Crise ivoirienne
Nous ouvrons un dossier « crise ivoirienne ». Les lecteurs pourront y trouver les positions parfois contradictoires des différentes organisations progressistes africaines, ou de solidarité avec l’Afrique.
Il est entendu que le fait de publier ces différentes positions n’implique nullement un quelconque accord.
Cette démarche a comme seul but de mettre à la disposition des lecteurs l’ensemble des arguments sur cette crise.
« Afriques en lutte » réitère sa solidarité avec le peuple ivoirien, sa dénonciation des manœuvres de l’impérialisme notamment français et son refus de soutenir un des deux camps qui ne sont que des factions rivales de la bourgeoisie ivoirienne.
Paul Martial
20 décembre 2010
Crise ivoirienne (1) : La Côte d’Ivoire et l’Afrique à un tournant de l’Histoire ce dimanche 28 novembre 2010
Nous Africains, du continent et de la diaspora, nous rendons-nous bien compte de l’importance que revêt l’élection en Côte d’Ivoire ? Ce qui se joue en Côte d’Ivoire à partir de ce dimanche 28 novembre 2010 est bien plus qu’une élection présidentielle. L’évènement appelle à une vigilance extrême de la part des Africains et leurs amis humanistes et démocrates à travers le monde. Il s’agit d’une étape majeure dans le long processus de libération de l’Afrique et de l’Homme Africain, « Noir », sorti de l’Histoire officielle depuis plusieurs siècles par des réseaux mercantilistes armés. C’est l’une des grandes occasions insoupçonnées pour l’Afrique de desserrer le noeud coulant que cette mafia militaro affairiste internationale détient et qu’elle pousse chaque jour un peu plus autour du cou de chaque Africain. Ce n’est plus un secret pour personne qu’en Afrique, le principal maillon - relais de cette mafia internationale est et demeure encore la Françafrique, malgré une certaine mutation en cours vers une plus grosse nébuleuse déjà surnommée Eurafrique. Il ne s’agit pas seulement d’une affaire du peuple de Côte d’Ivoire, mais celle de tous les Africains. La consolidation de ce système dans un de nos pays quel qu’il soit est une menace directe sur les voisins et audelà. Dans le cas présent, les Togolais et les Burkinabés sont autant que les Ivoiriens bien placés pour savoir comment leurs différents pays servent alternativement de plateformes logistiques aux réseaux de la Françafrique contre chacun de ces pays. Faut-il encore rappeler que la principale approche de cette Françafrique repose sur la maîtrise du sommet de chaque Etat d’une Afrique taillée et morcelée à dessein ? Le sommet de l’Etat étant copté, formaté et missionné pour les intérêts de cette Françafrique. Cette stratégie a fonctionné à plein régime presque partout en Afrique, en particulier dans sa partie dite « francophone » où les peuples sans défense sont perpétuellement manipulés, écrasés et tenus en respect. Sauf pour quelques cas rarissimes parmi lesquels le peuple de Côte d’Ivoire qui, périlleusement, donne du fil à retordre au système depuis plus d’une décennie. Ce 28 novembre 2010, le peuple de Côte d’Ivoire va confier sa destinée pour les cinq prochaines années. Comme il l’a prouvé depuis plus de dix ans, il y a de quoi être rassuré qu’il ne se trompera pas entre ses propres intérêts et ceux de la mafia internationale. Aucune hésitation n’est de mise, entre d’une part la consolidation de la liberté, préalable à la créativité et au développement, et d’autre part le retour sournois à l’esclavage. L’occasion est indiquée pour dire aux chantres de la Françafrique que la diaspora africaine patriotique a l’oeil… Loin d’eux, doit être toute idée, toute tentation de créer encore de la chienlit en Côte d’Ivoire. A ce sujet, il serait malvenu que le récent et discret redéploiement de troupes françaises au Burkina Faso voisin au titre de la « lutte contre le terrorisme » soit plutôt une manœuvre en rapport avec la Côte d’Ivoire. C’est ici également le lieu de rappeler l’échec de la manipulation ethnique de « l’ivoirité », créée à la fin des années 90 par l’ancien président Henri Konan Bédié, l’un de leur protégé devenu allié d’Alassane Ouattara en lice pour ce second tour de l’élection. L’histoire retiendra également les fiascos dramatiques que représentent le coup d’Etat de 2002, la rébellion armée, les « accords » de Marcoussis, les manipulations à l’UA et à l’ONU pour mettre le pays sous tutelle, le mitraillage de la jeunesse ivoirienne à Abidjan par les forces françaises, les services du « médiateur » Compaoré du Burkina Faso, etc. De tous ces échecs, les mentors français de ce système devraient définitivement tirer les leçons et laisser enfin le peuple de Côte d’Ivoire gérer ses affaires, sous peine de décrédibiliser et de ternir à jamais l’image de la France et du peuple français non associé à leurs obscures manœuvres.
Vive la Côte d’Ivoire Libre,
Vive l’Afrique Indépendante !
Kofi Alouda,
Analyste géopolitique Membre de La Plateforme Panafricaine ppanafricaine gmail.com
Crise ivoirienne (2) : Déclaration et Appel du Bureau du Comité Directeur de l’UPC
APRES L’ELECTION PRESIDENTIELLE DU 28 NOVEMBRE 2010
Où en est la situation en Côte d’Ivoire ?
Après un premier tour le 31 Octobre 2010, le second tour du scrutin pour élire le Président de la République de Côte d’Ivoire a eu lieu le 28 Novembre2010. Les deux candidats à ce second tour étaient :
d’une part Laurent GBAGBO, combattant de très longue date pour la démocratie et la justice sociale, président sortant élu en 2000 pour cinq ans, mais qu’une tentative de coup d’état perpétrée le 19 septembre 2002, foireuse mais non entièrement défaite, a empêché de diriger le pays dans la paix, et de mettre en application le programme que lui-même, son parti le Front Populaire Ivoirien (FPI) et leurs alliés, avaient présenté au Peuple Ivoirien et qui avait valu à M. Gbagbo d’obtenir la confiance et les suffrages populaires.
d’autre part Alassane Dramane OUATTARA, ancien Directeur (Afrique) du Fonds Monétaire International (FMI) à Washington dans les années 1980, et ancien Premier Ministre de M. Félix Houphouët-Boigny. Monsieur A.D. Ouattara était Directeur (Afrique) du FMI lorsque, dans la décennie 1980 notamment, cet organisme imposait à tous les pays africains dont le Kamerun, sans regrets ni remords, mais avec une arrogance cynique, les fameux « Plans d’Ajustement Structurel (PAS) » qui valurent au FMI le surnom mérité de « Fonds de Misère Instantanée » attribué par un économiste de talent.
La Marche vers l’élection présidentielle et les résultats
Qu’on soit ou non partisan de Laurent Gbagbo et son parti le FPI, qu’on les déteste ou qu’on les aime, on ne peut nier que la voie vers cette élection présidentielle n’a été ouverte que par des démarches qui, empreintes de patriotisme et de lucidité politique, ont conduit à l’Accord dit de Ouagadougou. Un tel accord était inimaginable en septembre 2002, au lendemain du Coup d’état foireux quoique non entièrement défait ; il était encore inimaginable quelques mois plus tard, lors du traquenard en forêt de Marcoussis, cyniquement monté par les néocolonialistes connus en Afrique et au-delà.
Or donc, les démarches qui ont rendu possible l’Accord de Ouagadougou furent un exemple extraordinaire de courage et de lucidité politiques et, en même temps, de patriotisme de la part de Laurent Gbagbo et ses amis et alliés, qui acceptèrent de former un gouvernement avec ceux là même qui avaient pris les armes contre eux. L’Accord de Ouagadougou a été scrupuleusement respecté et appliqué par Laurent Gbagbo et ses amis. Alors que, dans le même temps, les auteurs de la tentative de coup d’état foireuse quoique non entièrement défaite, ont, avec leurs sponsors, refusé jusqu’à ce jour, le désarmement prévu par l’Accord ! Pourtant, malgré ce fait fondamental, qu’aucun chef d’état au monde n’a jamais accepté depuis la nuit des temps, Laurent Gbagbo et ses amis ont accepté que l’élection présidentielle ait quand même lieu, en comptant sans doute sur la maturité et la lucidité du Peuple et un minimum de bonne foi de leurs compatriotes auteurs de la tentative de putsch .
Le 3 décembre 2010, le Conseil Constitutionnel de la République de Côte d’Ivoire, organisme qui, selon la Constitution ivoirienne, est juge d’un éventuel contentieux électoral, et a seul le pouvoir de proclamer en dernier ressort les résultats définitifs de l’élection du Président du pays, a déclaré Laurent GBAGBO élu, après examen de requêtes introduites au lendemain du scrutin et des résultats provisoires rendus publics par la Commission Electorale Indépendante (CEI). Signalons que la CEI, à la suite de ses résultats provisoires, avait déclaré Mr OUATTARA élu.
