Depuis le 14 décembre, deux responsables syndicaux de SUD-Energie font la grève de la faim à Paris pour obtenir la réintégration de Nordine Mahroug, un salarié de GrDF - la filiale de distribution de GDF -, qui a été récemment licencié. Un troisième militant de cette même organisation les a rejoints trois jours plus tard. M. Mahroug avait aussi cessé de s’alimenter, mais il a dû interrompre son jeûne pour des raisons médicales.
D’après SUD-Energie, GrDF a invoqué trois motifs pour remercier M. Mahroug : il n’aurait pas rendu en temps et en heure son véhicule d’entreprise ; il aurait placardé sur le panneau d’affichage syndical un tract insultant un cadre ; il aurait déclaré des heures de travail qu’il n’a pas effectuées. Chez GrDF, on se refuse à confirmer ou à infirmer ces informations au nom de « la confidentialité de la procédure disciplinaire ».
M. Mahroug, lui, nie avoir rédigé un texte injurieux et triché sur ses horaires. Plus grave, les accusations portées contre lui s’appuieraient sur des témoignages dont la véracité est très douteuse, aux yeux de SUD-Energie. Pour ce syndicat, les vraies raisons du licenciement sont ailleurs. Ce technicien s’est fait mal voir à cause de son implication dans les grèves qui ont éclaté début avril chez GrDF et ErDF, le réseau de distribution d’électricité. La direction a voulu le punir, tout comme près de 250 autres salariés sanctionnés de diverses façons à la suite de ce conflit social, explique René-Michel Millambourg, l’un des trois grévistes de la faim, qui a défendu le dossier de M. Mahroug devant le conseil de discipline.
Conflit social
Les déboires du technicien résulteraient aussi des tensions régnant entre lui et l’un de ses chefs depuis plusieurs mois. Tensions qui ont plongé M. Mahroug dans une profonde « détresse », selon M. Millambourg ; ce dernier dit l’avoir signalée en 2008 à la médecine du travail. Sans résultat. Chez GrDF, on souligne que M. Mahroug s’était distingué par des « manquements répétés » antérieurs à la grève du printemps. Les faits qui lui sont reprochés n’ont « rien à voir » avec le mouvement social lancé en avril.
Depuis quelques jours, M. Millambourg campe sous une tente devant le siège de GrDF, à Paris. M. Mahroug et les deux autres grévistes de la faim se sont installés dans le local syndical d’un autre site du groupe, à quelques centaines de mètres de là. Les quatre hommes ont reçu le soutien de la CFTC, de la CGT, du Nouveau parti anticapitaliste, du Parti de gauche et des Verts.
Bertrand Bissuel
* Article paru dans le Monde, édition du 26.12.09. LE MONDE | 25.12.09 | 15h12 • Mis à jour le 25.12.09 | 15h12.
Noël de la faim à GRDF rue Pétrelle
Vendredi 25 décembre 2009 (07h09)
Jeudi 24 décembre, à 11h30, plus de 150 personnes se rassemblent, rue Pétrelle à Paris, pour apporter leur soutien aux trois syndicalistes de SUD-Energie en grève de la faim depuis onze jours (pour d’eux d’entre-eux) afin d’obtenir la réintégration d’un de leurs camarades.
Au onzième jour de grève de la faim, les mines sont plus pâlottes et les traits plus creusés, mais le moral est au rendez-vous. Particulièrement ce jeudi 24 décembre au matin, où plus de 150 personnes viennent témoigner de leur solidarité aux trois grévistes de la faim, devant l’établissement GRDF de la rue Pétrelle (Paris 9e). Yann Cochin, Pascal Chemin et René-Michel Millambourg réclament toujours la réintégration de Nordine Mahroug, licencié le 15 décembre pour « fait de grève », et la levée de toutes les sanctions à l’encontre des acteurs du mouvement social du printemps dernier à ERDF-GRDF.
