Pour les grévistes de PSA Aulnay, la 5e semaine de grève a été bien remplie : les actions quotidiennes pour faire appel à la solidarité financière (aux péages autoroutiers ou en lien avec des équipes syndicales, comme avec les postiers du 92), les réunions de négociations, avec ou sans médiateur, où la direction réitère son refus de lâcher quoi que ce soit sur les sanctions comme sur la remise à plat du PSE.
Le noyau de grévistes reste déterminé et continue de discuter jour après jour avec les salariésE qui ne se voient pas rejoindre la grève pour le moment. La production reste de fait bloquée, et si par hasard quelques cadres bricolent un peu, ils sortent au mieux une quinzaine de voitures que PSA a peu de chance de commercialiser un jour.
Mais le fait marquant, la bouffée d’oxygène a été un début de mobilisation sur d’autres sites de PSA. D’abord la grève déclenchée chez un des sous-traitants de PSA, Lear, qui a lancé un plan de départs volontaires (sous la pression de PSA), commence à faire sentir ses effets. À Poissy, les voitures produites la semaine dernière n’avaient juste pas de siège ! Alors, les grévistes d’Aulnay sont allés rencontrer ceux de Lear jeudi pour renforcer leur détermination mutuelle. Les exemples de la grève à Aulnay et Lear commence à trotter sérieusement dans la tête des travailleurs de Poissy… Résultat, à l’emboutissage, des salariés se sont mis en grève contre la volonté de la direction de les déplacer sur un autre secteur, et jeudi 21 février, il y a eu des débrayages au montage contre l’annonce du résultat des négociations annuelles obligatoires (NAO), la direction annonçant zéro euro d’augmentation… Du coup, les grévistes d’Aulnay ont eu jeudi un accueil beaucoup plus chaleureux qu’ils n’avaient jamais eu au changement d’équipe à Poissy.
Nouveau souffle
Au lendemain de la visite des 250 ouvriers d’Aulnay, Lear proposait aux grévistes le paiement des heures de grève, la levée des sanctions et l’ouverture des négociations sur 75 000 euros de prime plancher pour les départs. Les Lear ont repris le travail, mais sur un sentiment de succès, auquel la jonction avec PSA n’est pas étrangère. Dans la foulée, la direction de PSA a avancé de 24 heures la négociation tripartite, mardi 26 février. Les grévistes ont prévu un large rassemblement à Bobigny, auquel bon nombre de non-grévistes devraient se joindre. La perspective d’un début de répartition des sommes collectées en solidarité aux grévistes devrait donner un regain d’énergie.
En refusant toute augmentation pour l’ensemble des salariés du groupe, la direction de PSA tente de pousser le plus loin possible sa stratégie pour tenter d’assommer les travailleurs, comme l’annonce des « déficits historiques » la semaine dernière. Mais c’est peut-être un coup de trop : à Sochaux il y a eu des débrayages en équipe de nuit jeudi et vendredi et à Mulhouse, le secteur de la forge a également débrayé sur la question des salaires. Ce que peut craindre la direction, c’est que d’autres feux s’allument et se propagent.
CorrespondantEs