Le spectre des groupes qui réagissent depuis le 3 Décembre 2010
A la suite de ces résultats officiels et définitifs légalement proclamés par le Conseil Constitutionnel, l’opinion africaine et mondiale a assisté et assiste à de nombreuses réactions. En dehors de la Côte d’Ivoire, s’est mise en mouvement pour soutenir A.D.Ouattara, une faune bigarrée où se côtoient tout à la fois, une Union Africaine (UA) pourtant incapable depuis 10 ans, d’appliquer les dispositions de sa propre Charte (article 14 et autres) sur les coups d’état ; une Organisation des Nations Unies (ONU) qui, depuis 50 ans, ne souffle jamais un mot devant les centaines d’élections grossièrement truquées que de nombreux, trop nombreux dictateurs à travers l’Afrique et aussi en Asie, organisent à répétition ; une Union Européenne (UE) en majorité négrière et hypocrite mais toujours prompte à donner des leçons de morale, de droits de l’homme et de démocratie et patati et patata ; sans oublier un gouvernement américain irrésistiblement attiré par les perspectives pétrolières ouvertes par les récentes découvertes d’hydrocarbures en Côte d’Ivoire et au Ghana voisin.
Ce que tout ce monde veut, en dehors de l’UA, c’est imposer à la tête de la Côte d’Ivoire un Président et un gouvernement de béni oui oui qui, comme dans de nombreux pays africains, vont continuer à permettre l’exploitation séculaire des grandes richesses du pays, le blocage du développement des grandes potentialités qu’il recèle, et le maintien du Peuple et notamment la vaillante jeunesse ivoirienne dans la misère et la pauvreté. Pour sa part, ce que l’UA veut, c’est que les Peuples Africains et en particulier la jeunesse de tout le Continent, oublient que l’Union Africaine est de plus en plus empêtrée dans la voie de l’impotence qui fut celle de la soi-disant Organisation de l’Unité Africaine (OUA) de 1963 à son autodissolution il y a bientôt 10 ans.
A propos de l’ONU, c’est un devoir patriotique et panafricain le plus strict pour l’UPC, d’informer la jeunesse de tout le Continent, en rappelant à l’opinion africaine que :
1°) C’est cette même ONU qui se fit complice des néocolonialistes français en mars 1959 en refusant la proposition raisonnable de l’UPC et des autres patriotes kamerunais, d’organiser AVANT la proclamation de l’indépendance, des élections générales sous la supervision de l’ONU puisque le Kamerun était un pays sous tutelle de l’organisation internationale ! Les néocolonialistes français ne voulaient pas de ces élections puisqu’ils savaient que l’UPC aurait alors balayé leurs protégés. L’ONU suivit la position des néocolonialistes, ce qui accoucha du monstre politique que le Kamerun vit depuis 50 ans.
2°) C’est cette même ONU qui approuva de fait, en 1960-61, l’accord secret anglo-français de partage des zones d’influence dans le Kamerun dit anglais et sabota ainsi la réunification de notre pays qui était un des points clés du programme nationaliste, ce qui se traduisit par le rattachement du « Northern Kamerun » au Nigéria à l’issue d’un scandaleux plébiscite où des dizaines de milliers de citoyens nigérians votèrent sans évidemment en avoir la qualité ni le droit. Tout ceci sans que l’ONU dise un seul mot de désapprobation.
3°) C’est cette même ONU qui, appelée au Congo en juillet 1960 par le gouvernement légitime et légal de Patrice Eméry LUMUMBA pour l’aider à mâter la rébellion katangaise, se fit plutôt le complice cynique de la neutralisation infâme de Lumumba, suivie de l’assassinat crapuleux de ce dernier et de ses compagnons Okito et Mpolo par le groupe de Mobutu, Tschombe, Munongo, Nendaka et d’autres. Dans ces actes odieux, l’ONU était évidemment de connivence avec toutes les grandes puissances occidentales qui crient depuis le 3 Décembre 2010 contre Laurent Gbagbo et ses amis en Côte d’Ivoire. Et il faut dire clairement que si M. Ban Kin Moon, Secrétaire Général actuel de cette ONU, persiste dans la voie qu’il semble avoir décidé de suivre depuis quelques jours pour plaire aux ennemis de l’Afrique une fois encore coalisés, il ne sera pas facile pour lui d’échapper à la même fin que son prédécesseur Dag Hammarskjoeld en 1960 au Congo. Car il doit savoir qu’en Afrique, chez les Bantu, « les vivants et les morts nous observent et nous jugent » (Félix Roland Moumié).
La signification profonde de toutes ces prises de position sur la situation en Côte d’Ivoire, c’est la volonté farouche, jamais démentie depuis au moins 6 siècles, de poursuivre la domination de notre Continent, l’exploitation des peuples africains, l’écrasement de notre jeunesse dans la misère et la pauvreté tout en persistant dans des discours hypocrites sur « la lutte contre la pauvreté » avec la complicité de l’UA et des dictateurs qui pullulent en son sein.
Quelle position pour les patriotes militants africains ?
Face à la situation actuelle en Côte d’Ivoire, devant les forces puissantes et farouchement déterminées à écarter du pouvoir les patriotes et toutes les forces dévouées au pays et à toute l’Afrique puis à les écraser ensuite, l’heure n’est plus aux attitudes à la Ponce Pilate, à la recherche des « nombreuses erreurs de Gbagbo et ses amis » (qu’elles soient réelles ou purement imaginaires) ; l’heure n’est pas aux attitudes de spectateurs se contentant de « compter les coups provenant de chaque camp ». Car ne nous y trompons pas : ce qui se joue depuis 10 ans en Côte d’Ivoire et plus encore aujourd’hui, c’est l’avenir de tous nos pays, et de tout le Continent. Comme au Congo en 1960, comme au Kamerun en 1958-61, ce qui se joue, c’est la question de savoir si oui ou non, des patriotes dans un pays africain, peuvent prendre le pouvoir et engager ce pays dans la voie de la vraie libération, de la démocratie réelle, du progrès et de la justice sociale véritable et effective, la voie de la satisfaction progressive des aspirations du peuple de ce pays et de tous les peuples africains.
Au nom des upécistes, et convaincu d’exprimer le sentiment de l’ensemble des patriotes conscients de notre pays, le Bureau du Comité Directeur de l’UPC lance un Appel Solennel à tous les militants progressistes, à tous ceux qui, en Afrique, se reconnaissent dans les idéaux du Panafricanisme Révolutionnaire, dans l’héritage historique toujours actuel légué par la multitude des grands héros africains du 20è siècle : Osagyefo Kwame Nkrumah, Ruben Um Nyobe, Didan Kimathy, Barthélémy Boganda, Ouezzin Coulibaly, Patrice Lumumba, Félix Roland Moumié, Ernest Ouandié, Amilcar Cabral, Eduardo Mondlane, Samora Machel, Hoji ia Henda, Agostinho Neto, Oliver Tambo, Chris Hani, Cheick Anta Diop, Mongo Beti, etc,etc.
L’UPC les adjure de prendre rapidement et clairement position sur la situation en Côte d’Ivoire, en soutenant Laurent Gbagbo et ses amis et camarades, le candidat de La Majorité Présidentielle sortante ayant été légalement proclamé élu par le Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire.
Depuis le Kamerun, l’UPC appelle spécialement toute la jeunesse à travers tout le Continent, et lui demande d’apporter son soutien multiforme, ferme et fraternel, à la vaillante jeunesse ivoirienne qui a déjà payé très cher son engagement patriotique depuis 8 ans, pour que triomphent les idéaux panafricains d’indépendance et de souveraineté nationale, de démocratie et de justice sociale. En 2011, des élections sont aussi attendues au Kamerun, en République Centrafricaine et ailleurs sur le continent. Les donneurs de leçons hypocrites de la soi-disant « Communauté Internationale » autoproclamée vont approuver avec cynisme et hypocrisie tous les tripatouillages déjà entamés auxquels vont se livrer les dictateurs corrompus accrochés parfois depuis plus de 30 ans au pouvoir. Ils enverront des « observateurs impartiaux et neutres, objectifs », qui s’enfermeront dans des hôtels de luxe de Douala, Yaoundé ou ailleurs, puis ils publieront des rapports selon lesquels « certes quelques irrégularités ont été enregistrées ; mais celles-ci sont restées limitées et mineures, et ne furent pas de nature à influencer sérieusement les résultats du scrutin ». Puis la tragi-comédie reprendra pour 5 ans, 7 ans, 10 ans. L’UA se taira, comme d’habitude.
Aujourd’hui, malgré des difficultés et face à une situation très difficile pour le camp des patriotes véritables en Côte d’Ivoire, les choses ne sont pas confuses du tout. La situation est suffisamment claire pour que chaque Africain puisse se décider et prendre position.
C’est le camp de Laurent Gbagbo et ses amis et leurs alliés, qui incarne des perspectives de marche en avant du Peuple Africain de Côte d’Ivoire et notamment de sa jeunesse ; des perspectives de démocratisation continue du pays, pour laquelle le FPI et ses dirigeants ont vaillamment lutté et subi la répression pendant 30 ans. C’est le camp de Laurent Gbagbo qui représente en Côte d’Ivoire le potentiel le plus solide pour une politique de progrès et de justice sociale. C’est ce camp qui est le camp du vrai passé de lutte et de liberté de l’Afrique, d’un présent de dignité, et d’un futur de souveraineté véritable de nos peuples et de notre continent : c’est le camp de l’honneur de l’Afrique.