En plus des syndicats – CGT et SUD – et des collectifs Sauvons l’université et Sauvons la recherche, de nombreuses personnalités politiques sont là. Olivier Besancenot (NPA) insiste sur « la bataille démocratique » pour la liberté syndicale et pour sauver les services publics, avant d’appeler à « de vraies négociations ». Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), épaulée de Martine Billard, fustige « l’attitude stupide de la direction » et promet de châtier, une fois au pouvoir « ceux qui ont utilisé de telles méthodes ». Francine Bavay (AlterEkolo) dénonce le fait que, « au nom de la propriété privée », les soutiens ne puissent rendre visite à deux des grévistes de la faim dans le local qu’ils occupent. Jean-Jacques Boislaroussie (Les Alternatifs) appelle quant à lui à « [faire] plier la direction ». Et Christian Picquet (Gauche unitaire) de souligner qu’« au-delà de Nordine, notre bataille est une bataille pour le service public » (voir la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=laVeR0FbJX0).
Sans aucunement appeler à la généralisation du mouvement de grève de la faim, forme d’action « individuelle » qui n’a pas pour but « de se substituer à l’action collective », Yann Cochin fait part de sa détermination : « Chacun d’entre vous que je vois me donne envie de continuer une journée de plus... La direction a du mouron à se faire ! » Celle-ci interdit toujours l’accès au local syndical de l’établissement, que ce soit aux soutiens extérieurs ou à la presse. Yann Cochin, Pascal Chemin et Nordine Mahroug, qui a dû se réalimenter pour raisons médicales, y vivent retranchés sans que les négociations aient avancé d’un iota. La direction met pourtant en avant sa « tradition de dialogue social » et… « d’ouverture » ! Elle justifie la fermeture (des portes) par la volonté de « ne pas perturber la sérénité des personnes travaillant sur le site ». Ce jeudi matin, c’est raté.
Dans la rue parallèle, rue Condorcet, René-Michel Millambourg, le troisième gréviste de la faim, contraint par les vigiles de continuer son mouvement à l’extérieur, a planté sa tente face au siège social de GRDF. Comme ses deux autres camarades, il reçoit la visite des personnes venues les soutenir. Lui aussi garde le moral, même s’il reconnaît que sa mise à la rue – il est considéré par la direction comme « extérieur à l’entreprise » – va avoir un impact sur sa condition physique. Et d’espérer que l’étourdissant silence médiatique cesse au plus vite.
http://www.youtube.com/watch?v=laVeR0FbJX0
Mathieu Schmitt
Grève de la faim en soutien à un militant licencié à GrDF
par SUD Energie
Curieuse coïncidence : un mois seulement après la fin du mouvement de grève le plus important de l’histoire d’EDF et GDF, auquel Nordine - militant SUD Energie - a apporté une contribution très active et médiatique, celui-ci est « pris en faute » par sa Direction.
Quelle « faute » ? Principalement avoir déclaré des heures de travail qu’il n’aurait pas faites : une telle faute, dans d’autres circonstances, n’aurait jamais justifié un licenciement. Mais en plus, il s’agit ici d’un coup monté de la Direction (nous tenons l’ensemble du dossier à disposition de la presse).
Pour tous ses collègues, il est évident que le dossier est vide. Mais en dépit de l’évidence, malgré les explications, les démonstrations, les protestations, la mobilisation des salariés de son agence, rien n’y a fait. La Direction se moque de la Justice, son seul problème étant de « faire un exemple » en licenciant un militant trop actif, qui a osé se faire le porte-parole, avec de nombreux autres militants syndicaux également sanctionnés, d’un malaise général parmi ses collègues. Malaise qui a déclenché un mouvement social historique, autour des questions de partage des richesses dans l’entreprise, mais aussi d’emploi, de sous-traitance, et de destruction progressive du service public.
