Les troupes de l’OTAN, hors d’Afghanistan
Comuniqué du NPA
Barack Obama a donc annoncé l’envoi de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan, s’ajoutant aux 117 000 déjà présents, en invoquant la menace d’Al-Quaïda, la sécurité des USA et l’ « intérêt national vital ». A ce mensonge d’état, dans la continuité de Bush, le prix Nobel de la paix en ajoute un autre, la promesse d’une intervention brève.
Comment le croire alors que depuis 8 ans que la guerre d’Afghanistan dure, les effectifs des troupes d’occupation n’ont cessé d’augmenter ? Comment le croire alors qu’Hamid Karzaï, l’homme de main des USA, s’est imposé pour se faire réélire président par la fraude et que, lui et son gouvernement, pratiquent la corruption généralisée, corruption alimentée par les troupes d’occupation et l’aide des ays de l’OTAN ?
Qui peut croire que les Usa et leurs alliés veulent défendre la démocratie et la liberté ?
Loin de préparer un retrait rapide des troupes, l’escalade militaire décidée par Obama prépare un enlisement supplémentaire et une régionalisation du conflit en lien avec le Pakistan, allié des USA.
N. Sarkozy s’est empressé de saluer un « discours courageux, déterminé et lucide », réaffitmant l’engagement e la France, laissant entendre que son gouvernement pourrait répondre favorablement à la demande d’Obama alors que déjà près de 4 000 soldats français participent à cette sale guerre.
La situation dramatique du peuple afghan ne peut qu’être aggravée par la fuite en avant militaire décidée par Obama et le Pentagone.
Les renforts envoyés par Obama augmenteront la facture de la guerre de 30 milliards de dollars, et Sarkozy s’est déjà engagé à apporter la contribution de la France, facture qui sera payée par les peuples.
Cette guerre de l’OTAN n’a rien à voir avec la démocratie et la paix.
Le NPA, hostile à l’escalade militaire, exige les retrait des troupes de l’OTAN d’Afghanistan.
Le 2 décembre 2009.
Le piège afghan
Malgré sa réélection, Karzaï est affaibli. Les USA et leurs alliés sont entraînés dans le scandale de la fraude et de la corruption.
Karzaï vient d’être proclamé président d’Afghanistan suite à l’annulation du deuxième tour de l’élection présidentielle, après le retrait de son seul rival Abdullah Abdullah qui n’avait reçu aucune garantie contre une nouvelle fraude massive. Le roi est nu, sans crédibilité ni légitimité, champion de la fraude et de la corruption. Mascarade qui ridiculise les prétentions démocratiques des USA et de leurs alliés. Karzaï avait bien tenté de se faire proclamer élu dès le premier tour grâce à une fraude massive connue de tous.
Devant le risque de voir leur mise en scène électorale totalement discréditée, les USA l’ont obligé à accepter un deuxième tour, qui est devenu le deuxième acte de la farce électorale organisée pour le compte des armées d’occupation par leur fantoche même. Fantoche qui a pris ses commanditaires à leur propre jeu pour s’imposer en créant une situation de crise qui ruine les prétentions de la nouvelle stratégie Obama.
À peine Karzaï désigné, on apprenait que son frère, déjà impliqué dans le trafic d’opium dans le sud du pays, était payé par la CIA depuis des années. En fait, ce que les chefs de l’Otan appellent « l’Afghanisation » de la guerre, c’est la corruption généralisée. L’argent déversé dans le pays sert par mille et un canaux à alimenter la corruption sous toutes ses formes, pour acheter les services des seigneurs de guerre dont les troupes d’occupation ont besoin, pour acheter les combattants ou talibans « repentis », etc. Et aujourd’hui Obama se paie le ridicule de demander à sa marionnette d’agir « bien plus sérieusement » contre la corruption alors qu’il sait très bien que sa politique même en est à l’origine à tous les niveaux de l’État, avec Karzaï en principal organisateur et bénéficiaire.
C’est au nom de cette politique cynique qu’Obama et ses alliés demandent aux soldats américains, anglais, allemands, français… de sacrifier leur vie. Le nombre de soldats tués ne cesse d’augmenter : 56 Américains au cours du mois d’octobre, le mois le plus meurtrier pour les États-Unis depuis le début de la guerre, il y a huit ans. Brown, le Premier ministre britannique, s’indigne et en rajoute. Il déclare qu’il n’est pas question de risquer la vie de ses hommes pour un gouvernement, « qui ne se dresse pas contre la corruption. » Mais il ne lui vient pas à l’idée de retirer les troupes alors que l’opposition à la guerre s’amplifie en Grande-Bretagne.
