Vingt-trois opposants birmans, arrêtés lors des manifestations de septembre 2007 contre le régime militaire, auraient été condamnés, mardi 11 novembre, à 65 ans de prison chacun, lors d’une audience spéciale qui s’est tenue à huis clos à la prison d’Insein, dans la banlieue de Rangoun.
L’information a été donnée à la presse par la famille de l’un des condamnés, sous couvert de l’anonymat. Nyan Win, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l’opposante et Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi (assignée à résidence), a confirmé qu’au moins 14 opposants avaient été condamnés mardi à 65 ans de prison chacun.
En Thaïlande, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques birmans (AAPP) précise, de son côté, que 14 des condamnés appartenaient à un groupe d’anciens étudiants de la Génération 88, qui avaient été à l’avant-garde d’un soulèvement écrasé par les militaires en 1988. On avait alors compté 3 000 morts. En août 2007, le groupe de la Génération 88 avait déclenché de nouvelles manifestations à Rangoun après la décision des autorités d’augmenter massivement les prix des carburants. Des dizaines d’opposants avaient été arrêtés.
Le mois suivant, des moines bouddhistes avaient pris la tête du mouvement de protestation, brutalement réprimé par les autorités, faisant au moins 31 morts, selon un enquêteur des Nations unies.
Parmi les condamnés, mardi, figurent Nilar Thein et son époux Ko Jimmy. Selon Amnesty International, Nilar Thein avait dû abandonner sa fille - un bébé de quatre mois - lorsqu’elle était entrée dans la clandestinité après les manifestations d’août 2007. Nilar Thein a été arrêtée en septembre, après un an de fuite.
Autre membre connu de la Génération 88, Mie Mie - de son vrai nom Thin Thin Aye - figure aussi parmi les condamnés, selon Nyan Win.
« La condamnation de ces (anciens) étudiants à de lourdes peines d’emprisonnement pour avoir exprimé une simple volonté (de changement) met en lumière le manque de droits de l’homme en Birmanie », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la LND.
Lundi, un célèbre blogueur birman, Nay Phone Latt, qui avait été arrêté en janvier, a été condamné à vingt ans de réclusion. Nay Phone Latt avait utilisé son blog comme forum de discussions sur les difficultés de la vie quotidienne en Birmanie, notamment les coupures d’électricité et la montée des prix.
Un poète, Saw Wai, avait lui été condamné à deux ans de prison pour avoir diffamé l’Etat dans un poème crypté qui avait fait référence au chef de la junte, le généralissime Than Shwe.
En revanche, le journaliste U Win Tin, qui était le plus ancien détenu politique, avait été libéré, le 23 septembre, après dix-neuf ans de prison.
La Birmanie compterait à l’heure actuelle plus de 2 000 prisonniers politiques, selon Amnesty International. - (AFP, Reuters.)