Nous appelons la vaillante et intrépide jeunesse de tout le Continent, les femmes et les hommes de tous les médias d’Afrique, tous les Peuples Africains, à soutenir par tous les moyens à la disposition de chacun, le camp de Laurent Gbagbo et ses amis. Car c’est le camp de l’Afrique éternelle.
DOUALA, le 5 Décembre 2010
Pour le Bureau du Comité Directeur de l’UPC
MASSONGO Barnabé Melvin Président de la Xe Session
MANG Louis Marie Secrétaire de la Xe Session
Docteur Samuel MACK-KIT Président de l’UPC
Professeur MOUKOKO PRISO Secrétaire Général
TCHUANYO Martin Vice Président
EKOTO EFA Christine Secrétaire Nationale aux Relations Panafricaines et Internationales
Crise ivoirienne(3) : Déclaration du PARTI COMMUNISTE DU BENIN (P.C.B)
A PROPOS DE LA SITUATION ACTUELLE EN CÔTE-D’IVOIRE
La Côte d’Ivoire vient d’achever ses élections présidentielles, les élections les plus chères du monde et la CEI (Commission Electorale Indépendante) le jeudi 2 décembre 2010 a déclaré Laurent GBAGBO battu. Le lendemain, le Conseil Constitutionnel, chargé par la Constitution en vigueur de proclamer les résultats définitifs, invalide la CEI en ce qu’il a publié les résultats provisoires plus de 72 h après et après avoir annulé les votes dans 7 départements surtout du nord et du centre, proclame GBAGBO vainqueur. L’ONU-CI et à sa suite les puissances occidentales rejettent les résultats du Conseil Constitutionnel et disent ne reconnaître que les résultats de la CEI avec OUATTARA comme le seul élu légal au nom du droit « de certification » des élections en Côte-d’Ivoire à elle conféré par les accords de Ouagadougou. Chaque protagoniste s’accroche aux résultats qui le proclament vainqueur. Résultat : un pays, deux présidents avec le risque à nouveau d’une guerre civile.
Tous les Béninois se sont intéressés à ces élections et à leur résultat comme s’il s’agissait d’élire le Président du Bénin. Les Béninois se sont passionnés pour ces élections et ont applaudi (presque) la défaite de GBAGBO, parce que pour eux GBAGBO comme tyran du peuple est l’homologue du tyran béninois, Boni YAYI et la défaite du premier préfigure celle du second ; parce que le peuple sait que tout comme GBAGBO, YAYI s’accroche et s’accrochera bec et ongles au pouvoir et ils souhaitent vivement une fin pareille à YAYI. C’est bien et c’est juste, sauf que les deux cas sont différents.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement français et les autres puissances occidentales ont fait le choix de OUATTARA pendant comme après la guerre civile et le soutiennent ; au Bénin, Boni YAYI est jusqu’à nouvel ordre le choix de l’impérialisme français appuyé par l’Union Européenne et le PNUD. En Côte-d’Ivoire, la CEI a le droit de donner des résultats provisoires. Au Bénin, la CENA, l’homologue de la CEI, non. La CENA ici n’a pour rôle que de collecter et de compiler les résultats qu’elle transmet à la Cour Constitutionnelle qui publie les résultats provisoires en s’autorisant des annulations de vote, reçoit les réclamations et proclame les résultats définitifs. Ici, la Cour Constitutionnelle est dans les mains de DOSSOU Robert et de HOLO Théodore, agents de l’impérialisme français, soutien de Boni YAYI.
Un ancien Président du Bénin, KEREKOU, qui sait bien de quoi il parlait a pu dire que le Président du Bénin ne se choisit pas au Bénin mais à Paris. Et cela est vrai dans le contexte actuel africain où les élections se font à coup de corruption, d’achat des votes, de fraudes, d’intimidation et de mensonges ; ce sont toujours les personnes soutenues politiquement, médiatiquement, financièrement et parfois militairement par l’impérialisme dominant (français dans le cas de la Côte d’Ivoire et du Bénin) qui gagnent ou qui sont déclarées vainqueur (cas du Togo, du Gabon et du Burkina-Faso). Et comme il est bien établi qu’au Bénin sous le Renouveau et ailleurs en Afrique, pour les élections, ce n’est pas toujours celui qui, dans l’urne, a eu le plus de voix qui est déclaré vainqueur par les institutions chargées de proclamer les résultats, ces institutions sont utilisées ou ignorées ou mises en concurrence selon les cas afin que le candidat préféré gagne.
Dans le cas de la Côte-d’Ivoire 2010, les Français avaient fait leur choix avant le scrutin et c’était OUATTARA et ils ont mis et mettent tout en œuvre pour qu’il triomphe et accède au palais présidentiel pour servir leurs intérêts. Toute la « communauté internationale » est mobilisée à cette fin et on a même inventé un concept nouveau : la certification du résultat par l’ONUCI qui se place ainsi au-dessus des instances nationales, comme si la Côte-d’Ivoire était sous protectorat. Il est donc en tout cas inadmissible pour tout patriote et démocrate cette ingérence des puissances étrangères en Côte-d’Ivoire qui piétine sa souveraineté, ingérence allant jusqu’à des menaces d’interventions armées.
Quant à GBAGBO, derrière ses discours et airs nationalistes, il a fini de tout brader aux multinationales françaises et autres, n’a plus rien à offrir ; ses manières brutales, tyranniques et de corruption ont fini par lasser nombre de ses partisans de première heure et font de lui un agent usé et moins crédible pour les Français ; il ne peut contenir la rébellion créée par ces mêmes Français et OUATTARA, et il faut que ce dernier prenne les rênes pour éteindre le feu de la guerre allumée par eux-mêmes et stabiliser le pays. GBAGBO est lâché et doit partir.
GBAGBO doit partir mais Alassane OUATTARA est un agent patenté du capital financier international et, à ce titre, est dangereux aussi bien pour le peuple ivoirien que pour l’Afrique. Il ne fera pas moins pire pour la Côte d’Ivoire que YAYI pour le Bénin.
Cotonou, le 7 décembre 2010
Le Parti Communiste du Bénin
Crise ivoirienne (5) : Guy LABERTIT Ancien délégué Afrique du PS (1993-2006)
L’IMPASSE EN CÔTE D’IVOIRE
L’ensemble des analystes et observateurs pose la question « Comment sortir de l’impasse en Côte d’Ivoire ? ». Il faut sans doute rappeler pourquoi la Côte d’Ivoire est dans l’impasse.
QUELQUES RAPPELS POUR COMPRENDRE LA SITUATION
La Commission électorale indépendante (CEI) est une institution administrative chargée de fournir les résultats provisoires des élections, le Conseil constitutionnel étant la juridiction habilitée à proclamer les résultats définitifs.
La composition de la CEI a été déterminée à l’origine, en janvier 2003, par les accords de Marcoussis entérinés par la Conférence dite de Kléber à Paris. Des mouvements armés, aujourd’hui disparus, y étaient représentés à l’égal des formations parlementaires. Dès le départ, cette institution dite indépendante reproduisait les antagonismes de l’échiquier politique ivoirien. Cette composition a été modifiée à la marge lors de discussions ultérieures (Accra, Pretoria).
Contrairement à ce qui est souvent affirmé dans les médias, la CEI, institution ivoirienne n’est pas paritaire. Elle est éminemment défavorable au Président sortant Laurent Gbagbo, candidat de la majorité présidentielle. En effet, le présidium de la CEI fort de 5 membres compte 4 représentants pro-Ouattara contre 1 pro-Gbagbo. Il y a 16 commissaires pro-Ouattara contre 6 pro-Gbagbo. Les 19 Commissions électorales régionales sont contrôlées par des pro-Ouattara et sur les 415 commissions électorales locales, 380 sont contrôlées par des pro-Ouattara contre 35 par des pro-Gbagbo.
Pour limiter ce déséquilibre, il était convenu que la CEI fonctionne par consensus et que les résultats du scrutin soient fournis sur la base d’un double comptage, manuel et électronique.
Le Conseil constitutionnel, dont la création est un des éléments des réformes d’Etat engagées par Laurent Gbagbo pour doter le pays d’institutions juridiques conformes au standard républicain, est composé selon les mêmes procédures que le Conseil constitutionnel en France. Il est présidé et composé de juristes ivoiriens éminents et non de simples partisans comme nombre d’observateurs le laissent entendre.
LES RAISONS DE L’IMPASSE
La CEI n’a pu proclamer de résultats provisoires dans le délai de trois jours qui lui était imparti. Il revenait, dès lors, au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs sur la base des données transmises par la CEI. Alors que le Président de ce Conseil annonçait à la télévision, le jeudi 2 décembre, cette procédure, le Président de la CEI, M. Youssouf Bakayoko, non entouré des commissaires de la CEI, proclamait hors délai des résultats provisoires à l’Hôtel du Golf, devenu le quartier général du candidat du RHDP Alassane Ouattara. Il accordait 54,1 % des suffrages à Alassane Ouattara contre 45,9% à Laurent Gbagbo.
