Alors que font scandale, aux États-Unis, les révélations sur le massacre, en novembre 2005, de plusieurs dizaines de civils irakiens par des soldats américains, une nième « bavure » des troupes d’occupation en Afghanistan a provoqué des émeutes dans la capitale, Kaboul.
À l’origine de cette révolte, un accident de la circulation, provoqué par un camion militaire américain, faisant cinq morts. Le fait lui-même a été reconnu par le porte-parole de la coalition militaire, mais pas la suite, la fusillade engagée par les soldats américains contre la foule en colère, qui aurait fait au moins quatre morts. Selon le colonel Thomas Collins, les soldats américains n’auraient fait que tirer au-dessus de la foule, ce qu’a démenti le chef de la police afghane de la circulation qui affirme que les « militaires américains ont bien ouvert directement le feu ». Des centaines de personnes ont manifesté au cri de « À mort l’Amérique, mort à Karzaï et à la police ». Elles ont été violemment dispersées par des policiers et militaires afghans, ainsi que des soldats faisant partie des troupes américaines ou de celles de l’Otan. 2 000 soldats ont pris position à Kaboul, les blindés ont occupé carrefours et endroits stratégiques tandis que patrouillaient des groupes de soldats armés de lance-roquettes. Le couvre-feu a été instauré pendant plusieurs jours. Il est difficile de connaître le nombre exact des victimes de cette répression, mais il est question d’une vingtaine de morts et de 160 blessés.
Dans le même temps, la guerre contre les talibans s’est intensifiée dans le sud-est du pays, continuant ses ravages parmi la population. C’est ainsi que, dans la semaine du 22 mai, seize civils ont trouvé la mort lors d’opérations de la coalition militaire dirigée par les États-Unis. Les dirigeants de l’Otan prévoient de doubler les effectifs de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf), les faisant passer de près de 9 000 à 16 000, tandis qu’une partie des troupes américaines - 23 000 hommes actuellement - serait retirée du pays.
La France, pour sa part, est l’un des plus gros contributeurs de l’Isaf, avec près de 750 soldats engagés en Afghanistan, sans compter les missions d’assistance aéronavales exercées à partir du porte-avions Charles de Gaulle dans l’Océan indien. « En Afghanistan comme ailleurs, nos militaires paient un lourd tribut au maintien de la paix, de la liberté, de la justice et de la sécurité », a déclaré la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, à l’Assemblée nationale, le 30 mai dernier, lors d’un hommage rendu à deux sous-officiers français morts en Afghanistan.
Un mensonge cynique qui ne résiste pas aux faits eux-mêmes, lesquels ne donnent qu’un mince aperçu des souffrances et des humiliations infligées aux populations occupées.