« On est déterminés, PSA va craquer ». C’était un des slogans de la manifestation du samedi 24 mars, qui a rassemblé, entre Barbès et République, plus d’un millier de salariés de Citroën-Aulnay et de soutiens venus de Peugeot-Poissy, de Renault-Flins, de l’imprimerie Quebecor à Torcy, occupée par les salariés qui s’opposent à la fermeture de leur entreprise, de DHL à Blanc-Mesnil, de la CGT 93. On comptait également des militants de Lutte ouvrière (dont Arlette Laguiller), de la LCR (dont Alain Krivine) et quelques élus du PCF. Un immense encouragement pour les grévistes, en lutte depuis un mois pour les salaires, les conditions de travail et les embauches. Cette manifestation prouve que les salariés non grévistes de Citroën, présents dans le cortège, sont solidaires.
C’est la meilleure réponse que les grévistes pouvaient adresser à leur direction, qui les harcèle. Chaque fin de semaine, celle-ci envoie à chacun un récapitulatif du nombre d’heures non travaillées et du salaire perdu. La direction, qui continue de refuser toute ouverture de négociation, s’est fendue d’un petit discours, afin d’expliquer à chaque gréviste que le mouvement ne s’est pas étendu aux autres sites du groupe, et que la direction a ouvert avec la CFE-CGC, la CFTC, FO et le SIA, des négociations sur les conditions de travail, auxquelles ont refusé de participer la CGT, SUD et la CFDT, qui soutiennent la grève. En revanche, « aucune négociation ne peut être ouverte sur les salaires, les départs en préretraite, l’embauche des intérimaires ou le paiement des heures de grève ». Conclusion de la direction : cette grève est « sans espoir ».
Ce n’est pas ce que pensent les grévistes, à Aulnay, qui ont reçu le soutien de trois candidats à la présidentielle (Besancenot, Buffet, Bové). De nombreux élus locaux, démarchés par le comité de grève, ont accordé un soutien à la caisse de grève, mais ils ont aussi promis des aides individuelles aux grévistes résidant dans leur localité. Surtout, dans les entreprises où ils sont invités par des équipes syndicales, sur les marchés de Seine-Saint-Denis, devant le Carrefour d’Aulnay, les grévistes rencontrent chaleur et soutien financier.
Cette grève pose des questions qui touchent tous les salariés, du privé comme du public, les jeunes confrontés à la précarité et à l’angoisse de l’avenir, les anciens qui aspirent à une retraite décente. C’est ce qui fait peur à la direction de PSA et, derrière elle, au Medef, à la préfecture et au gouvernement. Les grévistes prennent conscience de cet enjeu, et ils sont bien décidés à ne pas « lâcher l’affaire ». D’autant que la semaine du 26 mars commençait bien, avec la condamnation de Citroën par le tribunal de Bobigny, pour avoir utilisé des intérimaires à la place des grévistes. Et mardi 27 mars, les salariés de Leer à Lagny, qui fabriquent les sièges des C2 et C3, se sont mis en grève pour des augmentations de salaire. PSA va devoir payer.
* Paru dans Rouge n° 2198 du 29 mars 2007.
Citroën : populariser la grève
Les grévistes de Citroën Aulnay entament leur quatrième semaine de grève (lire « Rouge » n° 2197 du 15 mars, article reproduit ci-dessous), avec la même détermination. Cette grève, si elle gagnait, servirait d’exemple, et le patronat fait tout pour la briser. À nous de renforcer la solidarité.
« Après tout ce qu’on a déjà fait, on ne peut plus reculer », dit un jeune gréviste du site Citroën d’Aulnay. La direction fait tout pour miner le moral du noyau de 500 grévistes actifs. Elle exerce des pressions sur les intérimaires et les non-grévistes pour qu’ils viennent travailler le week-end et s’acharne à faire redémarrer le montage 1, bastion des grévistes, bloqué depuis le début de la grève. Avec un résultat pitoyable car, par exemple, des éléments du modèle C2 ont été montés sur des modèles C3, et chaque voiture sortante devra donc repasser au montage, autant d’argent perdu par la direction. Pour Citroën, reculer reviendrait à céder non seulement aux 500 grévistes mais aux 85 000 salariés du groupe PSA. Pourtant, 300 euros pour tous, les grévistes l’ont chiffré, coûteraient environ 275 millions d’euros, soit presque deux fois moins que ce qui a été dépensé pour fermer l’usine PSA de Righton en Grande-Bretagne. Mais c’est l’ensemble des patrons qui ne peut envisager une telle victoire des salariés, particulièrement en période électorale.
