ANPE : Grève contre la fusion et la privatisation
Le Conseil des ministres du 6 décembre a adopté le texte consacrant la privatisation de l’ANPE, puisque la nouvelle « institution », fusionnée avec le réseau opérationnel des Assedic (Unedic, assurance chômage), sera clairement privée (convention collective, règles de gestion comptables). Le gouvernement veut aller vite puisque le texte sera discuté au Parlement en janvier, pour être adopté avant les municipales.
La dernière grève du 27 novembre des agents de l’ANPE et des Assedic ne peut suffire. Seulement 30 % des agents de l’ANPE étaient en grève, contre 60 % des agents des Assedic. Cette différence s’explique par un appel commun de l’ensemble des organisations syndicales de l’Unedic, mais sur une base très corporatiste (défense de leur convention collective spécifique). L’intersyndicale ANPE, quant à elle, ne regroupe que quatre organisations sur huit (CGT, FO, SNU, SUD), mais sur une base claire de défense du service public.
La grève du 27 novembre avait montré les difficultés pour construire une réelle mobilisation commune des salariés de l’ANPE et des Assedic. Peu d’assemblées générales communes se sont tenues et on a senti que les directions syndicales ne voulaient pas de convergence.
À l’ANPE, les salariés se méfient aussi des journées d’action isolées et sans lendemain. Dans les discussions préparatoires à la grève du 27 novembre, la question de la reconduction a été posée, pour certains dès le lendemain, pour d’autres la semaine d’après. Quelques AG ont voté pour repartir en grève le 4 décembre, mais la position majoritaire des syndicats était d’attendre pour prendre le temps de mobiliser
La nouvelle grève du 18 décembre appelée par les syndicats de l’ANPE, mais sans être soutenue par ceux des Assedic, n’a mobilisé que 15 % des agents, le rassemblement place de la Bourse, à Paris, ne regroupant que quelques dizaines de personnes. Il faudra maintenant faire en sorte que le prochain appel soit commun et qu’il inclue aussi les associations de chômeurs.
Lucas Maldini
LA POSTE : Facteurs de Marseille en lutte
Les facteurs du 10e arrondissement de Marseille ont fait grève, pendant dix-sept jours, contre une réorganisation des tournées. Entretien avec Jean-François Verlaque, délégué syndical.
Qu’est-ce qui a provoqué la grève ?
Jean-François Verlaque – Tous les trois ans environ, La Poste restructure ses services de distribution du courrier pour répondre aux évolutions démographiques. Son objectif était, cette année, de supprimer les emplois créés lors du passage aux 35 heures et de mettre en place une véritable flexibilité sur les 37 tournées, selon l’importance du trafic de chaque jour. Celui-ci est pourtant en augmentation sur le 10e arrondissement, comme La Poste est obligée de le reconnaître. C’est contre ces dégradations du service que les agents ont décidé d’entrer en lutte.
Comment le conflit s’est-il déroulé ?
J.-F. Verlaque – Les négociations ont eu lieu en présence de tous pour la plus grande transparence. Près de 2 000 signatures de soutien d’usagers ont été obtenues, et une marche a été organisée dans tout l’arrondissement, début décembre, pour populariser la lutte.
Au bout du compte, qu’avez-vous obtenu ?
J.-F. Verlaque – La direction voulait supprimer six emplois en faisant partir les plus de 53 ans. Après dix-sept jours de grève, nous avons obtenu le maintien de trois de ces emplois, ce qui, de fait, bloquera en partie la mise en place de leur projet.
Il y a quelques mois, les postiers du 12e arrondissement de Marseille étaient également en lutte contre la dégradation du service. Quels liens vois-tu entre ces mouvements ?
J.-F. Verlaque – La Poste sépare de plus en plus ses activités : guichets, distribution, colis, courrier, Banque postale. Dans le 12e arrondissement, les salariés luttaient contre la réduction des horaires d’ouverture alors que, dans le 10e arrondissement, c’était la distribution qui était visée. La séparation systématique de nos activités mène directement à la privatisation des branches plus rentables. L’objectif de l’ouverture à la concurrence, fixée par les directives européennes pour 2012, vise à la suppression d’environ 40 000 des 280 000 postiers.
Propos recueillis par Jean-Marie Battini