Fruit du comptage manuel, ces résultats entérinaient une fraude manifeste révélée par le comptage électronique. En effet, sur les 20 073 procès-verbaux de bureaux de vote, plus de 2000 ont été rejetés car ils comportaient un nombre de votants supérieur au nombre d’inscrits. La scène du mardi soir 1 er décembre où l’on a vu deux représentants de la majorité présidentielle empêcher le porte-parole de la CEI, proche de Ouattara, de lire les résultats des trois premières régions, (dont deux étaient d’ailleurs favorables à L. Gbagbo) s’explique par le fait qu’à ce moment les responsables du comptage électronique venaient à peine de récupérer les données après un bras de fer de 48 heures avec le Premier ministre et le Président de la CEI qui feignaient de s’étonner de cette situation. Les données ont été enregistrées par le système électronique dans la nuit du mardi au mercredi seulement. La fraude, révélée par le comptage électronique, étant manifeste dans les régions du Nord, la CEI ne pouvait plus fonctionner par consensus dans la journée du mercredi 1 er décembre. D’où la proclamation solitaire du Président de la CEI, le lendemain au quartier général du candidat Ouattara, pour frapper par avance de suspicion les décisions à venir du Conseil constitutionnel.
Le Conseil constitutionnel a fonctionné strictement sur des bases juridiques en analysant les recours déposés par la majorité présidentielle qui portaient sur environ 600 000 voix. Sur 16 des 19 régions représentant plus de 85 % de l’électorat les résultats de la CEI confirmés par le Conseil constitutionnel donnent 2 038 000 voix à Laurent Gbagbo, soit 52,6 % et 1 837 173 voix à Alassane Ouattara soit 47,39 % des voix. Les recours déposés par la majorité présidentielle et retenus par le Conseil constitutionnel ont conduit à l’annulation de 7 des 11 départements dans 3 des 5 régions du Nord, à savoir les départements de Boundiali, Ferkéssédougou, et Korhogo dans la région des Savanes, les départements de Bouaké, Dabakala et Katiola dans la région de la Vallée du Bandama, et le département de Séguéla dans la région du Worodougou. Les annulations se fondent essentiellement sur le fait que les représentants de la majorité présidentielle ont été physiquement empêchés d’accéder aux bureaux de vote ou en ont été expulsés. Cela a permis de bourrer les urnes. On constate en effet, que dans les régions du Nord, le nombre de votants est souvent supérieur au nombre d’inscrits et que le nombre de suffrages exprimés a éré encore plus important au second tour qu’au premier (+ 10,31 % dans la région du Bafing, + 13,94 % dans le Denguélé, + 10,65 dans les Savanes et + 13,62 dans le Worodougou) alors que le jour du scrutin, tous ceux qui le suivaient soulignaient que la participation était en baisse.
De plus, les éléments des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) sont sortis armés le jour du second tour alors qu’ils étaient officiellement cantonnés et désarmés depuis la fin du mois de septembre dans les camps de Bouaké, Korogho, Séguéla et Man.. Les Forces de l’ONUCI ne se sont jamais interposées et le vote s’est fait le plus souvent sous la contrainte dans les régions du Nord. Les partisans de la majorité présidentielle ont été pourchassés, soumis à des violences, leurs représentants parfois séquestrés. Une représentante a même été battue à mort à K La volonté de fraude des partisans d’Alassane Ouattara dans les régions du Nord est incontestable, même si elle semble avoir échappé aux observateurs de l’Union européenne. Les violences et irrégularités graves ont été relevées par la mission des observateurs de l’Union africaine et des témoignages très nombreux ont étayé les recours de la majorité présidentielle.
Le scrutin s’est déroulé de façon équitable dans le reste du pays et le candidat Ouattara n’a déposé aucun recours. Sur cette base, qui concerne plus de 80 % de l’électorat, il a été dit très officiellement par l’ONUCI que le scrutin était globalement démocratique, mais la fraude au Nord a été de nature à inverser les résultats du scrutin de ce second tour.
LE RÔLE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
La prise de position immédiate, le vendredi 3 décembre, du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, M. Young-jin Choï, ne reconnaissant pas les résultats donnés par la seule juridiction ivoirienne habilitée à proclamer les résultats définitifs, viole la Charte de l’ONU qui réaffirme dans son action le respect des institutions d’un pays souverain. La certification du processus électoral suppose que le déroulement du processus électoral est conforme à la Constitution et au code électoral que les Ivoiriens se sont souverainement donné.
En choisissant de valider les résultats provisoires d’une institution administrative, la Commission électorale indépendante, où la majorité présidentielle était minoritaire de par la volonté de la communauté internationale, le représentant de l’ONU a donné un signal fort à l’ensemble des puissances occidentales. En premier lieu, la France et les Etats-Unis, par la voix de leur Président respectif, MM. Sarkozy et Obama, Pourtant la veille, dans la soirée du 2 décembre, l’Elysée précisait dans un communiqué « il appartient désormais au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs dans le strict respect de la volonté clairement exprimée par le peuple ivoirien ». Ce respect signifie-t-il que le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire devait avaliser la fraude évidente des régions du Nord entérinée par la Commission électorale indépendante ? Mandaté par l’Union africaine, l’ancien Président sud-africain Thabo M’Béki a conduit une médiation de 48 heures, les 5 et 6 décembre. On sait les relations difficiles entre Thabo Mbéki et l’actuel Président sud-africain Jacob Zuma qui se sont livrés jadis un duel sans merci au sein de l’ANC. Avant même que Mbéki dépose ses conclusions, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest, fortes de 16 pays membres, (avec 7 chefs d’Etat sur 13 délégations présentes) s’est dépêchée de soutenir la position des puissances occidentales. La Russie (Tchétchénie oblige) n’a pas résisté longtemps au Conseil de sécurité, plongeant la Côte d’Ivoire présidée par Laurent Gbagbo dans un isolement diplomatique complet. Le 13 décembre, l’Union européenne s’est engagée dans un processus de sanctions.
Ce bras de fer entre la Côte d’Ivoire qui s’est remise au travail et la communauté internationale dont l’unanimisme immédiat au nom de la vertu démocratique peut sembler suspect peut déboucher sur des affrontements gravissimes. Unanimisme suspect quand on voit le pudique et assourdissant silence des Etats-Unis, de la France et de la communauté internationale face aux élections législatives en Egypte et à la réélection dans son pays du médiateur de nombre de crises africaines, M. Blaise Compaoré, avec plus de 80 % des voix dès le premier tour, lui permettant de rester à la tête du Burkina Faso pendant 28 ans. Le Président Gbagbo a-t-il commis l’irréparable en Afrique en faisant tout pour mettre en place des institutions républicaines et en laissant se développer un processus électoral de façon ouverte sur la base d’une présomption de bonne foi à l’égard de son principal adversaire politique pour qui les institutions financières internationales qu’il a servies, les Etats-Unis, la France ont toujours eu les yeux de Chimène. Cette situation sans précédent en Côte d’Ivoire pose avec acuité le rôle historique de l’ONU sur le continent africain et d’une certaine façon sa crédibilité aux yeux de tous les citoyens de la planète. Facteur de paix et de sécurité comme l’expriment ses textes ou garant des intérêts des puissances et d’un ordre mondial injuste et inégalitaire. Ce n’est que quarante ans après les indépendances africaines qu’a été mis à jour le jeu trouble de l’ONU dans l’assassinat, le 19 janvier 1961, au Congo Kinshasa du Premier ministre Patrice Lumumba, défenseur de la souveraineté de son pays. Un demi-siècle plus tard, en 2010, la méthode est plus policée pour écarter un dirigeant politique jugé indocile, même si tout son parcours s’est inscrit dans la conquête de la démocratie et la mise en place d’institutions républicaines souveraines. C’est effectivement une quasi exception sur le continent africain.
Paris, 14 décembre 2010
Guy LABERTIT
Ancien délégué Afrique du PS (1993-2006)
Auteur aux éditions « Autres Temps » de « Adieu, Abidjan-sur-Seine », les coulisses du conflit ivoirien (2008)
« Côte d’Ivoire, sur le sentier de la paix » (2010)
Crise ivoirienne (6) : La France déclare une nouvelle guerre de colonisation à l’Afrique
Les Peuples Africains en étaient encore à se poser mille et une questions sur le mauvais sort qui empêche leur patrie, l’Afrique, de s’émanciper, lorsque la réponse leur a été servie de manière magistrale par la « Communauté internationale », appellation contrôlée qui regroupe ce que AFI NGUESSAN appelle l’Axe du Mal, à savoir le Conseil de Sécurité de l’ONU, les USA et l’Union Européenne. L’Axe du Mal, c’est le résultat du rapport de forces du monde tel qu’il est aujourd’hui. L’Axe du Mal c’est la prétention des Etats-Nation capitalistes Occidentales à dominer éternellement le reste de l’Humanité et à perpétuer le système capitaliste en crise et qui donne de plus en plus des signes de mort violente. L’AXE du Mal, c’est la volonté de quelques nations occidentales à dicter leur volonté au reste du monde. Le patron de cet axe, ce sont les Etats-Unis d’Amérique, principal puissance économique et militaire de la planète. Le budget annuel de l’armée américaine équivaut au budget de défense de tous les autres pays du monde réunis. L’économie américaine comme celles de la France, du Royaume Uni et de l’Allemagne est assise sur la vente d’armes de destruction massive : aéronefs (chasseurs, avions ravitailleurs, dromes), missiles, antimissiles, radars, sous-marins, chars, mines etc.
