA constitue le premier déplacement en Corée du Nord de l’AIEA depuis décembre 2002, date à laquelle ils avaient été expulsés par les autorités de Pyongyang.
Le réacteur de Yonbgyong, qui date de l’ère soviétique, doit, dans un premier temps, être fermé, puis être complètement désactivé en même temps que l’ensemble des programmes nucléaires du Nord, conformément à l’accord multilatéral, signé le 13 février à Pékin, par lequel la Corée du Nord s’est engagée à se dénucléariser.