Cette année, la direction du deuxième plus grand syndicat d’industrie en Allemagne présente une revendication d’augmentation des salaires de 6 à 7 %, l’obtention d’un bonus pour les syndiqué.e., c’est-à-dire une amélioration pour les membres du syndicat par rapport aux salarié.e.s non organisé.e.s, et la « modernisation » de la convention collective nationale sur les salaires (c’est-à-dire la redéfinition des classifications).
La priorité est incontestablement l’augmentation des salaires. Après trois années de forte hausse des prix, le pouvoir d’achat réel, le salaire réel, a baissé dans l’industrie chimique aussi. Depuis la mi-2021, il y a eu trois modestes augmentations de salaires de 1,3 % en 2021 et deux fois 3,25 %, en janvier 2023 et janvier 2024, de sorte que les salaires nominaux de la grille tarifaire ont augmenté, mais pas dans la même mesure que celle du coût de la vie. Par ailleurs, il y a eu des primes exonérées d’impôts et de cotisations sociales d’un montant de 1400 € en 2022 et de 1500 € en janvier 2023 et janvier 2024.
Cela a entraîné une perte de pouvoir d’achat et une baisse du niveau de vie des salarié.e.s, la force de travail est donc devenue moins chère pour les entreprises. Pour que le salaire réel retrouve son niveau de la mi-2021, il faudrait au moins obtenir les 6 à 7 %. Mais personne ne s’attend à ce qu’une revendication tarifaire se traduise à 100 % dans l’accord tarifaire. C’est pourquoi, dans de nombreuses entreprises, on discute du fait que le syndicat devrait déjà revendiquer un montant à deux chiffres (10 % +).
Les deux autres volets de la préconisation revendicative ne figurent qu’en deuxième position. Il faudrait que cela reste ainsi. Toute revendication supplémentaire implique le risque qu’un éventuel gain puisse être « comptabilisé » au détriment de l’augmentation des salaires.
En même temps, la revendication d’un « bonus pour les adhérent.e.s » bénéficie d’un large soutien parmi les élu.e.s et mandaté.e.s de l’IGBCE. Lors de la précédente phase de négociations collectives en 2023, les employeurs avaient accepté, sans engagement, que l’on puisse « discuter » de ce point. Mais pour les organisations patronales, toute mesure favorisant financièrement les syndiqué.e.s est un tabou. C’est pourquoi cette revendication portée par le comité directeur de l’IGBCE est actuellement transformée en une éventuelle et vague mesure d’amélioration des délais de préavis de licenciement ou d’indemnisation du chômage partiel. Mais cela ne répond en rien à la préoccupation des militant.e.s, qui est de disposer d’un argument convaincant pour attirer des adhérent.e.s. Exiger - et imposer - un jour de congé cette année et deux ou plusieurs jours de congé par an à l’avenir, uniquement pour les adhérent.e.s, obtiendrait probablement un important soutien dans les entreprises.
Mais le cœur du problème reste le montant de la revendication salariale et la détermination à en obtenir le plus possible. Toujours est-il que le protocole de conciliation spécifique à l’industrie chimique a été dénoncé par l’IGBCE. Cette convention allait même jusqu’à empêcher les grèves d’avertissement après le terme des conventions collectives tant que la conciliation obligatoire n’avait pas échoué.
Pour l’instant, cela ne représente rien de plus qu’un geste symbolique : le déclenchement d’un véritable conflit collectif dépendra de la pression exercée sur les lieux de travail pour que la perte de pouvoir d’achat soit réellement compensée par une augmentation des salaires. De plus, il reste toujours la petite porte du versement de primes.
La fixation définitive des revendications tarifaires sera arrêtée le 10 avril au niveau national, les commissions régionales ayant adopté leurs positions à la mi-mars. Après un premier tour de négociations tarifaires régionales plus ou moins symboliques, les négociations se poursuivront au plan national lors de trois séances à la mi-mai, début et fin juin.
J.H. Wassermann