Ces pays, soi-disant civilisés, alimentent les guerres partout dans le monde, les provoquent au besoin, aux fins de vendre les armes que leurs industries produisent. Les 5 dernières guerres les plus meurtrières ont directement été provoquées par l’OTAN, le bras armé de l’Axe du Mal. Ce sont les 2 guerres d’Irak, la guerre Iran-Irak, la guerre d’Afghanistan, la guerre des Balkans encore appelé guerre de démantèlement de la Yougoslavie socialiste et la guerre d’Angola. Des centaines de milliers de personnes sont décédées, quelques milliers de soldats occidentaux aussi pour que l’industrie d’armements occidentale tourne à plein régime.
La finalité de ces guerres, c’est certes la vente des armes, mais c’est surtout la domination que l’Occident veut exercer sur les pays tiers en les affaiblissant et en accaparant leurs richesses. Cette logique est ravivée par la crise financière du système capitaliste, crise qui menace l’existence même du système et qui a déjà mis en faillite la Grèce, l’Irlande, l’Islande, tous pays de l’Union Européenne. Les prochaines faillites sont déjà annoncées ; il s’agit du Portugal, de l’Espagne, de l’Angleterre, de l’Italie et de la France ! Ah oui, la grande et fière France pourrait bientôt recourir au FMI pour payer sa dette et combler les déficits des finances publiques. La perspective d’une telle déchéance crée la panique et la peur. Or la peur est mauvaise conseillère, d’où les gesticulations élyséennes au sujet de la Côte d’ivoire. Le Peuple Ivoirien affiche fière allure, il semble avoir compris qu’au-delà de ses problèmes somme toute normaux, se cache l’Etat français qui manœuvre, manipule, instrumentalise ONU et Union Européenne sans parler des fantoches dictateurs de la Francophilie nègre à l’instar de Compaoré élu avec 85% et Président du Burkina depuis plus de 25 ans, d’Eyadema Fils, l’Etat français donc est le véritable fauteur de trouble en Côte d’Ivoire. La France ne supporte pas l’insoumission du Peuple ivoirien. Pourquoi veut-il ce peuple, gérer son destin, décider en toute souveraineté de son avenir, résoudre ses problèmes lui-même sans recourir à l’ « expertise » des Gaulois ? En agissant ainsi, le Peuple ivoirien donne un très mauvais exemple aux autres peuples de la francophilie nègre. Que deviendrait la France sans la Françafrique, sans l’exploitation véreuse des richesses et des hommes de la francophilie nègre ?
M. Sarkozy, l’actuel patron de la Françafrique a été jusqu’à sommer le Conseil de Sécurité d’envoyer une armée déloger Gbagbo du palais de Cocody ! Hallucinant ! Le petit Sarko se sent les ailes de chef colonisateur. Il engage son pays sans requérir l’avis du grand Peuple français, dans une guerre coloniale en plein 21e siècle ! Le nouveau Napoléon croit à la France éternelle, grande puissance, appelée à jouer dans la cour des grands, malgré la réalité qui fait poindre à l’horizon de véritables nouveaux grands : la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie, le Vietnam, l’Iran. Et l’Afrique ? Pour Sarkozy comme pour l’Axe du Mal, l’Afrique n’existe pas. Elle n’a d’ailleurs jamais existé. « Elle n’est pas entrée dans l’Histoire » dixit Sarkozy. D’où la surprise par Gbagbo comme hier par Sankara. Ces 2 nègres osent parler de dignité, de souveraineté africaine. On convoque Gbabo à Paris pour assister au cinquantenaire du triomphe de la France sur l’Afrique, il décline l’invitation. Paris enrage. On lui fera la fête avec l’élection présidentielle. Bien que le pays soit en état de guerre, que les rebelles occupent la moitié nord du pays, l’Axe du Mal impose les élections. Le résultat était connu d’avance. On vote au Sud, on triche au Nord. Gbagbo dénonce le mauvais jeu et les malfaiteurs sont pris la main dans le sac. Dans une indécence et un mépris des Ivoiriens à nuls autres pareils, l’Axe du Mal décide de désigner le Président de la Côte d’Ivoire. Les médias français : France 24, RFI, LCI, Le Monde, Le Figaro etc. alimentent une campagne de désinformation et de haine contre Gbagbo.
La France veut la guerre, elle veut en découdre avec le Peuple ivoirien et son président. La majorité des Africains s’inquiètent de ce nième complot de la France contre l’Afrique. Les massacres des Algériens, des Malgaches, le génocide du Rwanda, les assassinats de Um Nyobe et Moumie, les massacres du quartier Congo à Douala, des pays Bassa et Bamiléké au Kamerun, l’expédition de Kolwézi pour maintenir le sanguinaire Mobutu au pouvoir, celle de Libreville au Gabon pour maintenir Léon Mba au pouvoir, la désignation d’Ali Bongo comme Président en place et lieu de Maboundou etc ; tous ces crimes et complots restés impunis bien que dénoncés par les patriotes africains ne suffisent donc pas à la France. Cette dernière veut poursuivre son œuvre de destruction de la patrie africaine. L’heure est donc au sursaut. Il ne s’agit point de discutailler sur les chiffres de l’élection ivoirienne, il s’agit de sauver la patrie contre l’envahisseur. La France a déclaré la guerre à l’Afrique, elle veut occuper militairement notre patrie en utilisant des mercenaires à la peau noire.
Levons-nous et défendons notre patrie et notre dignité. Défendons notre droit à résoudre nos problèmes sans que l’Axe du Mal s’ingère dans nos affaires. Notre culture est une culture de la palabre, nous pouvons et nous savons résoudre nos problèmes. Nous pouvons construire la démocratie et nous l’aurons d’ailleurs déjà construite dans bon nombre de nos pays si la France et l’Axe du Mal ne s’étaient ingéniés à nous imposer des solutions désastreuses du genre dictateurs francophiles, soutiens militaires aux béni-oui-oui, corruption à grande échelle des élites francophiles ou occidentalophiles, appauvrissement de nos populations par l’exploitation de nos richesses, plans d’ajustement structurel, privatisations sauvages etc.
L’Afrique aux Africains ! Les Africains et notamment les Jeunes n’accepteront pas une seconde colonisation. Nous nous battrons pour que l’Afrique soit enfin indépendante, libre et démocratique.
Abanda Kpama
Président National du Manidem
Crise ivoirienne (7) : Lumumba, Um Nyobé, Gbagbo : l’ONU, liquidatrice des leaders africains ( Pour comprendre la position actuelle de l’ONU)
L’ORGANISATION des Nations unies (Onu), fondée à la fin de la guerre de 1939-1945, s’est fixé pour but, entre autres, de veiller au maintien de la paix entre les peuples et les nations, et de permettre la coopération entre les Etats. Et elle le dit à qui veut l’entendre. Pour elle, tous les Etats sont égaux en droits. Voire.
Dès 1946, traitant du sort des anciennes colonies allemandes que la Société des nations (Sdn) avait placées « sous mandat de la Sdn », l’Onu décida de faire de ces anciennes colonies des « pays sous tutelle de l’Onu ». Tel fut le cas du Kamerun, du Togo, mais aussi de la Namibie, etc. Mais ensuite ?
Plusieurs personnes vous diront que l’Onu rend de nombreux services aux peuples africains, qu’en ce moment même elle intervient au Darfour et en d’autres contrées de notre continent, et qu’en conséquence, il ne faut pas oublier ce rôle positif de l’organisation, sans parler des actions de ses agences spécialisées comme l’Unicef, le Pam, l’Onudi, l’Unesco, etc. Donc, concluront ces personnes, « il ne faut quand même pas exagérer ». Je me propose de suggérer ici que ces personnes ne voient que l’arbre qui cache la forêt. Elles refusent de voir, ou font semblant de ne pas voir, le rôle de l’Onu dans des situations décisives pour le présent et l’avenir des peuples africains. Car, même l’être humain le plus méchant et le plus vil, a certains côtés positifs et humains ; il lui arrive parfois de poser des actes positifs. Mais ce qui est important quand on apprécie un être humain, c’est l’aspect dominant, ce qui est fondamental. Et en ce qui concerne l’Onu et son rôle en Afrique depuis 60 ans, depuis sa fondation, c’est ce que je m’en vais essayer de mettre en lumière en examinant trois cas.
L’Onu au Congo en 1960-1961
Le 30 juin 1960, le Congo, ancienne colonie de la Belgique, recouvrait son indépendance juridique. L’éveil du mouvement national en Afrique avait contraint la Belgique aussi, à admettre le principe de l’indépendance de ses colonies dont le Congo était de loin le fleuron. Parmi les nationalistes congolais, il y avait en gros deux groupes de forces politiques : il y avait les partis du nationalisme frelaté ou nationalisme avec la bouche comme le désignait Um Nyobé ; et il y avait les partis du nationalisme africain radical, le véritable nationalisme congolais, celui que les peuples soutenaient à travers tout le continent, et notamment au Congo. Ce qui séparait ces deux groupes, c’était le sens profond qu’il fallait donner à l’indépendance du Congo. Le camp du nationalisme frelaté pensait à une indépendance frelatée, une indépendance que pouvaient accepter la Belgique et l’ensemble du monde occidental ; c’était une indépendance qui laisserait la liberté à ces derniers de continuer comme avant, à voler et piller les richesses du Congo et de l’Afrique. Les principales figures de ce camp s’appelaient Joseph Kasavubu, Moïse Tschombe, Albert Kalonji, etc.
