Le visage de Brenton Tarrant, l’auteur des massacres commis le vendredi 15 mars dans deux mosquées du centre de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, apparaît brièvement à l’écran tandis qu’en fond sonore retentit Serbia strong, une musique militaire issue d’une vidéo de propagande antimusulmane. Les cheveux châtains coupés ras, en tenue de camouflage sombre et les mains gantées de mitaines militaires, l’homme de 28 ans vient d’allumer une caméra fixée à son casque pour filmer l’attaque qu’il s’apprête à commettre. « Que la fête commence », dit-il.
Dix-sept minutes plus tard, 41 corps jonchent le sol de la mosquée Al-Noor. Au total, cette fusillade et la seconde, perpétrée dans une autre mosquée, dans la banlieue de la ville, ont fait 49 morts et 90 blessés. C’est la pire tuerie de masse en Nouvelle-Zélande depuis 1943. Parmi les quatre personnes arrêtées l’après-midi des faits, une femme a été relâchée, deux hommes ont été placés en garde à vue et Brenton Tarrant a été inculpé de meurtre, le soir même. Il a comparu samedi matin devant le tribunal du district de Christchurch. L’Australien de 28 ans, qui n’a pas demandé de libération sous caution, sera convoqué pour une prochaine audience devant la justice le 5 avril.
Il avait mûri son attaque pendant deux ans. Le détachement et la détermination froide dont il a fait preuve pendant toute la durée de la tuerie, qu’il a diffusée en direct sur Facebook Live, ont glacé d’effroi les survivants.
Il est 13 h 40 quand l’assaillant sort de son véhicule armé d’un fusil semi-automatique de type AR-15, et pénètre dans la première mosquée située dans le centre-ville de Christchurch. Comme dans le jeu vidéo de combat en ligne Fortnite, auquel il avait ironiquement fait référence dans un « manifeste » publié en ligne quelques heures plus tôt, il tire sur tout ce qui bouge, sans épargner les enfants. A plusieurs reprises, il recharge son arme avant d’aller en chercher une autre dans sa voiture. De retour dans la mosquée, il achève les blessés qui agonisent au sol, puis s’enfuit.
« Je suis un monstre de volonté »
Alors que le monde découvre peu à peu les faits, les habitants de Grafton, une ville australienne à quelque 600 kilomètres au nord de Sydney, apprennent sidérés que le tueur a longtemps été leur voisin. Dans cette petite ville côtière où réside une partie de sa famille, personne n’aurait imaginé Brenton Tarrant, fils d’une professeure d’anglais et d’un triathlète amateur aux revenus modestes, capable d’une telle boucherie.
Décrit comme timide, discret et sympathique, celui qui fut pendant quelques années instructeur de fitness était notamment connu pour son engagement auprès des jeunes du quartier, à qui il donnait des cours gratuits. Néanmoins, une face plus sombre de sa personnalité apparaissait déjà sur la Toile. « Je suis un monstre de volonté, j’ai seulement besoin d’un objectif ou d’un objet à atteindre », écrivait-il sur les réseaux sociaux dès 2011. Dans son manifeste, il a également raconté les errements idéologiques de sa jeunesse, du communisme à l’écofascisme en passant par l’anarchisme et le libertarianisme.
La mort de son père, atteint d’un cancer, en 2010, a semble-t-il fait basculer la vie du sportif. Il a quitté Grafton et voyagé en Nouvelle-Zélande, en Asie du Sud-Est, en Corée du Nord et au Pakistan. Mais c’est son séjour en Europe, en 2017, qui donnera un tournant radical à sa trajectoire. Durant ce voyage, trois choses le marquent profondément.
« Spécificités »
D’abord la mort d’une fillette de 11 ans en Suède, en avril 2017, dans un attentat au camion-bélier. Bouleversé, il écrit dans son manifeste : « Je ne pouvais plus tourner le dos à la violence. Quelque chose, cette fois, était différent. » En France, il assiste à la défaite au second tour de la présidentielle de Marine Le Pen, ce qui lui ôte toute croyance « en une solution démocratique ». Enfin, toujours dans l’Hexagone, il a l’impression que le pays est submergé par les « envahisseurs » : il utilise ce terme pour désigner des immigrés qui menacent, craint-il, de remplacer les peuples européens, selon une théorie popularisée par l’essayiste d’extrême droite français Renaud Camus [1].
