Paris, France — Le 25/05/07 - Greenpeace se félicite des déclarations d’Alain Juppé sur son intention de décréter un moratoire sur le maïs transgénique MON810 et lui demande de le mettre en place immédiatement.
« Cette déclaration constitue bien sûr une nouvelle tout à fait encourageante, à condition qu’elle soit très rapidement suivie d’effet, c’est-à-dire que le ministre active la clause de sauvegarde comme l’a fait le gouvernement allemand il y a quelques jours », déclare Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM de Greenpeace France.
Dans une interview publiée le 25 mai dans Le Parisien, le ministre de l’Ecologie Alain Juppé déclare : « On vient de découvrir que la sécrétion de la toxine qui est censée tuer l’insecte qui attaque le maïs se passe dans des conditions qui ne sont pas exactement celles qu’on attendait. Donc l’Allemagne vient de suspendre l’autorisation du MON810. Dans ce cas précis il faut s’inspirer du cas allemand. »
Après la Hongrie, l’Autriche, l’Italie, la Grèce, la Suisse et la Pologne, c’est en effet l’Allemagne qui a récemment décidé de suspendre l’autorisation du MON810, un maïs génétiquement modifié pour produire une toxine insecticide appelée « Bt » et censée protéger la plante de la pyrale du maïs.
Le gouvernement allemand a notamment réagi à la publication d’une étude réalisée par Greenpeace et montrant que la quantité d’insecticide produite par chaque épi varie de 1 à 100 selon les plantes. « Voilà qui montre à quel point on est dans l’ignorance concernant les risques que le MON810 fait peser sur la chaîne alimentaire et sur les écosystèmes. Pour autoriser des OGM à la culture, l’Europe se contente d’études de toxicité notoirement insuffisantes et qui manquent totalement de pertinence », précise Arnaud Apoteker.
Tout au long de la campagne présidentielle, Greenpeace et toutes les organisations opposées aux OGM, comme la Confédération paysanne et les associations écologistes réunies dans l’Alliance pour la planète, ont réclamé un moratoire sur les cultures OGM en plein champ, notamment sur cette variété MON810 produite par le géant américain de l’agrochimie Monsanto. Lundi 21 mai, lors de la réunion organisée à l’Elysée avec le président de la République Nicolas Sarkozy et son ministre de l’Ecologie, les représentants de Greenpeace avaient d’ailleurs explicitement réitéré leur demande d’un moratoire sur la culture du MON810.
Le MON810 est aujourd’hui la seule variété d’OGM cultivée en France de façon commerciale. Les semenciers espèrent qu’environ 30 000 ha de cette variété seront cultivés cette année. « La poignée d’agriculteurs pro-OGM français ont déjà commencé à semer leur maïs transgénique. Il va falloir trouver d’urgence une solution pour empêcher qu’il contamine l’environnement et la chaîne alimentaire », conclut Arnaud Apoteker.
Moratoire sur le MON810 : un premier test de l’engagement écologiste du nouveau gouvernement
Paris, France — Le 25/05/07 - Suite à la cacophonie entre Christine Lagarde et Alain Juppé à propos de la mise en œuvre d’un moratoire sur le maïs transgénique MON810, Greenpeace attend une décision qui fera figure de premier test de l’engagement écologiste du gouvernement.
La nouvelle ministre de l’Agriculture, a très vite réagi aux propos d’Alain Juppé, qui ce matin, dans une interview publiée le 25 mai par Le Parisien, soulevait légitimement les problèmes posés par le maïs MON810, citant même l’exemple de l’Allemagne, qui a interdit il y a une dizaine de jours la commercialisation des semences de cet OGM.
« Si on écoute madame Lagarde, il est urgent d’attendre en matière de moratoire. Voilà des propos qui ressemblent à s’y méprendre à ceux tenus par le lobby des semenciers et des maïsiculteurs pro-OGM, souligne Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM de Greenpeace France. Nous attendons donc avec impatience l’issue du Conseil des ministres de mercredi, lors duquel le super ministre d’Etat Alain Juppé et Christine Lagarde devraient avoir l’occasion de se mettre d’accord. »
Autorisé à la culture en 1998, le MON810 est un maïs génétiquement modifié pour produire une toxine insecticide appelée « Bt » et censée protéger la plante de la pyrale du maïs. Et depuis dix ans, son innocuité suscite de plus en plus de doutes.
Depuis 1998, en application du principe de précaution, l’Autriche interdit le MON810. Après elle, ce sont la Grèce, l’Italie, la Suisse, la Hongrie et la Pologne qui ont interdit à leur tour cet OGM. Il y a dix jours enfin, le gouvernement allemand leur emboîtait le pas, réagissant notamment à la publication d’une étude réalisée par Greenpeace et qui montre que la quantité d’insecticide produite par chaque épi varie de 1 à 100 selon les plantes*.
« Si la transposition de la directive 2001/18, qui doit réglementer les conditions de mises en culture d’OGM en France, peut attendre le Grenelle de l’environnement prévu pour octobre, le maïs MON810 qui a déjà été semé en France, lui, n’attendra pas l’automne pour contaminer l’environnement, souligne Arnaud Apoteker. Voilà pourquoi il y a urgence à mettre en place un moratoire sur cet OGM. »
Devant cette cacophonie gouvernementale et le désaveu des propos d’Alain Juppé par Christine Lagarde, Greenpeace attend une décision qui fera figure de premier test de l’engagement écologiste du gouvernement. Va-t-il donner la priorité au respect de l’environnement et au principe de précaution inscrit dans la Constitution ou bien céder au lobby des gros producteurs agricoles et des multinationales de l’agrochimie ?
* Résumé de cette étude disponible sur www.greenpeace.org/raw/content/france/detectivesOGM/liens-documents/kit-ogm/etudes-sur-les-effets-du-mon81.pdf