Le camp du nationalisme africain véritable voulait une vraie indépendance, une indépendance radicale, qui donnerait désormais la liberté au peuple congolais de contrôler ses richesses pour le bien de tous dans l’unité avec les autres peuples africains. Les principales figures de ce camp s’appelaient Patrice Lumumba, Antoine Gizenga, etc. La question centrale de la forme du futur Etat du Congo indépendant était un des points de désaccord fondamental entre les deux camps : Lumumba et ses amis voulaient un Congo uni, unitaire et démocratique. Kasavubu, Tschombe et consorts voulaient une fédération lâche et même une confédération. Car il fallait laisser chaque province faire ce qu’elle voulait avec les richesses de son sous-sol et les autres richesses. Mais tout le monde savait que derrière ces idées des nationalistes frelatés, ce qui se jouait, c’était la question de savoir si oui ou non, on allait laisser les sociétés colonialistes comme la toute puissante Union minière du Haut Katanga continuer à dominer l’économie du pays. Et tout le monde savait que c’est l’Union minière du Haut Katanga et ses alliés, qui soufflaient leurs théories aux nationalistes frelatés qu’on avait rebaptisés « les modérés », tout comme les rebelles putschistes de Côte d’Ivoire ont été rebaptisés « Forces nouvelles » pour paraître plus fréquentables…
P. E. Lumumba
Les Belges organisèrent des élections avant la date de proclamation de l’indépendance. Les nationalistes radicaux gagnèrent les élections organisées par les Belges, sans la présence des « observateurs internationaux » qu’on n’avait pas encore imaginés. Le parti de Patrice Lumumba, le Mouvement national congolais (Mnc) sorti premier des élections ; il était donc premier à l’Assemblée. Donc, normalement, le chef du Mnc devait devenir chef du gouvernement congolais. Mais les Belges organisèrent un pré-Marcoussis, une étape vers l’autre Marcoussis : on l’appela la Table ronde belgo-congolaise à Bruxelles. Avec tous les chefs politiques congolais. L’OK Jazz de Luambo Makiadi et l’African Jazz de Kabasele immortalisèrent cette table ronde dans l’inoubliable chef d’œuvre musical « Indépendance Cha Cha… ». Au cours du traquenard de Bruxelles, les Belges et leurs amis réussirent à imposer un bicéphalisme au sommet du futur Etat congolais : Kasavubu fut nommé président de la République pour bloquer l’action du Premier ministre Patrice Lumumba, dans tous les cas où celui-ci tenterait de faire quelque chose de déplaisant pour l’Occident.
Le 30 juin 1960 donc, l’indépendance du Congo fut proclamée, et déjà, Lumumba ne fit pas plaisir aux Belges. Il ne s’écoula donc pas dix jours, dix, et le 9 juillet, Moïse Tschombé et ses amis proclamèrent l’indépendance du Katanga. Immédiatement après, les partisans de Kalonji au Kasaï assassinèrent Joseph Mbuyi, un des dirigeants nationaux du Mnc de Lumumba.
Dans ces conditions, et alors que tout ce qui tenait lieu d’armée congolaise était encore sous le commandement d’officiers belges, le gouvernement congolais dirigé par Patrice Lumumba demanda à l’Onu de l’aider, y compris militairement, à mâter la rébellion tschombiste. Mais quand l’Onu envoya des « casques bleus », sous commandement louche au Congo, les troupes de l’Onu firent exactement le contraire de ce pourquoi elles avaient été appelées. Par exemple, alors que Kwame Nkrumah avait dépêché 3 bataillons ghanéens à Léopoldville (comme s’appelait alors Kinshasa), ces soldats ghanéens ne purent même pas protéger Lumumba et ses amis et camarades, car les soldats étaient obligés d’obéir aux ordres contraires du commandement onusien. L’Onu laissa le traître Mobutu, sorti du néant par Lumumba, faire tranquillement son coup d’Etat, après que la décision d’éliminer Lumumba eût été prise par les gouvernements belge, Us, français, anglais et leurs amis et complices. Ceux-ci aidèrent Mobutu à monter des unités à sa dévotion pour le coup d’Etat, pour arrêter Lumumba, et l’expédier au traître Tschombé et sa clique du Katanga. La mort de Patrice Lumumba fut annoncée à l’opinion mondiale le 17 janvier 1961, en même temps que celle de ses compagnons Joseph Okito, président du Sénat, et le colonel Mpolo, chef d’état-major, deux lumumbistes intransigeants et incorruptibles comme Joseph Mbuyi, des nationalistes africains qui ne se demandaient jamais « on va faire comment ? » Luambo Makiadi produisit un autre chef-d’œuvre : « Liwa ya Lumumba ». Au final, l’Onu ne fit strictement rien de positif du point de vue du nationalisme africain dans cette affaire. Elle fut totalement au service de l’impérialisme occidental. Son Secrétaire général de l’époque, le Suédois Dag Hammarskjöld, se livra à un nombre si élevé de magouilles, qu’il finit par perdre la vie dans un curieux accident d’avion près de N’dola, dans ce qui s’appelait alors encore la Rhodésie du Nord (actuellement Zambie).
Une fois Lumumba et ses camarades tués, la chasse aux lumumbistes et aux autres nationalistes radicaux se poursuivit, le pays étant désormais aux mains des agents occidentaux dits « modérés ». L’Onu se prêta alors au jeu cynique qui consista à monter « le maréchal Mobutu » et à l’imposer à la tête du Congo plus ou moins unifié par une réduction de la sécession katangaise. Car étant donné qu’on pouvait désormais contrôler tout le pays, cette rébellion katangaise ne servait plus à rien. Voilà en bref pour l’Onu au Congo.
L’Onu au Kamerun en 1959-1961 et 2006
Le Kamerun était, selon l’Onu elle-même, un pays sous tutelle de l’Onu. Or, dès 1946, l’Onu fut à deux doigts d’admettre que le Kamerun soit traité par la France comme « partie intégrante de l’empire colonial français ». La manœuvre n’échoua que de justesse, grâce à l’action déterminée des Kamerunais vigilants et le soutien de progressistes au sein de l’Onu. Mais ce ne fut qu’un succès au plan juridique ; car dans les faits, les colonialistes français traitèrent toujours la partie du Kamerun qui leur avait été confiée pour la tutelle, comme une colonie de leur empire. De façon analogue, la Grande-Bretagne, plus connue sous le nom d’Angleterre, fit tout son possible pour intégrer la partie du Kamerun qu’elle avait en tutelle, à sa colonie du Nigeria. Et l’Onu fermait les yeux avec pudeur et cynisme. Ainsi, par exemple, au terme d’une analyse pertinente et qui ne manque pas de rigueur, l’historien antillais de langue anglaise Richard Joseph indique ce qui suit : « A chaque fois que Um Nyobé se présentait aux Nations unies, la France mettait en avant des délégués camerounais qui tournaient en dérision l’idée d’unification. Il y avait donc de multiples obstacles : l’idée de réunification des Cameroun n’emporta jamais l’adhésion des Nations unies. Tous les adversaires politiques de l’Upc s’y opposaient avec véhémence… Si aujourd’hui les Cameroun sont unifiés, tout le mérite en revient à l’Upc qui réussit à imposer à tous les Camerounais, et même à ses adversaires politiques, cette idée comme un corollaire nécessaire de l’indépendance du Cameroun ». (in Richard Joseph : Le Mouvement Nationaliste au Cameroun, éditions Khartala, Paris, 1986, page 223). Au mois de mai 1955, les colonialistes français se livrent à des massacres sur les Kamerunais, et ils osent en tirer prétexte pour bannir l’Upc le 13 juillet suivant : l’Onu, qui avait pourtant reçu de nombreux pétitionnaires kamerunais avant cette année-là, ne dit mot ; elle laissa faire les colonialistes français comme s’il s’agissait de leur empire colonial. En 1959, un premier référendum est organisé par l’Onu dans le « Northern Kamerun », c’est-à-dire la partie nord du morceau du Kamerun que l’Onu avait confié au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, communément appelé l’Angleterre. A cette date, le Nigeria n’était pas encore indépendant. Mais il était évident pour tout observateur lucide et attentif, que la France et l’Angleterre s’étaient déjà entendues à propos du Kamerun afin de : (1°) combattre farouchement et sans quartier l’Upc et tout nationalisme radical au Kamerun ; (2°) laisser le Northern Kamerun sous influence anglaise via un rattachement de cette partie au Nigeria, et laisser le Southern Cameroon tomber sous influence française via une réunification avec le « Cameroun français » néo-colonial, puisqu’il était clair que la revendication upéciste de réunification ne pouvait être totalement évitée.
La conclusion de cet accord anglo-français fut que, au référendum onusien de 1959, l’Onu s’arrangea pour poser une question piège qui était la suivante : « électeurs, électrices, voulez-vous être rattachés à la fédération du Nigeria ou alors renvoyer la décision à plus tard ? ». On ne parlait donc même pas de la réunification du Cameroun, qui était une revendication centrale du nationalisme radical kamerunais, et que soutenaient des milliers de nos compatriotes de ce Northern Kamerun. Devant une telle alternative piégée, les électeurs votèrent à une large majorité pour renvoyer la décision à plus tard, et l’Onu rougit de honte, mais jura qu’elle saurait mieux s’y prendre la prochaine fois.