Brenton Tarrant qui se qualifie désormais de « raciste », d’« ethnonationaliste » ou encore de « fasciste », repart vers les antipodes persuadé qu’il faut « faire quelque chose ». Il préparera ses attaques pendant deux ans en Nouvelle-Zélande.
Dans ce pays comme en Australie, où le terroriste présumé fait l’objet d’une enquête, il n’était pas connu des services de renseignement. « Il présente des spécificités par rapport aux individus appartenant à l’extrême droite locale, explique le politologue Joshua Roose. Son discours est beaucoup plus ancré dans le contexte européen. Néanmoins, ils ont en commun de concentrer leur attention sur l’immigration musulmane. »
Dans son manifeste, le terroriste affirme ne pas avoir été influencé par ses compatriotes. « Je n’avais jamais entendu parler de lui », dit également Blair Cottrell, l’une des principales figures de l’extrême droite locale. « Ces attaques sont monstrueuses et elles nous portent préjudice. Les médias essaient de nous faire porter le chapeau », dénonce également celui que les journalistes locaux qualifient de néonazi.
« Notre législation va changer »
Depuis un peu plus d’un an, les experts affirment que les groupuscules d’extrême droite gagnent en visibilité sur l’île-continent, même s’ils restent extrêmement marginaux. « Les services de renseignement avaient déjà entrepris de les surveiller tout en consacrant l’essentiel de leurs moyens à la mouvance islamiste radicale. Désormais, ils vont sans doute leur prêter beaucoup plus d’attention », estime Joshua Roose.
En Nouvelle-Zélande, c’est la législation sur les armes à feu qui pose question. L’auteur présumé des fusillades disposait d’un permis de port d’armes et a notamment utilisé deux fusils semi-automatiques durant l’attaque. « Ce que je peux vous dire, c’est que notre législation sur les armes va changer », a déclaré samedi la première ministre Jacinda Ardern, ajoutant que les fusils semi-automatiques pourraient être interdits.
Brenton Tarrant a quant à lui d’ores et déjà annoncé qu’il plaiderait non coupable de ces fusillades, qu’il avait présentées comme des actes de résistance face à une « force occupante ».
Isabelle Dellerba (Sydney, correspondance)
• Le Monde. Publié le 16 mars 2019 à 10h34, mis à jour à 06h04 :
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/16/l-itineraire-radical-du-terroriste-de-christchurch_5437061_3210.html
« L’auteur de l’attaque se reconnaît comme fasciste »
L’historien spécialiste de l’extrême droite, Nicolas Lebourg, revient sur le manifeste publié par le terroriste présumé de l’attaque meurtrière de mosquées à Christchurch.
Après l’attaque terroriste contre deux mosquées à Christchurch, vendredi 15 mars, l’historien Nicolas Lebourg revient sur le « manifeste » publié par le suspect, un Australien de 28 ans. Le chercheur associé au Centre d’études politiques de l’Europe latine publiera en mai Les Nazis ont-ils survécu ? (Seuil, 320 p., 20 €).
Lucie Soullier – Le titre de ce manifeste, « Le grand remplacement », semble se référer à la théorie de l’écrivain français d’extrême droite Renaud Camus…
Nicolas Lebourg : Le terme « grand remplacement » est bien de Renaud Camus, mais le thème n’est pas de lui. On le voit apparaître dans les années 1946-1948 dans la presse de René Binet, un trotskiste devenu waffen SS pendant la seconde guerre mondiale. L’idée de Binet, qui est un raciste enragé, est que les juifs veulent détruire l’Europe par l’immigration, en y « important » des peuples non européens. Pour lui, c’est le dernier plan de domination du judaïsme.
