Les syndicats autonomes
Les premiers syndicats autonomes algériens, tel le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) (3), ont fortement contribué au pluralisme politique et syndical.
Tout juste tolérés aujourd’hui, ils ont pour principe premier une autonomie complète par rapport au pouvoir et aux organisations politiques qui lui sont inféodées. Ils défendent un syndicalisme de base, démocratique et revendicatif.
Ils sont nés au début des années 1990, lors de la brève ouverture principalement dans les secteurs publics de l’éducation, de la santé et de l’administration.
Ils organisent la majorité des travailleurs de la fonction publique et représentent donc une alternative par rapport à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le syndicat officiel, même si son hégémonie n’est pas remise en cause. De plus, de nombreuses femmes se sont engagées dans ces syndicats, devenus de véritables outils de lutte pour la défense de leurs droits spécifiques.
La répression contre les autonomes
Face à cette montée, le pouvoir s’est lancé dans une politique de harcèlement, facilitée par la proclamation de l’état d’urgence depuis la guerre civile des années 1990.
Diverses stratégies sont mises en œuvre, en plus du harcèlement quotidien (mises en examen arbitraires, coupures des lignes téléphoniques, etc.), comme :
– les suspensions arbitraires sans salaire ;
– le “clonage” des syndicats autonomes ;
– les pressions sur les responsables syndicaux ;
– les fermetures de locaux syndicaux (comme le 13 mai 2010, à la veille du premier Forum syndical maghrébin à Alger, le préfet de la région a fermé la Maison des syndicats. Deux semaines plus tard, le local du CNES de Mascara connaissait le même sort).
En dehors des administrations
La constitution de syndicats autonomes en dehors des administrations demeure interdite.
Mais la vie sociale et syndicale indique que la colère et l’exaspération des travailleurs annihilent cette stratégie, comme le prouvent les cheminots qui se sont mis en grève et qui ont affirmer leur détermination en dépit du fait qu’elle ait été déclarée illégale. On peut aussi citer les travailleurs d‘Arcelor Mittal (situé la zone industrielle de Rouiba) qui tentent de renégocier la convention des branches, négociation refusée par la direction qui demande à ce que l’affaire soit traduite en justice ou encore les luttes menées par de petits collectifs contre de grandes multinationales pour faire respecter le droit syndical.
C’est en aidant et en s’appuyant sur de tels groupes que l’on pourra construire une perspective qui dépasse le cadre actuel voulu par le pouvoir algérien. Des contacts se nouent entre ces sections et les organisations syndicales autonomes et sont les prémices de ce que peut et doit être la vie syndicale en Algérie
(1) Kaddour Chouicha est l’un des fondateurs de la Coordination des sections du Conseil National des Enseignants Supérieur (CNES), Oran (Cnes-Usto)
(2) Le CISA, Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien, a été constitué en 2009 à Paris. C’est une association de droit français (loi 1901) ouverte à toutes et à tous, individus, associations et syndicats. Regroupant des syndicalistes algériens et français, mais aussi des militants des droits de l’Homme, le CISA a pour objectif de développer un réseau de solidarité internationale. Un rapport détaillé du CISA est disponible en ligne : http://www.cisa-solidaritesyndicats-algerie.org/
(3) Le Snapap et l’intersyndicale des autonomes appellent à la solidarité internationale et espèrent des campagnes de soutien, telle celle mise en place en mai sur le site de Labour Start : http://www.labourstart.org