En attendant ce nouveau référendum, en février-mars 1959, se tint à New York une session spéciale de l’Assemblée générale de l’Onu sur le Kamerun. Le principe de l’indépendance du pays avait enfin été accepté, y compris par la France : en effet, comme après l’assassinat de Lumumba au Congo, les colonialistes français, ayant assassiné Ruben Um Nyobé le 13 septembre 1958, considérèrent que désormais, ils pouvaient se fier à leurs « modérés du Cameroun ». On pouvait donc leur confier l’indépendance. La question centrale que l’Assemblée générale de l’Onu avait à trancher était la suivante : fallait-il organiser des élections générales libres avant l’indépendance, comme le demandait le camp du nationalisme véritable au Kamerun, ce qui supposait le rétablissement de l’Upc dans la légalité ; ou alors refuser de telles élections, comme le demandait la France qui voulait donner le pouvoir à ses moutons ? Aussi étrange que cela puisse paraître, l’Onu refusa d’organiser des élections avant l’indépendance, et même de superviser des élections avant l’indépendance. Toute honte bue, l’Onu s’aligna derrière la France et ses alliés et complices. Du jamais vu : les champions de la « liberté » et des élections libres à Bornéo et aux Iles Caïmans, en Urss et en Chine Populaire, chez les Papous et au Nord Kalimantan, etc, refusaient d’organiser des élections libres et démocratiques dans un pays sous tutelle de l’Onu.
En 1961, dans le Northern Kamerun à nouveau, là même où, deux ans auparavant, les Kamerunais avaient, à une large majorité, voté contre le rattachement au Nigeria et préféré renvoyer la décision là plus tard pour ne pas tomber dans un piège posé par l’Onu, celle-ci organisa un second plébiscite qui fut totalement scandaleux : les Anglais s’allièrent au Nigeria devenu indépendant entre temps, pour faire voter des dizaines de milliers de Nigérians en territoire kamerunais. Et l’Onu eut le toupet et assez de cynisme pour entériner les résultats de cette mascarade : le « oui au rattachement au Nigeria ». C’était pratiquement le genre de référendum que Wole Soyinka demandait il y a quelque temps pour Bakassi, montrant par là même, qu’on peut être écrivain de talent sans que cela soit une garantie suffisante contre le chauvinisme et la réaction politiques les plus méprisables. Justement à propos de Bakassi avec l’Onu. A l’instigation ou avec l’accord de l’Onu, la Cour internationale de justice de La Haye a rendu un arrêt clair et net qui reconnaît que Bakassi est un territoire kamerunais. Le gouvernement nigérian de monsieur Olusegun Obasanjo refuse de quitter ce territoire qu’il occupe militairement. Que fait l’Onu, dont la Cour de justice de La Haye est un organe constitutionnel ? Elle s’acharne sur la Côte d’Ivoire pour fuir Bakassi et ne rien faire à ce propos. Que font les pays de la prétendue « Communauté internationale » qui manipulent à loisir le Conseil de sécurité de l’Onu en usant de leur anachronique et anti-démocratique droit de véto, vestige d’un autre âge ? Ils pompent le pétrole à Bakassi tout en essayant de berner les Kamerunais comme quoi le pétrole de leur pays est épuisé. Voilà un peu pour le Kamerun et l’Onu.
L’Onu et la Côte d’Ivoire en 2000-2006
En l’an 2000 eurent lieu des élections libres en République de Côte d’Ivoire. Un président fut élu à la régulière, et librement, par la majorité des citoyens du pays : ce président s’appelle Laurent Gbagbo. Il est, depuis son élection, le porte drapeau du camp du nationalisme africain radical dans son pays. C’est ça le fait. Avec tous les patriotes et démocrates ivoiriens sérieux, Laurent Gbagbo a engagé de nombreuses réformes positives, conformément à ce que son parti, le Front populaire ivoirien (Fpi) et lui-même, avaient promis de faire au peuple de Côte d’Ivoire. Cela supposait une certaine remise en cause des positions néo-colonialistes de tel ou tel pays étranger en Côte d’Ivoire. Or donc, en 2002, quelques personnes, dont certaines avaient été auparavant battues à la régulière dans des élections locales libres, prirent les armes contre ce pouvoir légitime et légal, tout comme Tschombé et consorts en 1960 au Congo. Dans une tentative infâme de coup d’Etat dont tous les observateurs sérieux virent peu après qu’il avait été commandité.
Au lieu de condamner une telle aventure criminelle, l’ex-puissance coloniale, et pour cause, monta un traquenard de tueurs de Sioux en plein midi, à l’orée d’un bois à Marcoussis, et poussa le cynisme jusqu’au point de vouloir imposer au peuple de Côte d’Ivoire, à la tête des ministères-clés de la Défense et de l’Intérieur, les chefs du coup d’Etat qui avait échoué. Avec une rapidité qui rappelait la percée des divisions de Panzer de Guderian en mai 1940 dans les Ardennes, cette puissance ex-coloniale déploya des milliers de soldats de son armée dans le pays, le long d’une ligne de partage visiblement conçue pour protéger les putschistes contre les efforts légitimes de l’armée nationale et loyale, visant à mettre fin à la rébellion. Face à tout cela, l’Onu, pourtant prompte à réunir son Conseil de sécurité toutes affaires cessantes quand il s’agit de décider d’agressions contre les pays dominés ou pouvant l’être, l’Onu donc, garda un silence de crapauds dans une marre où l’on vient de jeter une grosse pierre. Il est vrai que l’Union africaine, dont la Charte condamne explicitement et clairement la prise de pouvoir par des moyens non constitutionnels et notamment des coups d’Etat, l’Ua donc, s’est totalement déculottée face aux menées néo-coloniales de la puissance en question. Et lorsque, dans un élan salutaire, le président de la République d’Afrique du Sud, désigné médiateur de l’Ua dans cette affaire, constata que les putschistes constituaient l’obstacle majeur pour ne pas dire unique à un retour à la normale et à la paix. L’Onu se mit à manœuvrer pour écarter de fait le président Thabo Mbeki de l’affaire. Dans un effort supplémentaire absolument cynique, l’Onu décida de jouer les maquilleuses de service, en transformant l’occupation militaire néo-coloniale française en une prétendue et hypocrite « force de l’Onu en Côte d’Ivoire ». Dans une agitation fébrile rarement vue dans les annales des relations internationales, et pêle-mêle, on réunit rapidement le Conseil de sécurité pour concocter une résolution avec comme arrière-pensée, de renverser par petits pas le président et le pouvoir légitime et légal de Côte d’Ivoire, et on monta un soi-disant « Groupe de travail international (Gti) » rassemblant des gens dont nul ne se souvient de les avoir jamais vus se présenter à une quelconque élection libre, et qui, simplement, ont passé l’essentiel de leur vie en d’interminables stages de dressage dans des institutions internationales néo-coloniales. Et ce Gti, qui pourrait bien s’appeler « groupe terroriste international », a eu l’incroyable audace de vouloir congédier l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire pourtant, elle, normalement élue par le peuple ivoirien. Face à tout cela, l’on a vu la voix la plus autorisé de l’Onu, celle du secrétaire général de cette organisation, se posant en « oncle Tom », se répandre en diatribes et menaces, passer son temps en jacassements et oeuvrant contre les patriotes africains de Côte d’Ivoire, contre les démocrates ivoiriens. Au même moment, le président d’alors de l’Union africain, qui était encore le sieur Olusegun Obasanjo, celui-là même qui s’accroche à Bakassi avec les dents du mépris d’un arrêt de la propre Cour de justice de l’Onu siégeant à La Haye, se pose en garçon de courses de la soi-disant « communauté internationale », c’est-à-dire d’une partie du monde bien connue, pour aider ces gens-là dans leur complot contre la Côte d’Ivoire et contre l’Afrique. Finalement donc, nous reposons la question du début : que veut et que fait l’Onu en Afrique depuis 60 ans ? Que veut et que fait l’Onu en Côte d’Ivoire depuis 2000 ? Ce qu’elle veut et fait en ce moment, n’est-il pas ce qu’elle voulait et faisait déjà au Congo en 1960-61, et ce qu’elle a voulu et a fait au Kamerun entre 1955 et 1961 au moins ? Le président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo et ses camarades, nos camarades, vont-ils devenir en 2006 ce que Patrice Lumumba et ses camarades furent en 1960-61 au Congo, ce que Ruben Um Nyobé fut en 1958 et Félix Moumié en 1960 ?
Telles sont quelques-unes des questions cruciales qui se posent et auxquelles renvoient les évènements en cours en Côte d’Ivoire. Toutes choses qui suggèrent des choix à tout Africain conscient de notre temps.
