Mexico,
Une fois de plus, l’État mexicain a été à l’origine de la fraude électorale - une différence de 350 000 voix est apparue en faveur du candidat du Parti d’action nationale (PAN), Felipe Calderón. Cette fraude avait pour but d’empêcher que le Parti révolutionnaire démocratique (PRD) et son candidat, Andrés Manuel López Obrador (Amlo), n’accèdent à la présidence de la République. Les élections du 2 juillet se sont déroulées sur fond de confrontation entre les différents appareils politiques traditionnels, confrontation dégénérant en une série d’accusations mutuelles pour savoir qui était le plus corrompu.
Certains voyaient, dans ces disputes, un affrontement entre les riches et les pauvres. Mais cette analyse est fausse, car en matière de propositions programmatiques, les uns et les autres proposaient exactement la même chose : respect total du traité de libre-échange, engagement à rembourser la dette, acceptation de la réforme de l’article 27 de la Constitution et de ce qui en découle (privatisation de la terre, des fleuves, des plages et des forêts), reconnaissance de l’indépendance de la Banque centrale mexicaine - désormais simple marionnette aux mains de la Réserve fédérale américaine -, maintien de « l’équilibre fiscal » en accord avec les conseils du FMI, allongement de l’âge de départ à la retraite... En somme, la mondialisation capitaliste comme horizon indépassable. La bataille ne se situait donc pas sur le plan du projet, mais sur le nom de la personne qui allait le mettre en œuvre.
Le 2 juillet, une fraude électorale, orchestrée par la présidence et le parti au pouvoir, s’est mise en place et, jusqu’à ce moment-là, ni les membres du PRD ni Amlo n’ont été à la hauteur des événements. Une fois de plus, Amlo a fait un discours à 11 heures du soir devant 100 000 sympathisants en leur demandant de rentrer dormir chez eux et de respecter les délais et les règles de l’Institut fédéral électoral, organisme sous la coupe des serviteurs du PAN et de la présidence. Dans la matinée du 2 juillet, près de 20 000 personnes ont manifesté dans le cadre de l’« autre campagne », rappelant qu’il y avait une autre option, dépassant le système électoral, clairement anticapitaliste, venant de la base et ancrée à gauche. Au meeting ponctuant la manifestation, des camarades - majoritairement des femmes - ont expliqué les points de vue développés dans l’« autre campagne » et les motivations de cette lutte.
Le sous-commandant Marcos a exigé le respect de la volonté citoyenne et a dénoncé la fraude électorale. Il semblerait que le scénario de 1988, avec les fraudes contre Cárdenas, se répète. La différence, aujourd’hui, c’est qu’il existe une autre force politique indépendante pouvant servir de catalyseur au mécontentement social.