Il aura fallu attendre 25 ans pour que, suite à une procédure de consultation, le Conseil fédéral adopte en septembre 2009 son message relatif à la loi fédérale sur la prévention et la promotion de la santé (LPrév) ; elle vise notamment à la mise en place d’un centre public national de compétence afin d’« améliorer le pilotage, la coordination et l’efficacité des mesures de prévention, de promotion de la santé et de détection précoce, et de contribuer ainsi au renforcement de la prévention et de la promotion de la santé en Suisse » (Message du CF, 30 septembre 2009). Actuellement examinée par la commission ad-hoc du Conseil national, elle est fortement contestée et globalement rejetée par Santésuisse, l’Association suisse d’assurances, l’ensemble des associations patronales, de même que l’UDC et l’UDF.
L’UDC à l’offensive
Depuis 2003, et le lancement de son initiative pour « baisser les primes » en démantelant l’assurance de base, l’UDC se fait le champion de « la responsabilité individuelle » en matière de santé. Elle vient même de proposer la suppression du principe de l’assurance obligatoire votée en 1996, attaquant de front la solidarité entre les assuré·e·s, au seul profit de la logique marchande des assurances maladies complémentaires.
La même logique est à l’œuvre, rappelons-le, dans le refus systématique de la prise en charge de mesures préventives, et sa remise en cause du catalogue des prestations de l’assurance de base, dans des traitements ou interventions médicales, y compris récemment les avortements.
Les patients coupables : vraiment ?
Ce discours néo-conservateur très offensif vise à culpabiliser les patient·e·s souffrants de diverses pathologies somatiques ou psychiatriques, comme le montre clairement la suppression pure et simple de leur droit aux prestations de l’AI.
Nouvelle cible de cette droite décomplexée : les patient·e·s souffrant d’obésité. Reconnu par l’OMS comme un problème majeur de santé publique, l’obésité atteint près de 20 % de la population européenne. En Suisse, un quart des enfants et un tiers des adultes présentent une surcharge pondérale. L’idée de pénaliser cette importante partie de la population traverse jusqu’aux rangs du parti Radical-Libéral.
Alors que notre état de santé est déterminé très largement par des facteurs socio-professionnels, (comme vient de le reconnaître l’OMS) qui creusent les inégalités sociales dans la santé, la droite cherche à nous rendre individuellement responsable, en dissimulant les causes sociales réelles de la dégradation de la santé de la population. Relevons ensemble le défi en démasquant les vrais responsables de cette triste évolution !
Gilles Godinat