Mais cette théorie va rester très underground jusqu’au 11 septembre 2001. Arrive alors la mutation que représente Renaud Camus en France : il enlève la causalité juive, et la thématique devient « mainstream ». Il a d’ailleurs défait toute la partie nazifiante de cette théorie au même moment où Marine Le Pen bâtit sa « dédiabolisation ». C’est-à-dire au moment où on est sortis du XXe siècle.
Comment caractériser ce manifeste ?
L’auteur se reconnaît comme fasciste et cite Oswald Mosley comme personnage essentiel. Mosley a été ministre travailliste, puis leader de l’union britannique des fascistes, Churchill le fait interner… et après la seconde guerre mondiale, Mosley arrive à l’idée qu’il faut partager le monde selon les « races ». Il se reconnaît toujours dans le fascisme mais considère désormais que la question centrale est d’empêcher le métissage racial et la promiscuité inter-ethnique. On retrouve cette idée dans ce manifeste.
Le terroriste présumé de Christchurch serait donc davantage séparatiste que suprémaciste ?
C’est ce que moi j’appelle l’affirmationnisme blanc. C’est l’affirmation de la fierté de la race blanche, de la préservation de son identité biologique et culturelle, etc. Mais l’idée de la suprématie ne les intéresse pas tellement. Ce qui compte pour eux, c’est d’empêcher la promiscuité raciale, de fermer complètement et de créer une poche homogène blanche. Le but n’est plus de créer un empire intercontinental où il faut organiser la domination blanche, mais de créer son village blanc, uniquement blanc.
Un village qui semble très connecté à Internet…
En effet, on est sur une synthèse idéologique assez extrême. Il appelle son texte « grand remplacement » et cite Mosley, mais il y a aussi des références à la pop culture ! Il va même jusqu’à écrire que le plus important pour la lutte raciale, c’est Internet. Il est complètement adapté au XXIe siècle. De même qu’il rompt avec la question de l’antisémitisme et du nazisme, il sait que l’enjeu n’est plus que les gens lisent Mein Kampf mais de bien réussir un mème sur Internet.
Est-ce le plus inquiétant, cette diffusion du discours radical ?
Le plus inquiétant est résumé dans l’exemple de Marine Le Pen, lorsqu’il écrit que son échec à la présidentielle de 2017 l’a décidé à passer à l’action. Cela montre que ces gens que l’on a bien chauffés à blanc à coups de discours radicaux et de mèmes Internet, finissent par trouver qu’elle ne sert à rien, que les élections non plus et qu’il ne reste que l’action terroriste. Et ça, c’est inquiétant.
Propos recueillis par Lucie Soullier
• Le Monde. Publié le 15 mars 2019 à 17h37 - Mis à jour le 15 mars 2019 à 17h37
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/03/15/attaque-en-nouvelle-zelande-le-plus-important-pour-la-lutte-raciale-selon-le-suspect-c-est-internet_5436816_823448.html
Ce que contient le « manifeste » rédigé par le suspect
Dans un document de 74 pages, l’Australien de 28 ans explicite ses motivations terroristes, inspirées du Norvégien Anders Breivik, auteur d’une tuerie massive en 2011.
Un « homme blanc normal, venant d’une famille normale », obsédé par ce qu’il qualifie de « génocide blanc » perpétré par des « envahisseurs ».
Voilà comment se présente, dans un « manifeste » de 74 pages publié sur Twitter, le suspect de l’attentat islamophobe qui a fait au moins 49 morts et 20 blessés graves, vendredi 15 mars, dans deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch.
Dans ce document didactique très référencé présenté sous forme de questions-réponses, l’Australien de 28 ans explicite ses motivations terroristes, inspirées du Norvégien Anders Breivik, auteur d’une tuerie ayant causé la mort de 77 personnes en 2011. Il y dévoile une idéologie hybride, mêlant suprémacisme, racialisme, ethno-nationalisme, éco-fascisme… « On y trouve tous les symptômes [de la radicalité d’extrême droite], même les facultatifs », résume l’historien spécialiste de l’extrême droite Nicolas Lebourg.
