Le parti d’extrême-gauche tenait ce weekend son université d’été, placée sous le signe de la transformation en Nouveau Parti Anticapitaliste
Alain Krivine, figure de 68 et fondateur, voici 40 ans, de la Ligue Communiste Révolutionnaire, est ravi : « C’est un beau succès, une étape est franchie dans la construction du Nouveau parti anticapitaliste ». La LCR a tenu ce weekend à Port-Leucate, dans l’Aude, ce qui devrait être sa dernière université d’été.
Le parti trotskiste doit en effet disparaître en janvier 2009 pour fusionner dans une formation plus large, pour l’instant appelée « Nouveau Parti Anticapitaliste » (NPA). Pour ce faire la LCR a réuni partout en France des comités chargés de définir la ligne de cette nouvelle formation, qui doit se rêve en pôle de rassemblement de la gauche de la gauche.
Alain Krivine l’assure, « le saut n’est pas seulement numérique, mais qualitatif ». Selon lui, « les participants viennent d’une autre culture, pour beaucoup ce sont des jeunes des banlieues ». Mais si les militants trotskistes promettent que la LCR ne tiendra pas les rênes du NPA, ils restent l’ossature de cette formation.
Et le discours d’Olivier Besancenot, encore sacré par un récent sondage CSA meilleur opposant à Nicolas Sarkozy derrière le maire de Paris, Bertrand Delanoë, est resté peu ou prou le même. « Nous creusons le même sillon : continuer à paraître comme les opposants les plus efficaces à la politique de Nicolas Sarkozy et du Medef », assure l’ex-candidat à la présidentielle, qui veut « faire apparaître une alternative politique crédible au gouvernement » actuel.
Manifester pour le retrait des troupes d’Afghanistan
Olivier Besancenot a exhorté ses troupes à une rentrée active. « La possibilité est réunie pour qu’objectivement on puisse remporter des victoires sociales », a-t-il lancé, évoquant « l’exaspération sociale », les licenciements « en cascade » alors que « les marges de manœuvre du gouvernement ont fondu ». « La situation à la rentrée peut « devenir rapidement explosive », et « la flamme peut se déclarer à n’importe quel moment », promet-il.
Et de revenir aux fondamentaux : « Il y a du grabuge en perspective parce que le capitalisme et les capitalistes français sont en train de craquer. Ce qu’il leur faudrait, c’est une bonne vieille révolution ».
Un sujet, notamment, préoccupe le jeune leader d’extrême-gauche : l’Afghanistan. « Nous proposons à toute la gauche de se voir au plus tôt pour organiser une manifestation et réclamer le retrait des troupes françaises », a lancé Olivier Besancenot. Un appel pour le moment sans réponse de la part du reste de l’opposition.
Il faut dire que Besancenot ne ménage pas le PS. « A gauche, le parti socialiste propose à la majorité de la population, comme seule issue face à Nicolas Sarkozy, d’attendre l’hypothétique issue incertaine de l’élection présidentielle de 2012 », explique-t-il. « Nous, nous n’attendrons pas 2012 pour résister, combattre ».
* Article publié dans Le Figaro, mardi 26 août, par S.L.
Pour la LCR, « il y a du grabuge en perspective »
À l’université d’été de Port-Leucate (Aude), Olivier Besancenot estime que le capitalisme français est en train de craquer, s’attend à une rentrée chaude et prépare les élections européennes.
Alain Krivine, qui a fondé la LCR voici quarante ans, ne reconnaît pas une bonne partie des visages des 1 300 participants à l’université d’été de Port-Leucate. Et il s’en réjouit. La perspective de la création du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) - nom provisoire - dans lequel va se fondre la LCR, a attiré une nouvelle population de militants qui ne sont pas issus du « club ». Tous sont à l’écoute du devin Olivier Besancenot, lequel croit que, cette fois, la France est mûre pour un changement radical : « Il y a du grabuge en perspective, parce que le capitalisme et les capitalistes français sont en train de craquer. Ce qu’il leur faudrait, c’est une bonne vieille révolution. »
Le postier de 34 ans a deux objectifs majeurs : le lancement du Nouveau parti anticapitaliste, en janvier 2009, et les élections européennes, au mois de juin. La construction du nouveau parti est déjà bien entamée, dans certaines régions « où les efforts ont déjà donné du succès ». Considéré dans l’opinion comme l’opposant le plus efficace à Nicolas Sarkozy, Olivier Besancenot appuiera la construction du nouveau parti sur une offensive sociale qu’il entend lancer à la rentrée.