Les grévistes se disposent pour tenir. Après avoir essayé d’étendre le mouvement sur le groupe : la journée de grève sur PSA, mardi 13 mars, a été suivie par quelques centaines de travailleurs de différents sites, mais sans que la grève fasse tache d’huile. Les grévistes s’organisent pour faire connaître leur lutte par tous les moyens. Aux changements d’équipes, ils s’adressent tous les jours aux salariés de PSA avec le journal de la grève, édité par le comité de grève. Ils reçoivent la sympathie des salariés, en particulier celle des intérimaires qui savent que les grévistes se battent pour eux (une quarantaine d’intérimaires fait partie des grévistes). Les salariés versent aux collectes pour la caisse de grève. Une manifestation s’est rendue au siège de PSA mardi 13. Des grévistes se rendent partout où ils ont l’opportunité de se faire entendre. Ils ont ainsi rencontré d’autres grévistes comme les ouvrières de Chanel à Pantin, qui se battent contre les licenciements, ceux de Servair, qui se battent parce qu’ils n’en peuvent plus des humiliations et du flicage. Ils ont rencontré des salariés d’entreprises, comme à Saint-Denis, à Renault Rueil, devant EDF Pleyel. Ils ont été sur les marchés de Seine-Saint-Denis pour faire connaître la grève et appeler à la solidarité financière. En deux jours, ils ont récolté 15 000 euros.
Dans cette mobilisation, des centaines de travailleurs sont en train de se transformer en militants, discutent avec les médias, les responsables politiques et l’ensemble de la population.
Cathy Billard
- Solidarité financière : chèques à l’ordre de « CGT PSA Aulnay », à envoyer à PSA, Boulevard André-Citroën, 93 600 Aulnay-sous-Bois.
* Paru dans Rouge n° 2198 du 22 mars 2007.
Citroën Aulnay : 300 euros d’augmentation
Les salariés de l’usine Citroën d’Aulnay (Seine-Saint-Denis) sont en grève depuis le 28 février, pour obtenir 300 euros d’augmentation salariale. Ce mouvement a été déclenché suite à la victoire des salariés d’un sous-traitant de Citroën.
Lancée le 28 février à l’initiative de travailleurs qui venaient d’apprendre que les 360 salariés de Magneto (société sous-traitante de Citroën) avaient gagné, en six jours de grève, 100 euros net d’augmentation de salaire et cinq jours de congés supplémentaires, la grève des salariés de Citroën, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) s’est élargie. Mardi 13 mars, les salariés ont manifesté devant le siège social de PSA à Paris, afin de demander l’ouverture de négociations salariales, dans le cadre d’un appel à la grève sur l’ensemble du groupe. Entre 400 et 500 grévistes actifs se relaient sur le site. Un comité de grève, ouvert à tous les grévistes, a été élu. Deux fois par jour, il se réunit afin de préparer les assemblées générales décidant des actions.
Les grévistes continuent de bloquer entièrement une chaîne de montage, et la deuxième chaîne tourne au ralenti, du fait du manque de pièces (conséquence d’une grève partielle des salariés de Gefco Survilliers, la plateforme logistique alimentant Citroën), mais aussi parce que la direction a recours à des intérimaires pour remplacer les grévistes (au mépris du respect du droit de grève) et que l’encadrement des seuls chefs (même à deux sur le dos de chaque intérimaire) ne permet pas de faire le travail. Sur les 1 500 voitures produites chaque jour, presque 1 000 ne sont pas assemblées. Quant à celles qui sortent, elles sont invendables.
