Dans la logique du gouvernement et du Medef, l’important est le « rendez-vous de 2008 », qui devra faire le bilan de la réforme Fillon de 2003. Le diagnostic sera sans surprise : la réforme a été insuffisante, le financement n’est pas assuré, il faut prendre de nouvelles mesures ! On peut d’ailleurs pronostiquer sans risques d’erreur, quels seront les remèdes sur lesquels les partenaires sociaux seront invités à « réfléchir » : passage de la durée de cotisations à 41 ans, voire 42 ans. Et, bien sûr, en point d’orgue, la remise en cause définitive de la retraite à 60 ans. C’est dans cette perspective que s’inscrivent les premières mesures annoncées par Sarkozy, à savoir la pénalisation des « départs anticipés », qui ont été la base des plans de « préretraite » depuis une vingtaine d’années, et la suppression de la dispense de recherche d’emploi, qui était devenue la règle pour les chômeurs âgés de plus de 58 ans, tant il est évident que cette recherche, dans la situation actuelle, est sans espoir : tous les efforts patronaux sont, au contraire, concentrés sur l’éviction des seniors du marché du travail.
Ne plus être dispensés de recherche ne leur permettra pas pour autant de retrouver un emploi ! Mais cela facilitera leur radiation des listes des chômeurs indemnisés et les poussera, découragés, à prendre leur retraite sans avoir les annuités, donc avec des pensions incomplètes. Ce que Sarkozy énonce cyniquement : « Avoir plus de choix en ce qui concerne la décision de partir à la retraite, en assumant toutes les conséquences de ses choix. » Tel est bien l’objectif réel : non pas faire travailler les salariés plus longtemps - hypothèse illusoire - mais, grâce aux décotes, verser des pensions de plus en plus faibles...