Laisser faire, ce serait admettre le recul d’un droit démocratique fondamental : le droit de grève, le droit de se syndiquer. Laisser faire, se serait accepter la destruction de tous les contre-pouvoirs, accepter l’arbitraire qui permet aux directions de condamner à l’exclusion sociale un père de 2 enfants, salarié de l’entreprise depuis 12 ans, sans motif sérieux.
Laisser faire, ce serait permettre la dégradation sans fin des conditions de travail des salariés.
Laisser faire, ce serait se priver de la possibilité d’alerter l’opinion sur la destruction des services publics, et laisser les Directions dégrader le service aux usagers et la sûreté et la sécurité des réseaux et des installations en toute impunité.
Aujourd’hui, après avoir épuisé tous les recours dans l’entreprise, qui se sont révélés être purement formels, deux dirigeants de la Fédération SUD Energie (Yann COCHIN) et du syndicat SUD Energie Ile de France (René-Michel MILLAMBOURG) auquel appartient Nordine, ont décidé d’entamer une grève de la faim aux côtés de Nordine pour obtenir sa réintégration et la levée de toutes les sanctions qui frappent les militants à la suite du mouvement social du printemps dernier.
Mardi 15 décembre 2009
Besancenot et Mélenchon au chevet de syndicalistes grévistes de la faim à GrDF
PARIS - Deux leaders de gauche, Olivier Besancenot (NPA), et l’eurodéputé Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) sont venus soutenir vendredi trois syndicalistes de Sud-Energie, en grève de la faim en solidarité avec un salarié de GrDF, Nordine, licencié.
En visite dans les locaux syndicaux de l’unité Réseau Gaz Paris, M. Besancenot a déclaré à l’AFP être « venu pour soutenir les salariés en grève de la faim contre la répression et obtenir la réintégration de Nordine (...), et la levée de toutes les sanctions ».
Nordine, militant Sud-Energie, a été licencié le 15 décembre. Selon ce syndicat, ce licenciement est lié à sa participation à la grève du printemps. La direction de GrDF dément, indiquant que le salarié a été licencié pour « des manquements répétés commis dans l’exercice de son travail, bien avant et bien après le mouvement social ».
Deux des syndicalistes issus d’EDF et d’ErDF, sont en grève de la faim, l’un depuis lundi, l’autre depuis jeudi. Nordine, qui avait également entamé une grève de la faim lundi, y a mis fin jeudi, en raison d’une dépression, a précisé Anne Debrégeas (Sud-Energie).
Pour M. Besancenot, « il y a une direction qui veut faire l’exemple, veut casser des têtes ». « N’importe quel salarié, n’importe quel syndicaliste, n’importe quel militant politique du mouvement ouvrier, doit se sentir concerné, s’il n’obtient pas la levée de ces sanctions-là, je pense que ce sera un recul pour l’ensemble des salariés », a-t-il estimé.
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a déclaré à l’AFP que la grève de la faim « est une forme d’action totalement inhabituelle dans ce milieu qui a une tradition d’organisation syndicale très forte. Pourquoi on en est arrivé là ? Parce qu’on est, dans cette entreprise, confrontés à une vague sans précédent de répression, de militants syndicalistes punis, licenciés dans des conditions qui sont visiblement faites pour intimider et faire peur ».
« On est du côté de la face la plus sombre du sarkozysme : la brutalité, la violence sociale, avec l’intention affichée de faire peur » et de « criminalisation de l’action syndicale ».
Selon Anne Debrégeas, « aujourd’hui, il y a une chasse aux sorcières. Ils essaient de faire peur à tous ceux qui veulent militer », a-t-elle ajouté.
(©AFP / 18 décembre 2009 15h51)
Rassemblement de soutien à des syndicalistes grévistes de la faim à GrDF
Jeudi 24 décembre 2009
PARIS, 24 déc 2009 (AFP) - Quelque 200 personnes, dont Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) et Olivier Besancenot (NPA) se sont rassemblées jeudi à Paris pour soutenir trois syndicalistes de Sud-Energie en grève de la faim par solidarité avec un salarié licencié de GrDF, a constaté un journaliste de l’AFP.