Pour les grévistes, l’objectif de la semaine a été de faire connaître leur mobilisation, à commencer par les salariés des autres sites de Citroën. Mardi 6 mars, 300 grévistes se sont rendus à l’usine de Saint-Ouen et ont réussi à défiler dans l’usine. Le lendemain, ils ont accueilli Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, venus leur apporter leur soutien. Les journalistes qui suivaient les deux candidats ont pu constater l’enthousiasme et la détermination des grévistes. Jeudi 8 mars, 450 grévistes se sont rendus à Poissy, le plus gros site de la région parisienne (plus de 700 salariés). Ne pouvant entrer dans l’entreprise, ils ont profité du changement d’équipes pour faire connaître leur mobilisation et les appeler à se joindre à la lutte en faveur des 300 euros pour tous. De retour à Aulnay, ils pensaient trouver Marie-George Buffet, qui avait annoncé sa venue, mais la secrétaire nationale du PCF s’est décommandée au dernier moment, Salon de l’agriculture oblige... Enfin, vendredi 9 mars, l’union départementale de la CGT a organisé un rassemblement de soutien avec des salariés de DHL, de la zone de Roissy, mais aussi de Plaine-Commune.
Dans cette campagne électorale, une lutte pour une augmentation de salaire à même de récupérer ce que les actionnaires se sont mis dans la poche aux dépens des salariés ces dernières années, c’est déjà un pavé dans la marre. Citroën ne veut pas faire de vagues mais, pour les grévistes, la coupe est plus que pleine, parce qu’avec leurs salaires, on ne peut pas vivre. À Citroën, il n’y a pas d’avenir, alors ils sont bien décidés à tenir. L’enjeu est donc d’organiser la solidarité avec les grévistes. La première forme de solidarité consiste à faire connaître partout cette lutte qui résume ce qui est vital pour le monde du travail aujourd’hui : 300 euros pour tous, l’embauche des 700 intérimaires présents sur le site, le départ à la retraite des 600 salariés de plus de 55 ans usés par une vie à la chaîne, l’arrêt des humiliations et des brimades, la diminution des cadences et le paiement des jours de grève.
Cathy Billard
* Paru dans Rouge n° 2197 du 15 mars 2007.
Citroën : Grève pour les salaires
À Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les salariés de Magneto ont repris le travail le 28 février, après six jours de grève, avec un sentiment de victoire. Ils ont en effet obtenu 100 euros net d’augmentation des salaires, cinq jours de congés supplémentaires pour le temps de déshabillage, le maintien du lundi de Pentecôte, l’embauche de dix intérimaires (cinq choisis par la direction et cinq par le syndicat, ce qui a permis l’embauche des intérimaires grévistes), la majoration de la prime de nuit passée de 15 % à 16,5 %, la validation des acquis et la reconnaissance des compétences par des organismes extérieurs à l’entreprise, et enfin le paiement intégral des jours de grève avec l’engagement qu’il n’y ait aucune sanction.
Magneto, c’est l’atelier d’emboutissage de Citroën, passé il y a trois ans à un sous-traitant mais toujours sur le site de Citroën Aulnay, seul donneur d’ordres. Les 300 salariés de Magneto ont reçu le soutien des militants CGT de PSA, qui ont immédiatement fait connaître le succès des grévistes. Le 28 février, dans l’équipe d’après-midi, des groupes de salariés de PSA ont décidé de débrayer, « si Magneto a gagné sur les salaires, pourquoi pas nous ? » Ils ont réussi à bloquer complètement le montage 1, et à gagner à la grève des noyaux dans les équipes de nuit et du matin. Sur le montage 2, deux chefs par poste encadrent des intérimaires pour essayer de sortir des voitures en empêchant les grévistes de venir discuter avec eux.
Des assemblées générales de grévistes ont élu un comité de grève, composé de syndiqués de la CGT, de la CFDT et de SUD, ainsi que de non syndiqués, et ont voté les revendications : 300 euros net d’augmentation pour tous, salaire d’embauche à 1 525 euros, embauche des 700 intérimaires, départ à la retraite pour les 600 travailleurs de plus de 55 ans, baisse des cadences et des charges de travail, suppression du travail le samedi, paiement intégral des heures de grève. Vendredi 2 mars, une centaine de grévistes de Citroën a rencontré les salariés de GEFCO à Survilliers, plateforme qui gère l’alimentation en pièces de Citroën où la grève a démarré.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2196 du 8 mars 2007