Il est joyeusement paradoxal de voir le nouveau parti anticapitaliste se diviser en congrès pour savoir d’une part s’il importe de s’unir un peu, beaucoup ou pas du tout avec les lambeaux d’un mouvement ouvrier qui a fait toutes les républiques PS, tous les renoncements programmatiques et toutes les erreurs stratégiques des quarante dernières années, et mitone une nouvelle mouture du même jus de chaussette politique pour 2012, d’autre part si tolérer en son sein un peu, beaucoup ou pas du tout d’accomodements avec la religion musulmane serait le sésame auprès des populations de culture islamique, plutôt que ou en complément de la question démocratique et sociale.
Joyeusement paradoxal quand l’Histoire répond à toutes ces questions de l’autre côté de la Méditerranée, par tout autre chose en vérifiant et illustrant spectaculairement en deux mois ce qui compose le fondamental de la démarche du NPA à savoir que tout se joue d’abord dans la rue, par la rue, depuis la rue et sur la double question démocratique et sociale. Que c’est la rue qui a les clés, qu’elle est le préalable à toute stratégie comme le fondement de tout changement fût-il, pour l’heure, simplement démocratique et salarial (du travail, un salaire correct). Et que ce qui unit ce n’est ni un maître ni un dieu, mais la liberté et la faim. (Et que torturer la révolution avec des adjuvants : citoyenne, par les urnes etc, c’est l’émasculer).
De plus, dans les cercles historiens, il parait que les révolutions se font, à travers l’Histoire, lorsque le blé vient à renchérir à l’excès et le pain à manquer itou. Tiens donc.
Voici donc le NPA justifié, bien plus que quelqu’autre courant, et le voici, ironiquement, dans le doute et la division, dans le raidissement dogmatique pour les uns, la frilosité unitaire pour les autres, alors que la majorité relative (et pragmatique) n’a pas su défendre haut et fort et unie, ce que disent aujourd’hui les Tunisiens et les Egyptiens, qui est l’image de fabrique même des courants dont elle est issue comme du projet politique qui est le sien avec la création cahotique et chaotique certes, du NPA autour d’un programme d’urgence sociale : les luttes, les luttes, les luttes, la rue, la rue, la rue, social et démocratie, le reste est accessoire.
J’ai l’air de sourire ou de me moquer, mais pas du tout. Lancer le NPA, il le fallait bien alors que le moment nous en donnait la responsabilité. Le retournement social a pesé contre lui et peut-être un manque d’audace aux européennes. Le « haos créateur » s’est un peu étranglé. La rubiconade mélenchonnienne vint tenter d’y porter un coup d’arrêt et s’y affaire, ce qu’il faut absolument pour la gauche institutionnelle : qu’une force indépendante d’elle et des institutions, ne vienne pas enrayer les jeux policés de l’alternance, bref JLMN en une sorte de service commandé...
Non, le projet NPA n’est pas mort, il bouge encore, et très bien au de là de la mer.
Allez, ici, avanti.
Jacques Fortin