Ce salarié, Nordine Marhoug, militant à Sud-Energie, licencié le 15 décembre pour « fautes professionnelles graves », avait lui-même commencé une grève de la faim le 14 décembre, qu’il a arrêtée pour raisons médicales.
Deux des grévistes de la faim, Yann Cochin et Pascal Chemin, responsables syndicaux de Sud-Energie, sont installés depuis 14 et 11 jours dans le local syndical de l’unité Réseau Gaz Paris dont des vigiles limitent les accès.
Un troisième gréviste, également cadre de Sud-Energie, se trouve quant à lui dans un local voisin.
Devant les grilles des locaux, Anne Debregeas, de Sud-Energie, a une nouvelle fois dénoncé le licenciement de M. Marhoug, basé « sur un dossier vide, monté de toutes pièces » et à qui la direction veut en fait « faire payer son engagement lors des grèves du printemps ».
Pour la direction de GrDF, le salarié a été licencié pour « des manquements répétés commis dans l’exercice de son travail, bien avant et bien après le mouvement social ».
Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot, qui étaient déjà venus manifester leur soutien le 18 décembre aux grévistes de la faim, ont respectivement salué « leur courage terrible » et demandé « de vraies négociations » à la direction de GrDF.
Des représentants de la CGT-Energie, Sauvons la recherche, des Verts, de Solidaires, présents sur place, ont également apporté leur soutien aux grévistes et la CFTC Energie a publié un communiqué appelant la direction d’EDF à « retrouver un dialogue constructif ».
Par ailleurs une pétition en ligne a recueilli quelque 1.800 signatures de soutien.
fm/vdr/ag
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En grève de la faim pour le droit de grève
Depuis le 14 décembre, trois responsables de SUD énergie protestent en ne s’alimentant plus, afin d’exiger la réintégration d’un de leurs collègues, licencié pour faits de grève chez GRDF.
Joyeux bordel ! Trois responsables syndicaux SUD énergie entament ce matin leur onzième jour de grève de la faim pour obtenir la réintégration d’un de leurs camarades, Nordine, licencié « pour faute professionnelle » à la suite du mouvement de grève historique du printemps dernier. La scène se passe au cœur de Paris, dans le 9e arrondissement, au siège d’une unité de la filiale distribution de GDF Suez (GRDF) : à l’intérieur de l’immeuble, deux militants se trouvent reclus dans les locaux syndicaux, interdits d’accès aux douches et privés de visites de leurs collègues ; et sur le trottoir devant le siège, le troisième, sorti brièvement pour des raisons médicales, est empêché de retourner à l’intérieur… En plus d’un filet constitué de cadres, la direction de GRDF a recours à l’entrée aux services d’une véritable milice d’agents de sécurité, de noir vêtus et dotés de micro-émetteurs dans leurs gants. Ambiance !
