La gauche remporte les élections pour la nouvelle Constitution en Equateur
Le nouveau gouvernement d’Equateur, présidé par Rafael Correa, et les forces de gauche, ont remporté une très importante victoire ce dimanche 30 septembre 2007, lors des élections des délégués pour l’Assemblée constituante. La nouvelle force Alianza Pais a remporté entre 75 et 80 sièges sur les 130 sièges de l’Assemblée et dispose donc largement de la majorité absolue nécessaire pour faire passer les propositions.
La victoire est très importante et significative, d’autant plus que dans la province de Guayas, Alianza Pais est devenue la première force politique. Or la droite tentait de faire de la capitale de cette région, Guayaquil, le bastion de l’opposition, un équivalent de Santa Cruz en Bolivie. Or la droite s’est effondrée là comme dans tout le reste du pays.
Les médias internationaux ont commencé leurs attaques, en présentant cette victoire comme celle d’un gouvernement souhaitant concentrer le pouvoir et tout étatiser. C’est une travail de diffamation, similaire à celui qui est mené contre les gouvernements du Venezuela et de Bolivie.
En réalité la réforme constitutionnelle est absolument indispensable pour mener à bien le programme électoral qui a amené le gouvernement progressiste au pouvoir et notamment pour démocratiser le pays, en permettant une participation effective en politique de larges couches de la population marginalisée, organiser la sortie du néolibéralisme « chimiquement pur » qui a dévasté le pays depuis plus de 15 ans, pour reprendre un certain contrôle des ressources naturelles du pays, notamment les richesses pétrolière, et pour mener des programmes sociaux après avoir rétabli les finances de l’Etat en maîtrisant le paiement de la dette extérieure.
Les élections de dimanche vont faciliter la participation de l’Equateur à l’intégration régionale alternatie, prônée par les gouvernements progressistes du Venezuela et de Bolivie, en lançant notamment la banque du Sud, por s’émanciper des institutions financière internationales, et de nombreuses autres initiatives concrètes d’intégration régionale.
Le gouvernement du Président Correa est un important facteur de paix dans la région, puisqu’il refuse de participer au Plan Colombia, cette aventure militariste menée par les Etats Unis et le gouvernement colombien d’Alvaro Uribe. Il a d’ores et déjà programmé la fermeture de la base militaire américaine de Manta (Equateur) qui en est une pièce maitresse.
Cette victoire confirme que le rejet du néolibéralisme par les peuples latinoaméricains. Or le néolibéralisme, le consensus de Washington et les ouvertures de marchés à tout va, que les économistes rejettent aujourd’hui dans leur grande majorité, continuent de façon anachronique à constituer le principal angle d’approche de l’Union européenne vis-à-vis de l’Amérique latine.
Paul-Emile Dupret
Equateur : le CADTM se réjouit de la victoire du mouvement de Rafael Correa à l’élection de l’Assemblée constituante
En moins d’un an, Rafael Correa a remporté quatre échéances électorales (élections présidentielles fin 2006 à deux tours, référendum en faveur de l’élection d’une assemblée constituante en avril 2007 et élections des membres de l’assemblée constituante ce 30 septembre 2007).
Alors que toute la droite faisait campagne pour faire barrage au mouvement de Rafael Correa en agitant la menace communiste, le mouvement « Alianza Pais » a remporté plus de 65% de sièges (alors que les sondages lui en donnaient 45%). Avec ses alliés (MPD et Pachakutik notamment), il devrait disposer d’une très confortable majorité.
Pour le CADTM, c’est une excellente nouvelle : le peuple équatorien va enfin disposer de la possibilité de prendre son avenir en main et de faire les choix permettant de profiter des richesses produites par le pays.
Une majorité de la population a voté sans se laisser influencer par tous les grands medias équatoriens qui, sans exception, sont hostiles à Rafael Correa. Il n’y a plus de chaîne publique de télévision et de radio dans ce pays. La création en novembre prochain d’une nouvelle radio télévision de service public est une des mesures annoncées par le gouvernement.
Rafael Correa a promis de procéder à une réforme politique profonde du pays et à mettre en œuvre des mesures de redistribution de la richesse. Il a mis en place en juillet 2007 une Commission d’audit intégral de la dette publique interne et externe (CAIC), dans laquelle Eric Toussaint représente le CADTM. Le président Rafael Correa veut réduire radicalement la part du budget destinée au remboursement de la dette publique et le CADTM lui apporte tout son soutien dans cette démarche. Simultanément, il souhaite augmenter les dépenses sociales.
Le chemin des réformes sociales est semé d’embûches. Plusieurs présidents de gauche ont été élus en Amérique latine ces dernières années en proposant de rompre avec la politique néolibérale de leur prédécesseur mais très peu ont réellement mis en œuvre leurs promesses. Le CADTM espère que Rafael Correa ne vacillera pas et réalisera une politique démocratique de justice sociale. Dans ce but, la question de la dette équatorienne est plus que jamais un enjeu central.
CADTM
Contacts :
Damien Millet, président du CADTM France, france cadtm.org,
Eric Toussaint, président du CADTM Belgique, international cadtm.org