Dans la rue
Pour la LCR, c’est dans la rue que ça se passe. Les révolutionnaires estiment que les socialistes sont prisonniers des jeux parlementaires : « Cette gauche-là, fusille Besancenot, trouve toujours mille excuses pour ne pas faire son boulot. Elle ferait mieux de surveiller la droite plutôt que de créer des commissions pour surveiller la LCR. » Celle-ci entend bien engranger des « victoires sociales » à la rentrée, en s’appuyant sur le climat « d’exaspération » des salariés. Y compris sur les événements d’Afghanistan : « Nous proposons à toute la gauche de se voir au plus tôt pour organiser une manifestation et réclamer le retrait des troupes françaises ».
S’agissant des Européennes, Olivier Besancenot a précisé que « les discussions ne font que débuter. » Selon lui, le nouveau parti « a intérêt à présenter une liste sous son propre nom ». Reste une question : les militants de la Ligue, qui ont une phraséologie commune, une longue vie commune, des réflexes communs, sauront-ils intégrer de nouveaux venus qui ne sont pas issus de la mouvance révolutionnaire ?
* Article publié dans Ouest France lundi 25 août.
Besancenot promet un automne « chaud »
L’ÉTÉ n’a pas calmé Olivier Besancenot, bien au contraire. Les pieds dans le sable de Port-Leucate (Aude) et la tête à la création de son nouveau parti anticapitaliste (NPA), il a profité hier de l’université d’été de la LCR et d’un meeting pour chauffer ses troupes. « On fera tout pour que la rentrée soit chaude ! » lance le leader d’extrême gauche au milieu de quelque 1 300 militants. Plus que jamais, il s’agit pour le postier d’apparaître comme « l’opposant le plus efficace à Nicolas Sarkozy ». En tapant sur le président évidemment, mais aussi en ciblant les socialistes. « Le PS propose de patienter jusqu’à 2012 pour espérer une alternance, nous, on n’attend pas quatre ans pour chercher à stopper la politique du gouvernement », affirme-t-il, heureux du succès de la dernière université de la LCR qui doit disparaître au profit du NPA en janvier 2009.
Occuper le terrain social
Dénonçant la présence de l’armée française en Afghanistan, Besancenot qualifie d’« indécente » l’attitude de Sarkozy lors de l’hommage national rendu aux dix soldats tués près de Kaboul. « Il a trouvé le moyen de parler de lui devant les cercueils en évoquant sa solitude de chef de l’Etat », juge-t-il en appelant toute la gauche à organiser une manifestation pour le retrait des troupes françaises. Sur le plan social, le trotskiste veut occuper tous les terrains : défense des services publics, de l’éducation nationale, lutte contre les licenciements… « Il faut bloquer les bureaux, les ateliers, les entreprises, les ports, les facs… » martèle-t-il devant un public prêt au « combat ». Tout un programme pour celui qui a déjà annoncé hier qu’il souhaitait que le futur mouvement participe aux européennes de 2009. Ce sera pour le NPA le premier test électoral.
* Article publié dans Le Parisien du dimanche 24 août, par Rosalie Lucas.
Interview d’Olivier Besancenot à Port Leucate...
Tirée du site Médiapart (http://www.mediapart.fr) et réalisée par Stéphane Alliès.
Zen. Au « village vacances » de Port-Leucate, Olivier Besancenot enchaîne les parties de football sur la plage, les photos bras dessus bras dessous avec les militants et les réunions studieuses. L’université d’été de la Ligue affiche complet. Autour de 1.300 militants de la LCR et du Nouveau parti anticapitaliste sont réunis dans l’Aude. Au programme, ateliers de formation sur des thèmes « classiques » (stalinisme, marxisme, internationalisme, etc.) et réflexion sur la mise en œuvre du NPA, prévue lors d’un congrès fondateur en janvier.