Un symbole radical donne le ton : le soleil noir, qui trône en couverture. Le même que celui tracé par Himmler sur le sol du château de Wewelsburg, quartier général de la SS en Westphalie allemande, et devenue une référence très courante dans les milieux néonazis.
Un appel à la guerre civile
D’emblée, le directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès, Jean-Yves Camus, a été frappé par « le caractère machiavélique de sa présentation » et par le choix « réfléchi et pervers » du lieu de l’attentat. « Il veut montrer qu’il n’existe aucun endroit sur terre qui échappe au “grand remplacement”, donc il choisit le symbole même du bout du monde pour montrer à quel point le processus de submersion migratoire qu’il décrit est avancé. »
Le terroriste présumé ne s’en cache d’ailleurs pas dans son propre manifeste : « Un attentat en Nouvelle-Zélande attirerait l’attention sur la vérité de l’assaut contre notre civilisation, que nulle partie du monde n’est en sécurité, les envahisseurs se trouvant dans tous nos pays, même dans les régions les plus reculées du monde. »
Et les plus radicaux ont bien compris la démarche. Daniel Conversano, youtubeur français se présentant lui-même comme « facho décomplexé », a ainsi réagi à l’attaque meurtrière par ce message sur Twitter : « Saviez-vous qu’il y a des mosquées jusqu’en Nouvelle-Zélande ? On me l’a appris ce matin. »
Outre attiser un sentiment d’insécurité et de terreur, l’auteur du manifeste avance l’autre – et certainement la principale – ambition de son geste : créer un effet d’entraînement et, donc, provoquer la guerre civile.
Soit exactement le scénario évoqué et craint par Patrick Calvar, l’ancien patron français de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Devant les députés de la commission défense, en 2016, il expliquait ainsi que « les extrémismes montent partout, et nous sommes, nous, services intérieurs, en train de déplacer des ressources pour nous intéresser à l’ultradroite, qui n’attend que la confrontation ». Il était même allé jusqu’à affirmer, devant les députés de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 13-Novembre, la même année, que la France était « au bord d’une guerre civile ».
Couverture du manifeste rédigé par l’Australien suspecté d’avoir commis l’attentat en Nouvelle-Zélande, le 15 mars.
Les motivations du suspect australien viennent valider ses inquiétudes quant aux objectifs du terrorisme d’extrême droite. Son passage à l’acte a en effet pour but, selon ses propres mots, « d’inciter à la violence, aux représailles et au clivage entre le peuple européen et les envahisseurs qui occupent actuellement le sol européen », et de « montrer l’effet de l’action directe, éclairant la voie à suivre pour ceux qui souhaitent suivre ».
Tout au long des 74 pages de sa profession de foi raciste et ultraviolente, il appelle notamment, en lettres majuscules, à « combattre » les « envahisseurs », entendus comme les non-Blancs, à « tuer votre PDG local anti-Blanc » et menace à de nombreuses reprises les immigrés, comme dans cette brutale adresse aux « Turcs » : « Fuyez sur vos propres terres, tant que vous en avez encore la possibilité. »
Discours nativiste et « grand remplacement »
Le discours nativiste anglo-saxon mettant en avant la nécessité de préserver la population blanche WASP irrigue l’ensemble du manifeste, et ce dès les premiers mots de l’introduction, répétés comme une prière : « Ce sont les taux de natalité. Ce sont les taux de natalité. C’est les taux de natalité. »
Cette harangue nativiste combinée à sa haine du « melting-pot » le conduit à réaffirmer sans cesse son combat contre ce qu’il nomme le « génocide blanc ». Dès le titre, l’extrémiste se réfère donc à la théorie du « grand remplacement », très populaire à l’extrême droite, qui imagine la substitution des « peuples européens » dits « de souche » par l’immigration.
Une théorie partagée par le terroriste présumé de Christchurch, qui en ressasse de nombreuses définitions tout au long des 74 pages. « La crise de l’immigration de masse et la fécondité des remplaçants est une attaque contre le peuple européen qui, si elle n’est pas combattue, aboutira au final au remplacement racial et culturel complet du peuple européen », affirme-t-il dans son document.
