• Vous êtes en grève depuis cinq semaines, comment la grève a-t-elle démarré à Citroën Aulnay ?
Philippe Julien - La grève a démarré spontanément sur une chaîne de l’atelier du montage, immédiatement après la distribution d’un tract CGT qui annonçait ce qu’avaient gagné les ouvriers de Magnetto. Magnetto, c’est l’atelier d’emboutissage de l’usine vendue par PSA il y a trois ans. Là-bas, c’est parce que les ouvriers en avaient marre de leurs bas salaires et de la pression qu’ils subissaient qu’ils se sont mis en grève. En quatre jours, ils obtenaient 130 euros d’augmentation, cinq jours de congés supplémentaires (dont la journée de « solidarité ») et l’embauche de 10 intérimaires en CDI sur les 40 de l’atelier. Cela a mis le feu aux poudres chez Citroën car, tout d’un coup, avoir une augmentation de salaire un peu conséquente devenait possible.
• Comment êtes-vous organisés ?
P. Julien - Un comité de grève d’une centaine d’ouvriers a été mis en place pour diriger la grève. Il se réunit durant une heure deux fois par jour et, ensuite, les décisions sont adoptées en assemblée générale. Cela permet d’organiser la grève dans l’unité à la fois syndicale et des salariés. De cette manière la grève devient une école d’apprentissage pour tout le monde, y compris pour moi. Cela me convient bien sur le plan de mes conceptions syndicales et correspond à mes convictions politiques en tant que militant de Lutte ouvrière.
• Quelles sont les actions du comité de grève ?
P. Julien - Nos actions sont multiples. Dès le début, nous nous sommes adressés aux autres salariés des entreprises. D’abord celles du groupe PSA, en allant à 150 chez Gefco à Survilliers, à 300 à Citroën Saint-Ouen, puis à 400 chez Peugeot Poissy. Nous sommes allés aussi à la Servair et devant de nombreuses entreprises. Nous avons aussi rendu visite à de nombreuses municipalités et même au conseil régional.
• Comment les 500 grévistes tiennent-ils malgré les intimidations de la direction ?
P. Julien - Nos revendications - 300 euros d’augmentation, un salaire minimum de 1 500 euros, l’embauche des 700 intérimaires, la retraite pour les 600 travailleurs de plus de 55 ans - correspondent à la fois à des besoins réels dans l’usine et à ce que vivent bien des travailleurs de ce pays, c’est ce qui en fait la force. Partout, le bon accueil de ces revendications a renforcé la détermination des grévistes.
• La direction a ouvert les premières discussions après quatre semaines de grève...
P. Julien - Effectivement, depuis le début de la grève, la direction joue la partition habituelle du « je ne négocierai jamais ». Mais cette grève commence à lui coûter cher, tant sur le plan financier que politique. Plusieurs débrayages ont eu lieu dans le groupe PSA, ce qui ne s’était pas produit depuis longtemps. Et puis, il y a aussi les grèves des sous-traitants. Plus la grève dure, plus elle démontre la détermination des 500 travailleurs en grève et la force des revendications que nous mettons en avant, ce qui finit par poser un gros problème à PSA.
• Quelles sont vos prochaines échéances ?
P. Julien - Eh bien, c’est d’obliger la direction à lâcher. Pour cela, je pense que le comité de grève va continuer sur sa lancée, d’une part en faisant vivre la grève sur l’usine (notamment par les soutiens qu’elle rencontre de la part des ouvriers qui ne sont pas en grève) et d’autre part, à populariser notre grève à l’extérieur en cherchant à développer tous les soutiens possibles de la part des responsables politiques et, bien sûr, auprès des salariés des autres entreprises. Le soutien actif est fondamental, mais aussi financier. C’est pour cela que nous organisons, avec le concours de l’UD CGT de Seine-Saint-Denis, un gala de soutien le 14 avril, de 14 heures à 18 heures, au gymnase Henri Wallon à Bobigny. Venez-y nombreux.
* Pour le soutien financier , les chèques à l’ordre de « CGT PCA Aulnay » peuvent être adressés : CGT PSA, boulevard André-Citroën, 93 600 Aulnay-sous-Bois.