A l’occasion de la Journée internationale de la femme, Attac et Action
Consommation relaient l’appel de la Fédération européenne des syndicats
du commerce et de la distribution (UNI Europa Commerce) pour dénoncer
les conditions de travail des employé-e-s dans ce secteur,
majoritairement des femmes.
Dans la grande distribution en général - et dans les chaînes de « hard
discount » en particulier - les salarié-e-s sont parmi les plus
maltraité-e-s, au mépris de la législation du travail. La grande
majorité des employé-e-s, en particulier les personnels de caisse, y
sont des femmes, ainsi exposées aux conditions les plus dures.
En France, les ventes des « hard discounters » sont en forte augmentation
depuis quelques années, grâce à l’intérêt des consommateurs pour les
prix les plus bas (toutes classes sociales confondues : les foyers
modestes ne représentent que 30% de la clientèle). Ces prix bas sont
obtenus notamment en sacrifiant la qualité sociale et environnementale :
politiques d’achat mettant en concurrence les entreprises de production
au niveau planétaire, produits fabriqués dans des pays à législations
moins contraignantes et laxistes sur les contrôles, ou pression sur les
fournisseurs en France, et économies maximales sur les frais de
structure des distributeurs.
Les salarié-e-s de la distribution sont parmi les premiers à en faire les
frais : bas salaires, postes à temps partiel, personnel réduit
(sous-effectifs), CDD, heures supplémentaires non payées, ouverture des
magasins le dimanche, horaires de travail changeant au dernier moment,
déresponsabilisation, management par la peur et harcèlement moral,
espionnage et surveillance vidéo, répression syndicale et obstruction à
la création de délégations syndicales et de comités d’entreprise...
En Allemagne - pays pionnier du « hard discount », avec Aldi et LiDL -
les « hard discounters » occupent près de 40% du marché des produits
alimentaires, permettant à ce pays de détenir le record des prix les
plus bas en Europe pour l’alimentation.
Ces groupes font pourtant de grands profits et certains de leurs
propriétaires ou actionnaires figurent parmi les plus grosses fortunes
mondiales, grâce aussi à des montages ingénieux de sociétés qui
permettent de contourner les obligations fiscales et sociales des
entreprises, et une opacité légendaire : le groupe LiDL est composé de
600 structures différentes ; l’organisation est similaire chez Aldi.
Mais la grande distribution « classique » française n’est pas en reste :
la famille Mulliez (propriétaire du groupe Auchan) est classée 3e
fortune de France avec 10 milliards d’euros, selon le magazine «
Challenges » ; Michel-Edouard Leclerc dispose d’un patrimoine estimé à
2.5 millions d’euros et d’un salaire de 2.3 millions d’euros par an. Les
héritiers du groupe Carrefour (n°2 mondial derrière Wal-Mart, avec 71
milliards de chiffre d’affaires, 11 000 magasins dans 30 pays, 435 000
salariés) se partagent le gateau et vivent aujourd’hui en Suisse, en
Belgique et à Londres, où le fisc est moins gourmand.
Le phénomène « hard discount » s’étend et gagne tous les secteurs
d’activité des produits de grande consommation, poussant toujours plus
loin la réduction des coûts, notamment à travers la détérioration des
conditions de travail et la réduction des postes. Chaque groupe
introduit de nouvelles enseignes « hard discount » (si ce n’est déjà
fait) et/ou des rayons à prix cassés dans les grandes surfaces plus
classiques : Ed (groupe Carrefour), Netto (groupe Intermarché), Leader
Price (groupe Casino), ...
Mais la prochaine étape est déjà engagée : la majorité des chaînes de
distribution prépare la mise en place de caisses automatiques, qui leur
permettront d’économiser les salaires et les problèmes de gestion du
personnel, tout en espionnant encore davantage leurs clients (auxquels
ils pourront proposer des promotions ciblées en fonction de leurs
habitudes de consommation, analysées informatiquement). 240 000 postes
de caissières seraient ainsi menacés à court terme.
Nous appelons à soutenir les salarié-e-s de la distribution en
interpellant les directions des magasins et les groupes de distribution
pour :
– exiger des conditions de travail correctes : salaires décents, paiement
des heures supplémentaires, respect des salarié-e-s, libre établissement
de délégations syndicales et de comités d’entreprise
– refuser les caisses automatiques et la suppression des emplois de
caissier-e-s
Contacts presse :
ATTAC - 66-72 rue Marceau - 93100 Montreuil-sous-bois - 01 41 58 17 40
http://www.france.attac.org
Action Consommation - 21ter rue Voltaire - 75011 Paris - 01 34 13 38 13
http://www.actionconsommation.org