Et l’extrémiste australien s’appuie en grande partie sur un pays, exemple selon lui de ce « grand remplacement » en marche : la France.
La place de la France
Il explique en effet avoir traversé en « touriste » une partie du pays, et avoir tiré des paysages français l’un des « déclics » de son passage à l’acte. « Dans chaque ville française, dans chaque village français, les envahisseurs étaient là », assène-t-il.
Dans son esprit, la France fait déjà figure de « pays occupé », « envahi par les non-Blancs », et la « farce des solutions politiques proposées » aurait fini de le convaincre qu’un attentat en Nouvelle-Zélande serait donc la solution.
Le terroriste présumé évoque en effet un deuxième événement déclencheur dans son basculement : l’élection présidentielle en France en 2017, et surtout son duel du second tour. Il y décrit Emmanuel Macron comme un « mondialiste, capitaliste, égalitariste, un ex-banquier d’investissement sans autre aucune conviction nationale que la recherche du profit ».
Sans avoir davantage de respect pour Marine Le Pen et son parti – « complètement incapable de créer un réel changement et sans aucun plan viable pour sauver leur nation » –, il confesse toutefois avoir mis quelques espoirs dans la victoire de ce qu’il qualifie de camp « quasi nationaliste » et perdu sa « foi en une solution démocratique » lorsque « l’internationaliste, globaliste anti-Blanc, ex-banquier, a gagné ».
Suprémaciste, séparatiste, affirmationniste blanc
Sans nul doute, ce manifeste est celui d’un « affirmationniste blanc » pour qui « la question centrale est d’empêcher le métissage racial », peut-être même davantage que d’affirmer la supériorité de la « race » blanche, selon l’historien Nicolas Lebourg.
Les codes désormais mondialisés du suprémacisme blanc n’y sont toutefois pas absents. L’auteur inscrit ainsi à plusieurs reprises la devise des quatorze mots du néonazi américain David Lane, tirée de son « Manifeste du génocide blanc » : « Nous devons assurer l’existence de notre race et un futur pour les enfants blancs. »
Se définissant comme « principalement ethno-nationaliste », il revendique même son racisme dans plusieurs formules limpides : « Je crois que les différences raciales existent entre les peuples » ; « Il y avait une composante raciale à l’attaque. »
Fascisme et/ou nazisme
S’il se réclame également du fascisme – et même de « l’éco-fascisme » –, le terroriste présumé refuse d’être qualifié de « nazi ». « Les nazis actuels n’existent pas », assure-t-il, préférant brandir Oswald Mosley, figure fasciste britannique, comme « personne de l’histoire la plus proche de [s]es croyances ».
Stéphane François, historien spécialiste de l’extrême droite radicale et chercheur associé au Groupe sociétés, religions, laïcités (CNRS, EPHE, PSL), nuance : « La grande difficulté pour ces milieux est d’opter pour un discours radical tout en évitant l’appellation infamante de nazisme. Mais avec son soleil noir, son discours nativiste, sa composante écologique… Quoiqu’il en dise, son discours reprend des éléments néonazis sans aller “jusqu’au bout” », c’est-à-dire sans la dimension antisémite, centrale dans le nazisme.
Alors « antisémite » ? « Non », répond-t-il à sa propre question. Du moins, encore une fois, tant que chacun reste « chez soi ». Car après avoir affirmé qu’un « juif vivant en Israël » n’était pas son « ennemi », l’extrémiste australien précise promptement : « tant qu’il ne cherche pas à subvertir ou à nuire à mon peuple ». Un « peuple » européen, blanc et chrétien.
Lucie Soullier
• Le Monde. Publié le 15 mars 2019 à 16h59, mis à jour hier à 03h25 :
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/03/15/attaque-terroriste-en-nouvelle-zelande-ce-que-contient-le-manifeste-redige-par-le-suspect_5436779_823448.html