La délivrance d’une carte de membre fondateur sera effective en septembre, au coût évolutif selon les revenus (sept niveaux, tarif minimum de 10 euros).
S’il dit ne pas ressentir de nostalgie à vivre le dernier rassemblement estival de la LCR, Besancenot trouve « très chouettes le brassage et les échanges entre syndicalistes blancs de 50 ans et jeunes des quartiers ». Alors que Clémentine Autain et Raoul-Marc Jennar sont également présents à Port-Leucate, il évoque la dynamique d’un parti recrutant « par le bas », qui devient force d’attraction à la gauche de la gauche (la minorité de LO, en cours d’exclusion, devrait se rallier d’ici peu au NPA).
Enfin, il évoque la situation politique de la rentrée et, après avoir appelé les autres partis de gauche à une manifestation demandant le retour des soldats français d’Afghanistan, il assure que « notre obsession, c’est la droite ».
Interview sonore :
http://www.mediapart.fr/journal/fra...
Le vétéran de la LCR prêt à rejoindre le nouveau parti anti-capitaliste
Par Frédéric GAULIER (AFP)
Max Fichaut
BREST, 21 août 2008 (AFP) - Après plus de 60 années d’un militantisme trotskiste sans faille, le vétéran de la Ligue communiste révolutionnaire André Fichaut, 80 ans, est prêt à rejoindre le nouveau parti anti-capitaliste (NPA) qui doit succéder à la LCR d’Olivier Besancenot. « Notre objectif n’est pas de rester à 3.000 militants. C’est le moment ou jamais de construire une organisation suffisamment puissante pour mobiliser les gens, après on verra », confie à l’AFP le plus ancien adhérent à la LCR, qui a siégé pendant 25 ans à son comité central.
Surnommé « Max », M. Fichaut a adhéré en 1947 au Parti communiste internationaliste (PCI devenu LCR). Fort de son expérience, il participe aujourd’hui aux débats de l’organisation par internet depuis son pavillon du quartier de Recouvrance à Brest, où Olivier Besancenot et Alain Krivine font toujours étape quand ils sont de passage dans la région. Pour des raisons de santé, il ne participera pas à la dernière université d’été de la LCR à Port Leucate (Aude) à partir de ce week-end, un rendez-vous qu’il n’avait jamais manqué auparavant. « On sera les plus politisés du NPA. Avec notre expérience, on doit arriver à composer un programme sur des bases solides sans être sectaires », affirme-t-il, prêt à voter la dissolution de la LCR pour aller vers une autre « organisation efficace amenant à un réel changement de société ».
Evoquant le futur parti, André Fichaut préconise la reconnaissance du droit de tendance, l’impossibilité pour les éventuels élus d’être membres de la direction, et l’exclusion de toute alliance avec le parti socialiste et « sa politique de droite sans avenir ». Mais les militants révolutionnaires devront apprendre à composer avec ceux venus d’autres horizons, souvent moins disponibles et parfois moins formés politiquement, prévoit-il en espérant que que le NPA bénéficiera de la popularité d’Olivier Besancenot « aujourd’hui plus connu que la LCR ».
D’abord garçon de ferme, puis mécanicien automobile au sortir de la guerre, ajusteur diéséliste aux ateliers de réparation Dubigeon (sous-traitant de l’arsenal de Brest), M. Fichaut est embauché en 1958 à la centrale EDF du Porzic (Finistère). Dans l’Europe du rideau de fer, il a été un militant infatigable, adepte du camping-car dans lequel il aménageait des « planques ». Il a ainsi distribué des boîtes de petits-pois remplies d’exemplaires de « Ma Vie » de Léon Trotski en Pologne, ou des ordinateurs camouflés dans des télévisions en Tchécoslovaquie pour les militants de la Charte 77. Et il est encore ému d’avoir participé au premier congrès du syndicat polonais « Solidarnosc ».
Evoquant l’avenir, le vieux militant, qui « conservera toujours dans la tête l’idéal révolutionnaire », affirme sa « fierté d’avoir été trotskiste. On l’était par rapport au stalinisme. Historiquement, le stalinisme est passé, ça ne sert donc à rien de conserver le trotskisme », explique-t-il.