Michel est né dans une famille de militants ouvriers et trotskystes. Encore jeune, il a commencé à militer dans les jeunesses néo-démocrates en Ontario et dans la League for Socialist Action trotskyste.
Il est arrivé au Québec en 1964, pour refonder le mouvement trotskyste qui avait disparu après la deuxième guerre mondiale. Il s’est intégré rapidement à la gauche québécoise et participe à l’ensemble de ses débats. Il a participé à la fondation du Mouvement de libération populaire et a collaboré à la rédaction de son manifeste. Il a également été de la construction du Parti socialiste du Québec.
Un militant impliqué dans le mouvement de masse
Durant ces mêmes années, il a milité dans le mouvement étudiant et a été un des principaux animateurs de la mobilisation en Sciences. Pendant la vague d’occupation en 1968, il s’est opposé au spontanéisme de l’Union générale des étudiants du Québec dirigée par Claude Charron auquel il a opposé une perspective de généralisation des comités d’action locaux et la centralisation des actions. Cette position restera minoritaire mais permettra (en même temps qu’une propagande plus générale sur les perspectives socialiste) de recruter toute une nouvelle couche de militants à la Ligue des jeunes socialistes et de donner un second souffle au mouvement trotskyste au Québec.
Il a été candidat de la Ligue des Jeunes socialistes dans le comté du ministre de l’éducation unioniste. Cette campagne électorale a permis de consolider les gains de son organisation dans l’intervention en milieu étudiant. Ce type de participation électorale de la gauche extraparlementaire innovait à l’époque.
En 1969, il s’est engagé dans la lutte linguistique qui était alors un facteur de radicalisation à connotation anti-impérialiste, lutte dans laquelle est alors impliquée la majorité des forces de la gauche québécoise. Ce mouvement, inévitablement charriait des scories anglophones et xénophobes. Il a mené une lutte contre ces courants dans le cadre du mouvement plus large . À St-Léonard, lors d’une manif, il est parvenu à faire enlever les pancartes s’en prenant aux Italiens et aux Anglais. Dans la lutte contre le bill 63, il a joué un rôle clé dans la coordination des forces de gauche (Ligue socialiste ouvrière, Front de libération population, Mouvement syndical politique, Comité indépendance et socialisme, Comité ouvrier St-Henri...). Il insiste sur la nécessité de maintenir un cadre unitaire et de généraliser la formation de comité de mobilisation locaux. Il a été le principal responsable du service d’ordre de la manifestation de 30 000 personnes contre le bill 63 qui s’est tenue sur la colline parlementaire.
Durant les mesures de guerre en 1970, il a échappé de peu aux premières vagues d’arrestation. Il a participé à la fondation du Comité québécois pour la défense des libertés, une des premières organisations avec le Mouvement de défense des prisonniers politiques à organiser des teachs-in et des manifestations contres les mesures de guerre et pour la libération des prisonniers emprisonnées.
En 1971-72, il a été permanent à la CSN. Il est investi dans la préparation du front commun. Il sera des actions syndicales les plus militantes comme l’occupation de postes de radio.
Un militant occupant le terrain de la lutte théorique
Pendant toute cette période, il a élaboré et a défendu des positions originales dans l’organisation trotskyste canadienne (la League for Socialiste Action/Ligue socialiste Ouvrière) sur la question nationale québécoise. Il a lutté activement pour que son organisation adopte une position clairement indépendantiste, autour d’une perspective, largement inspirée d’un mot d’ordre du grand révolutionnaire irlandais James Connely, la République des travailleurs.
Se battant contre une série de glissement droitier dans son organisation, Michel est amené à fonder en 1972, le Groupe marxiste révolutionnaire, comme groupe sympathisant de la Quatrième Internationale. Il a travaillé à former alors un noyau des militantes et de militants marxistes révolutionnaires. Partisan d’un marxisme ouvert et dogmatique, il insiste pourtant sur l’importance d’assimiler les classiques du marxisme : « avant de réviser l’orthodoxie, aime-t-il à répéter, il fut commencer par la connaître ».
Un internationaliste conséquent
Michel Mill plaça ses activités internationalistes au centre de sa vie. Il a été du combat solidaire contre l’intervention américaine au Vietnam et participe activement à la construction de ce mouvement. La première campagne politique du Groupe marxiste révolutionnaire qu’il avait fondé fut de se mobiliser en soutien à la résistance chilienne contre la dictature de Pinochet. À la fin des années 70, il était aussi des mouvements de solidarité avec la luttes des peuples du Nicaragua et du Salvador.
Le soutien aux luttes de libération nationale a toujours mobilisé ses énergies car ces luttes nourrissaient sa détermination à mener ce travail ici même. Passionné par ses luttes, ayant accumulé une information encyclopédique sur ces dernières, il pouvait compter sur grand talent de conteur pour nous faire comprendre la réalité des luttes nationales dans différentes parties du monde : que ce soit les minorités nationales de l’ex-Urss, les luttes de la résistance palestinienne et les débats dans le mouvement anti-apartheid en Afrique du sud.
Une autre axe de son combat politique, fut la lutte pour l’indépendance de classe. Dans les articles que l’on peut lire dans le bulletin « La lutte ouvrière » durant les années 60, dans la Taupe rouge, Combat socialiste, Lutte ouvrière..., dans les tribunes qu’il a multiplié à différentes périodes, par son travail dans le mouvement syndical, par ses contributions dans les débats de la gauche, Michel Mill s’est toujours fait le défenseur conséquent de la rupture avec tout soutien aux partis bourgeois et pour la construction d’un parti politique de la classe ouvrière. Cette lutte pour l’indépendance politique du mouvement ouvrier reste l’obstacle reste la voie essentielle pour en finir avec les politiques de concertation qui, aujourd’hui encore, musèlent les forces et les énergies du mouvement ouvrier.
Révolutionnaire internationaliste, Michel Mill a été très actif pour aider les marxistes révolutionnaires du Canada-anglais et des États-Unis à se structurer et à résister aux pressions à toutes sortes de dérives qu’exercent une société comme la société américaine sur celles et ceux qui veulent résister à sa logique de nivellement.
Révolutionnaire internationaliste, militant et dirigeant de la Quatrième Internationale, Michel a soutenu et défendu avec conséquence et esprit de suite, la nécessité pour les révolutionnaires de s’organiser à l’échelle internationale, tant pour améliorer leur compréhension de la dynamique de développement de la situation internationale que pour renforcer la capacité d’agir effectivement. C’est cette qui conviction qui l’a amené à rejoindre notre organisation après quelques années, durant les années 80, où il avait continué son travail politique en dehors de notre courant.
Conscient de l’expérience accumulée, malgré qu’il était encore au début de la cinquantaine, le sachant malade, on avait souhaité qu’il se concentre sur l’écriture et la formation. Sans négliger ce travail, il devait concentrer ses énergies à favoriser à un travail de rapprochement et, éventuellement de regroupement de différentes composantes de l’extrême-gauche dans l’État canadien tout en continuant son implication militante dans le travail de solidarité internationaliste. Construire le parti, construire le mouvement. Pour lui, le travail politique devait combiner ces deux tâches indissolublement. L’une nourrissait l’autre et réciproquement. Michel Mill fit de cette double lutte, l’essentiel de toute sa vie. Et cela, on ne l’oubliera pas !
* Je remercie le camarade Léon Peillard pour ses notes que j’ai intégralement reprises dans la première partie de cet article.