« Prenez exemple sur ceux du NPA [qui viennent de rallier Mélenchon] : eux, ils ont compris l’importance de l’unité… ».
Les appels en ce sens nous poursuivent. Comme si, ces questions on ne se les posait pas ! Comme si, enfermés dans notre tour d’ivoire on regardait passer le fleuve de l’histoire sans y mettre le pied de peur d’être emportés !
Oui, face à la déferlante patronale, à la capitulation consommée de la « gôche » et à l’occupation par l’extrême droite fascisante du terrain social déserté, le morcellement de « l’extrême gauche » inquiète.
Sauf que, les ruptures, les dissensions, l’éclatement résultent peu de questions personnelles mais bien d’une histoire, d’expériences, d’options stratégiques différentes.
Ils ont raison les nouveaux militants, derniers venus en termes chronologiques, de nous sommer de dépasser les divisions. Mais, pour ce faire, le volontarisme, les bonnes intentions ne suffisent pas, car ce n’est pas par manque de volonté ou mauvaises intentions que la division existe.
Plus sophistiqués, d’autres nous incitent à faire la part entre ce qui relève d’une histoire, d’un passé dépassé, et les urgences de l’heure. Et à élaborer, dans la confrontation et l’unité, des perspectives communes.
Ces confrontations, nous les avons impulsées avec d’autres militants anticapitalistes. Ensemble, ce ne sont pas moins de deux séminaires que nous avons organisés. Ils ont attiré plusieurs dizaines de militants, vieux et nouveaux, mais suscité l’intérêt poli de la « gauche de la gauche ».
Mais, séminaires et rencontres ne suffisent pas. C’est sur le terrain, dans la construction des luttes que l’unité est nécessaire. Pour autant que l’objectif soit la construction d’un rapport de forces favorable, pas la participation à la gestion de l’appareil de l’Etat.
L’enjeu est de taille. Il est résumé par la grève à Vessy l’an passé durant laquelle les membres de gauche -et de la « gauche de la gauche »- du Conseil d’administration de cet EMS ont systématiquement combattu les revendications des grévistes !
Plus largement, la question de l’unité pose celle de ses buts. Unis sur un programme de revendications et de mobilisations contre les effets de la crise ou dans la perspective de grappiller quelques % supplémentaires aux prochaines élections ? That’s the question.
Construire la force de celles et ceux d’en bas ou participer à des gouvernements qui imposent des politiques bourgeoises ? C’est à ce choix que le NPA, toutes tendances confondues, répond en exigeant la clarté sur la participation au gouvernement.
En Suisse, la question est réglée pour la « gauche de la gauche » comme pour La Gauche. Les uns participent à la gestion gouvernementale des villes de Genève, Lausanne et Neuchâtel ; les autres ont refusé de renoncer à la participation aux gouvernements.
C’est de cela qu’il faudrait être prêt à discuter avant de donner des leçons d’Unité qui sont souvent prélude à l’apologie du parti unique de triste mémoire.
Paolo Gilardi