À Montréal, la « Manifestation pour le droit parental » se tenait mercredi matin devant le bureau du premier ministre François Legault, au centre-ville. On pouvait voir des affiches aux slogans « Les parents savent le mieux (sic) » ou « Garder l’innocence des enfants ».
Il y avait aussi en face d’eux des contre-manifestants pour les droits des personnes trans. Plusieurs dizaines d’entre elles portaient des banderoles et des affiches pro-LGBTQ+ étaient réunies devant le bureau du premier ministre François Legault afin de démontrer leur soutien à la communauté et dénoncer ces marches anti-LGBTQ+ d’« alimentées par la haine ». Certains contre-manifestants ont noté que si les manifestations pacifiques protègent la démocratie et génèrent un débat, les droits de la personne de la communauté trans et LGBTQ+ « ne doivent plus être sujets à débat. Il s’agit de droits humains ».
La « Manifestation pour le droit parental » visait ce que les organisateurs appellent « les éléments intrusifs de l’orientation sexuelle et de l’idéologie de genre » dans le système scolaire. Ils affirment qu’ils ne sont pas opposés à la communauté LGBTQ+ — mais c’est dure à croire si on prend la peine de lire les affiches —, mais ils s’opposent aux systèmes scolaires qui promeuvent les questions 2SLGBTQ+ d’une manière qui, selon eux, va à l’encontre des valeurs et des croyances avec lesquelles ils veulent élever leurs enfants. Cette marche, comme les autres tenues à travers le pays, était présentée comme un événement multiconfessionnel (lire religieux et conservateur).
Rappelons que près des deux tiers des élèves LGBTQ+ ne se sentent pas en sécurité à l’école, contre 11 % des élèves hétérosexuels, et que les tentatives visant à les rayer des programmes scolaires sont haineuses.
Ceux et celles qui veulent « protéger » leurs enfants en supprimant le soutien scolaire pour les élèves homosexuels, bisexuels, trans et autres, devraient penser que rayer les personnes 2SLGBTQIA des programmes scolaires ne changera pas l’identité de leurs enfants, mais cela rendra définitivement les écoles moins sécuritaires pour les personnes 2SLGBTQIA.
Réactions à travers le Canada
De nombreux rassemblements se sont tenus un peu partout au pays. Le premier ministre Justin Trudeau à pour sa part « condamné fermement cette haine et ses manifestations ». « Nous sommes solidaires des Canadiens et Canadiennes 2ELGBTQI+ à travers le pays – vous êtes valables et appréciés », a-t-il écrit.
À Ottawa, où des milliers de personnes sont face à face devant la colline du Parlement, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a dirigé un groupe de contre-manifestants sur la rue Wellington. Le maire de la ville, Mark Sutcliffe a condamné « toute forme de discrimination ou de haine » ajoutant que « les membres de la communauté 2SLGBTQIA+ avaient le droit de vivre sans harcèlement. Je respecte le droit de manifester, mais cibler spécifiquement des enfants 2SLGBTQIA+ en raison de ce qu’ils sont n’a pas sa place dans notre ville », a-t-il ajouté.
À Fredericton, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a déclaré mercredi aux journalistes que les parents devaient être informés si leur enfant remet en question son identité de genre.
De son côté, le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, fidèle au discours qu’il tient depuis plusieurs mois, a souligné que les manifestants qui « dénoncent l’idéologie de genre qui s’infiltre dans les écoles » avaient « raison de s’inquiéter ». Dans un message relayé entre autres sur le réseau X, M. Duhaime a affirmé que les exemples récents « de dérapages » dans les écoles « sont nombreux. C’est aux parents de décider des valeurs morales qu’ils souhaitent inculquer à leurs enfants et à eux seuls de décider quel est le meilleur moment pour le faire », a-t-il déclaré, demandant aux manifestants de demeurer « ultra-pacifiques ».
Yves Lafontaine
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