Au Japon « la situation est sous contrôle ». C’est ce qu’a eu le culot d’affirmer Marc Comina, le directeur romand de l’officine de propagande patronale Farner sur les ondes de la radio romande, le 14 mars.
Au même moment, l’institut français de radioprotection et de sécurité nucléaire faisait état d’un « rejet très important de radioactivité dans l’environnement », tandis que les explosions se suivent dans les réacteurs japonais.
Vingt cinq ans après Tchernobyl, c’est au prix d’une catastrophe dont on ne peut imaginer la portée sans une dose majeure d’effroi, que s’impose, urgente, la nécessité de sortir du nucléaire.
Mais si on avait pu imputer Tchernobyl à l’incurie et aux technologies soviétiques, c’est dans un des pays les plus scrupuleux en matière de procédures et à la pointe de la technologie que l’accident survient. Dès lors, c’est toute la filière nucléaire que remettent en cause les réacteurs en fusion au Japon.
Les propos de Comina l’attestent, les nucléocrates ne vont pas renoncer à leurs projets. Et pour cause ! Le premier feu vert donné le 15 novembre par l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire à la construction de trois nouvelles centrales à Gösgen, Beznau et Mühleberg est synonyme de bénéfices énormes pour leurs promoteurs, Axpo, les FMB et Alpiq.
Ainsi, après la suspension du programme nucléaire suisse décidée ce lundi, ils reviendront à la charge. De propos lénifiants en dénégations tonitruantes, d’évocation du retour à la bougie en expertises sophistiquées relayés par des journalistes objectivant leurs opinions, rien ne nous sera épargné, pour justifier la reprise du programme nucléaire.
Déjà, on ergote sur la cause de l’accident japonais : tremblement de terre ou tsunami ? Distinguo important, prétend-t-on. Car, si c’est la grosse vague la cause, la Suisse étant à l’abri de tout risque de tsunami, elle le serait aussi de celui d’une explosion comme à Fukushima. CQFD !
L’appareil de propagande est en marche. Des centaines de Comina vont s’y mettre, tandis que le lobby électrique, grâce à la ministre de l’énergie Doris Leuthard, pèsera de tout son poids. Il faut de toute urgence allumer les contre-feux.
Les rassemblements de cette semaine sont un premier pas, important. Mais insuffisant. « Manifester silencieusement notre consternation et notre compassion » comme le propose Greenpeace, certes ! Mais pour « qu’un changement de paradigme intervienne dans la politique énergétique », « l’espoir », exprimé par Greenpeace, n’est de loin pas suffisant.
Les autorisations des nouvelles centrales doivent être retirées. Car, aussi infinitésimaux soient-ils, les risques atomiques ont une portée inversement proportionnelle.
Contrairement aux tremblements de terre et aux tsunamis, on peut les éviter.
Pour cela, la mobilisation est nécessaire. Pour sortir du nucléaire.
Et d’un mode de production qui sacrifie au profit la vie sur de vastes parties de cette Terre.
Paolo Gilardi