Les grandes puissances sont prises à leur propre piège. Leur politique est un échec qui ne leur laisse pas de porte de sortie. Le chef des troupes de l’Otan, Stanley McChrystal, réclame l’envoi de nouveaux renforts, entre 10 000 et 40 000 hommes. Le secrétaire général de l’Otan, Rasmussen,
exhorte les Européens à faire plus. Obama hésite, consulte, diffère sa décision, mais il ne pourra, d’une façon ou d’une autre, que se plier aux exigences des militaires, la fuite en avant, au risque d’entraîner toute la région, dont le Pakistan, dans la guerre et une crise aiguë.
Yvan Lemaitre
* Paru dans Hebdo TEAN n° 30 (12/11/09).
Bourbier afghan
L’élection présidentielle afghane du 20 août n’a été qu’une fraude grossière. Le président sortant, Hamid Karzaï, serait élu avec 54 % des voix mais 15 % des bulletins sont considérés comme douteux.
Cela met dans un très grand embarras les puissances occidentales dont les armées occupent le pays « pour rétablir la démocratie ».
Le bourbier militaire devient aussi politique. Après celui des talibans (ethnie pachtoune), un nouveau front pour le retrait des troupes étrangères risque de s’ouvrir avec celui des partisans déçus du candidat Abdullah Abdullah (ethnie tadjik et azara). Nicolas Sarkozy persiste dans le maintien des 3 250 militaires français engagés en Afghanistan pour « lutter contre la barbarie », une lutte qui se mène avec les techniques « civilisées » de bombardement de villageois et de leurs enfants.
Un sondage du mois d’août montre que 64 % des Français y sont opposés. Développons la mobilisation internationale de solidarité avec le peuple afghan pour le retrait de toutes les troupes.
* Paru dans Hebdo TEAN n° 22 (17/09/09).
Afghanistan : la fraude des marionnettes de Washington....
Le montage de l’élection présidentielle se retourne contre les puissances qui l’ont organisé. Le nouveau pouvoir, corrompu, ne peut tenir que sous la protection des forces armées américaines et de leurs alliés.
Selon les derniers résultats partiels, portant sur 35 % des bulletins de vote et publiés le 29 août par la commission électorale mise en place par le président sortant Hamid Karzaï, ce dernier obtiendrait 46,2 % des suffrages contre 31,4 % à son rival et ancien chef de la diplomatie, Abdullah Abdullah.
Si ces résultats se confirmaient, un deuxième tour devra être organisé en octobre. Cela suffit pour que Karzaï accuse l’émissaire américain, Richard Holbrooke, d’avoir agi en coulisses à son détriment pour qu’un second tour ait lieu. Aveu cynique que ce sont bien les Américains qui tirent les ficelles, qu’il n’est que leur marionnette !
Abdullah Abdullah dénonce « une fraude massive », le « bourrage des urnes ». Selon les données officielles, il n’y aurait que douze millions d’Afghans en âge de voter et pourtant, à l’issue de la campagne d’inscription électorale, on recensait dix-sept millions d’électeurs ! Aujourd’hui, la commission électorale n’est pas en mesure de donner le chiffre précis du nombre d’électeurs. Mais, dans l’ensemble, la participation électorale aurait été, en fait, très faible en particulier à l’est et au sud, entre 10 et 20 %.
Les pressions et menaces des talibans d’empêcher les élections n’ont pu s’exercer que parce qu’elles s’appuyaient sur l’écœurement de la population devant l’impuissance du pouvoir, la corruption, le trafic de drogue, la violence d’une guerre de plus en plus meurtrière.
Quels que soient, au final, les résultats officiels, même si, comme c’est le plus probable, Karzaï l’emporte, une crise politique est en cours. « Le même régime qui a organisé cette fraude massive sera imposé à l’Afghanistan pour cinq années supplémentaires », dénonce Abdullah Abdullah pour justifier ses propres ambitions. « En plus de tous les problèmes qu’ont ce gouvernement et cette administration, il y aura leur illégitimité ».
La mascarade démocratique organisée par les troupes d’occupation, cette « imposture » dénoncée par les talibans, aboutit à l’opposé du but recherché. Loin de légitimer l’occupation et le pouvoir afghan fantoche, elle contribue à les discréditer encore plus.
C’est, de toute évidence, un échec de la politique d’Obama contraint, à plus ou moins court terme, de franchir une étape de plus dans l’intensification de la guerre. C’est d’ailleurs l’essentiel du discours tenu par le Premier ministre britannique, Gordon Brown, le 29 août, aux troupes britanniques auxquelles il a promis des renforts en hommes et en matériel. Une fuite en avant, qui a coûté la vie à déjà plus de 200 soldats britanniques, plus qu’en Irak.
La guerre est ainsi de plus en plus impopulaire en Angleterre comme aux Etats-Unis. Il n’y a pas d’issue pour les peuples d’Afghanistan, pour la démocratie que le retrait de toutes les troupes d’occupation.
Yvan Lemaître
* Paru dans Hebdo TEAN n° 20 (03/09/09)