Sanctionné pour avoir contribué aux mobilisations
Comme à Toulouse où un agent de GRDF, adhérent de la CGT, demeure, à la différence de trois de ses collègues d’ERDF dont les sanctions avaient été levées partiellement grâce à une mobilisation extrêmement forte (lire notre édition du 5 novembre), licencié pour faits de grève, Nordine, militant de SUD, est, de l’avis de tous ses collègues et des autres organisations syndicales, puni pour avoir contribué activement aux mobilisations sur les salaires et contre la réorganisation de la distribution au printemps dernier. En guise de justification de la « faute professionnelle », la direction invoque un document insultant « ceux qui arrachent les tracts » sur les panneaux SUD énergie, le refus de ramener le matin même un véhicule après une nuit d’astreinte et de la « triche », ce qu’il conteste vertement, sur ses heures d’intervention auprès des clients…
Pour Anne Debregeas, de la fédération SUD énergie, « c’est un dossier monté de toutes pièces afin de faire un exemple à l’attention de tous ceux qui se battent. Il s’agit de faire peur à ceux qui essaient d’empêcher la direction de faire ce qu’elle veut… Les éléments contre Nordine reposent en partie sur des imputations sans preuves et sur des témoignages de “clients” qui sont aussi des cadres de l’entreprise ! Après avoir épuisé tous les recours dans l’entreprise et appelé à des mouvements de grève, trois de nos dirigeants ont décidé de faire cette grève de la faim depuis le 14 décembre. Et la direction continue de se distinguer par ses méthodes antisyndicales en limitant drastiquement les accès au site ». Dans un communiqué, la CGT énergie de Paris dénonce une « dérive liberticide d’atteinte au droit syndical » : « En interdisant aux élus du personnel et aux agents d’aller rencontrer les grévistes de la faim, la direction démontre dans quel mépris elle tient le personnel. Un tel déploiement de hargne et de haine est-il nécessaire face à des agents qui demandent la réintégration des licenciés à Toulouse et à Paris, et l’arrêt de la répression antisyndicale ? » Hier soir, près de 1 700 personnes avaient signé la pétition réclamant la réintégration de Nordine, appelant à l’annulation de toutes les procédures disciplinaires engagées après la grève du printemps et soutenant les trois grévistes de la faim chez GRDF à Paris.
Thomas Lemahieu
* L’Humanité, le 24 décembre 2009.
GrDF-ErDF : L’énergique répression syndicale se mène au prix de grèves de la faim
Le duo GrDF-ErDF s’est fait une spécialité de la répression syndicale et du muselage des syndicalistes trop remuants. Le cas de Nordine Mahroug, militant de SUD-Energie, en grève de la faim depuis le 14 décembre, montre que la chasse aux sorcières des militants syndicaux a franchi une nouvelle étape.
Il y a quelque chose d’indécent, de malsain et de révoltant, dans le fonctionnement actuel de GrDF, filiale de GDF-Suez, et d’ErDF, filiale d’EDF. La direction de GrDF est depuis plusieurs mois engagée dans une répression syndicale, d’une violence rare dans l’organisation interne d’une grande entreprise, après le « plus grand mouvement social de l’histoire d’EDF et GDF-Suez », selon les syndicalistes, qui a porté sur des revendications touchant à la répartition de plus en plus inégalitaire des richesses dans l’entreprise et aux suppressions de postes.
Les licenciements de syndicalistes se multiplient ainsi que des centaines de sanctions (plus de 250), dont des mises à pied, des rétrogradations « pour des motifs fallacieux », constatent les organisations syndicales. Ainsi, en mai, 74 syndicalistes de GDF-Suez étaient mis en garde-à-vue à Paris. Et en octobre, quatre syndicalistes CGT étaient licenciés à ErDF et GrDF.
Le cas de Nordine Mahroug, en grève de la faim depuis le 14 décembre à l’agence ErDF-GrDF du 16-20, rue Pétrelle dans le IXe arrondissement de Paris (photo ci-dessous), est emblématique de la situation particulièrement dégradée que vit l’entreprise. Nordine a été rejoint par deux responsables syndicaux, Yann Cochin et René-Michel Millambourg, qui, eux aussi, ont entamé une grève de la faim le 17 décembre.
Nordine, militant syndical (SUD-Energie) fait l’objet d’un licenciement sec pour fait de grève, sur la base d’un dossier vide (un autre militant, CGT, est également licencié pour faits de grêve à GrDF). Les agences parisiennes ErDF et GrDF de Saint-Maur et Trudaine ont fait grève le 15 décembre pour « exprimer leur refus du licenciement pour faits de grève de Nordine ainsi que de l’ensemble des sanctions touchant les militants » après le mouvement du printemps dernier, indique la fédération des syndicats SUD-Energie. Un rassemblement de syndicalistes SUD, CGT et CFTC se sont déplacés au pied du bâtiment où sont installés les grévistes de la faim. Et le Parti de gauche, les Verts, le NPA, les Alternatifs ainsi que la secrétaire nationale du parti socialiste, en charge de l’énergie ont apporté leur soutien à ce mouvement.
Les dirigeants de GrDF ont en effet dépassé toute mesure et se sont lancés dans ce que les organisations syndicales nomment une « chasse aux sorcières ». « Cela ne fait aucun doute pour l’ensemble de ses collègues en grève, le licenciement qui frappe Nordine aujourd’hui est lié à la grève du printemps. Nordine, salarié de GrDF (en charge du réseau de distribution gaz) est sanctionné pour avoir été particulièrement actif et très médiatisé pendant ce mouvement. Il a également eu le tort d’être le seul témoin d’une action totalement illégale dont s’est rendue coupable un responsable hiérarchique, qui a dégonflé les pneus des véhicules d’ERDF-GRDF », révèle SUD-Energie.
Pour prix de cette activité trop gênante, la direction « a maquillé et monté de toutes pièces un dossier justifiant un licenciement pour faute professionnelle, en s’appuyant par exemple sur des témoignages de « clients » dont certain se révèlent être cadres d’ErDF et GDF. Depuis plusieurs mois, Nordine faisait l’objet d’un véritable harcèlement : demandes continuelles de rendre des comptes, demande d’interventions seul dans des situations dangereuses, provocations ». Toujours selon SUD-Energie, « la procédure ayant conduit au licenciement de Nordine est une véritable parodie de justice, tant il est clair que la décision était prise avant qu’il n’ait pu exposer sa défense. La direction s’est vengée d’un mouvement pourtant totalement légitime, sans aucun état d’âme ».
La répression a lieu sur fond de distribution insolente des bénéfices records de 6,5 milliards d’euros de GDF-Suez et de 3,4 milliards d’euros d’EDF réalisés en 2008. Ainsi, après avoir versé 74 % de ses profits à ses actionnaires, les dirigeants chasseurs de syndicalistes se sont octroyé la part du lion. Le salaire fixe du vice-président, Jean-François Cirelli, a été multiplié par trois et sa rémunération variable par cinq. Le salaire annuel de JFC s’élève désormais à près de 1,3 million d’euros (+ 183 %) et sa part variable à la bagatelle de 735 413 euros. Il en serait de même pour les salaires des autres membres du comité de direction. Avec l’onction de l’État, premier actionnaire du groupe à hauteur de 35,7 %. Le sort de Nordine est moins enviable. Cet homme à 36 ans, deux enfants et se retrouve à la rue.
Vous avez bien lu et vous êtes bien sur le territoire français et pas dans un régime musclé qui met son mouchoir sur les libertés. Ces agissements en toute impunité ont lieu sous les yeux des citoyens sans que cela ne provoque l’intervention du gouvernement. Certains, comme le Parti de gauche y voient une « stratégie de criminalisation de la contestation sociale orchestrée par le gouvernement [qui] conduit à ce type de remise en cause intolérable d’un droit fondamental : le droit de grève, la liberté de se syndiquer ». C’est justement ce qu’on se disait…
Des dirigeants qui se gavent… pour quel bilan ?
Les dirigeants de GDF-Suez et d’EDF ont mené tambour battant la libéralisation du secteur de l’énergie, pour un bilan peu flatteur : envolée des prix de l’énergie et des services associés, dégradation du service aux usagers (par exemple avec un temps moyen de coupure électrique par usager en très forte augmentation), désorganisation complète des entreprises, perte de la culture de sûreté dans les centrales, baisse des effectifs, développement de la sous-traitance, détérioration des conditions de travail. Bravo, messieurs !
par Thierry Brun
* Politis, Vendredi 18 décembre 2009 à 18:17.