Secrétaire général de l’UPC Moukoko Priso
(Prononcé à l’occasion de la journée d’information sur la Côte d’Ivoire organisée par l’upc à Douala en 2006 )
Crise ivoirienne (8) : Violences en Côte d’Ivoire : La RADDHO et Amnesty exigent des poursuites
La violence perpétrée hier dans les heurts opposant le camp de Laurent Gbagbo à celui de Alassane Ouattara avec un bilan de près de 30 personnes selon certaines sources inquiète. C’est la raison pour laquelle la Rencontre africaine des droits de l’Homme et Amnesty international exigent l’ouverture de poursuites contre les responsables de la violence meurtrière en Côte d’Ivoire.
Dans un communiqué qui nous est parvenu, ces organisations des droits de l’homme condamnent avec la dernière énergie les violences des éléments des forces de défense et de sécurité, loyales à Laurent Gbagbo sur les partisans de Alassane Dramane Ouattara. Il faut noter qu’hier, le camp de Alassane Ouattara avait appelé ses partisans à marcher pour prendre possession de la radio télévision.
Quelques heures avant, le Procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, avait averti que des poursuites seraient entamées en cas de violences meurtrières. C’est pourquoi, ces deux organisations des droits de ‘homme appellent le patron de la CPI à agir.
Par ailleurs, la RADDHO recommande au Conseil de Sécurité de transformer le mandat de l’Organisation des Nations-unies pour la Côte d’Ivoire (ONUCI) pour permettre à la mise en œuvre de la volonté clairement exprimée par le peuple ivoirien à l’issue des élections du 28 novembre 2010, certifiées par les Nations-unies.
Charles Thialice SENGHOR
Source : http://www.pressafrik.com
Crise Ivoirienne (9) : Pierre Abanda Kpama, président du Manidem : « Il faut laisser les Ivoiriens résoudre eux-mêmes leurs problèmes »
L’analyse que je fais, c’est celle que fait le Manidem. C’est une analyse que fait la Convergence des forces démocratiques et progressistes (Sfdp). Nous vivons en Côte d’Ivoire une nouvelle étape dans la lutte que les patriotes, les peuples africains mènent depuis de très longues années.
Et pour ce qui est de la Côte d’Ivoire depuis 10 ans, pour l’émancipation et la dignité de l’Afrique. L’Afrique a pris du retard sur tous les plans : économique, politique, social, politique et démocratique. Pour la raison fondamentale suivante, c’est que le destin de l’Afrique et des africains n’est pas déterminé comme c’est le cas partout ailleurs dans le monde par les Africains eux-mêmes, mais plutôt par toutes sortes de forces et de puissances étrangères dont le but est de servir en priorité et parfois en exclusivité les intérêts de ceux qui nous dominent. Nos intérêts à nous Africains, nos aspirations légitimes, la souveraineté à l’indépendance véritable de nos pays, au bien-être, à la démocratie, à la liberté , bref à notre émancipation et à notre épanouissement, ne sont pas pris en compte dans la relation de dominant à dominé que l’Afrique subit. Donc ce qui se passe en Cote d’Ivoire c’est la tentative de l’ex-puissance coloniale, la France, qui a rallié ses amis occidentaux c’est –à –dire l’Union européenne et les Usa, pour continuer d’exploiter les très nombreuses richesses de la Côte d’Ivoire. Pour avoir décidé de s’opposer à ce dessein de la France, M. Gbagbo et ses partisans subissent les menaces de la soi-disant Communauté internationale, qui n’est rien d’autre que l’application contrôlée de l’Occident capitaliste, arrogant et raciste. Il faut laisser les Ivoiriens résoudre eux-mêmes leurs problèmes. Ils en sont capables. Ce sont les ingérences inadmissibles, inacceptables et méprisantes de la France, de ses alliés et de ses affiliés qui créent la menace de guerre civile totale en Côte d’Ivoire et dans la sous région d’Afrique de l’Ouest. Le peuple Africains et sa jeunesse en particulier n’accepte plus les dictats de l’Occident, l’exploitation éhontée de nos richesses par l’Occident et le mépris que ces derniers affichent à l’endroit des Africains. Le destin de l’Afrique doit être déterminé et décidé par les Africains eux-mêmes. Nous soutenons le peuple Ivoirien dans la lutte difficile qu’il mène. Nous soutenons le président légitime et légal, M. Laurent Gbagbo, et nous demandons au grand peuple Français de faire échec au plan de guerre que M. Sarkozy met en œuvre contre les frères Ivoiriens.
Crise Ivoirienne (10) : Jean Robert Wafo, Secrétaire régional à la communication Sdf Littoral : « Le débat devrait plutôt être axé sur la crédibilité de la Cei »
Le vote n’était pas crédible en zone rebelle. Les scores obtenus par M. Ouattara dans cette zone laissent perplexes en ce sens qu’ils rappellent l’ancienne époque soviétique, des partis uniques ou des Républiques bananières. En l’absence de désarmement et de démobilisation, qui étaient pourtant prévus dans les accords de Ouagadougou et qui n’ont pas semblé préoccuper l’Onuci pour des raisons inavouées et qui sont malheureusement connues de tous. Aujourd’hui, les populations de ces zones ont voté avec la peur des représailles pour le village qui ne choisirait pas majoritairement pour l’allié des rebelles. Pour ce qui concerne les résultats, la proclamation faite par la Cei est nulle, tant sur la forme que sur le fonds. Elle ne s’est pas faite au siège de cette instance administrative, mais plutôt au Qg. d’un candidat et en l’absence des autres commissaires de cette instance. Le délai de trois jours accordé à la Cei pour proclamer les résultats était impératif et non indicatif. Elle avait donc jusqu’à mercredi 1er décembre pour arrêter les résultats provisoires. Elle ne l’a pas fait. Il revenait donc au Conseil constitutionnel de prendre le relais, conformément à la loi électorale ivoirienne. Le débat sur la crédibilité de cette haute institution est puéril, en ce sens qu’elle est loin de faire plus mauvaise figure que des institutions du même type sur le continent et ailleurs. Si l’on prend le cas précis de la France, les membres du Conseil constitutionnel sont nommés par le président de la république et les présidents des deux chambres parlementaires : l’Assemblée nationale et le Sénat. Le fait de ne pas être matériellement inscrit dans un parti n’enlève rien au fait que c’est le Président de la République française qui les nomme. Le débat devrait plutôt être axé sur la crédibilité de la Cei, qui comme Elecam au Cameroun, est une instance notoirement partisane de par la composition de ses membres. La Cei est composée au deux tiers des partisans de Ouattara, tant au niveau des commissaires centraux que des commissaires régionaux. Le Président de la Cei, Youssouf Bakayoko est indigeste et profondément malsain. La certification de l’Onu aurait dû porter si l’on s’en tient aux accords de Ouagadougou, sur l’ensemble du processus électoral qui va de l’inscription sur les listes électorales à la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel. C’est ce qui s’est passé au premier tour. Le débat sur la crédibilité du Conseil constitutionnel ivoirien est puéril en ce sens qu’elle est loin de faire plus mauvaise figure que des institutions du même type sur le continent et ailleurs. On ne saurait demander aux Ivoiriens en particulier et aux Africains en général d’avoir des institutions fortes et cautionner par ailleurs qu’un pays proclame son président en dehors de tout cadre légal. Le Conseil constitutionnel est le seul et unique organe habilité à proclamer les résultats définitifs en Côte d’Ivoire.
Crise ivoirienne (11) : Déclaration de l’ACTUS/prpe (Tchad) sur la situation en Côte d’Ivoire
Côte d’Ivoire : Pourquoi la France veut-elle abattre le président insoumis, Laurent Gbagbo ?
L’ACTUS/prpe suit avec une attention particulière l’évolution de la situation politique en Côte-d’Ivoire depuis le coup d’état avorté de l’impérialisme français en 2002 contre le Président Laurent Gbagbo. L’échec du putsch d’alors était du au soutien massif, populaire et notamment à celui des jeunes patriotes dirigés par Charles Blé Goudé, qui ont bravé les troupes françaises basées dans le pays. La partition de facto du pays en deux : le Nord sous contrôle des putschistes et le Sud sous administration légitime et légale du Président Laurent Gbagbo. Dix années plus tard, la rancœur tenace de l’impérialisme international et français en particulier, est revenue à la charge afin d’imposer à la présidence de Côte-d’Ivoire, leur poulain, en l’occurrence Monsieur Alassane Dramane Ouattara (surnommé ADO par ses partisans) après le deuxième tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2008. Si les prétendus démocrates en occident et si les membres de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) étaient impartiaux et soucieux d’instaurer une véritable démocratie en Côte d’Ivoire, alors comment expliquer leurs criminelles accointances avec les putschistes du Nord depuis septembre 2002 en refusant de les désarmer avant les élections ? Dans ces conditions surréalistes, comment pourrait-on avoir une ombre de doute que les élections dans la partie septentrionale du pays serait opaque, falsifiée et irrégulière ? Cette connivence de la France et de l’Onuci avec les putschistes du nord, préparerait déjà l’opinion internationale à ce coup d’état « démocratique et institutionnel » de la Commission Electorale Indépendante (CEI) qui voudrait imposer illégalement et illégitimement ADO, Président de la République de Côte d’Ivoire. Pourquoi les Africains doivent-ils continuer à être humiliés en acceptant les coups d’états permanents de l’impérialisme français, la Françafrique 50 ans après les indépendances nominales ? Force n’est-il pas de constater que les criminels dictateurs à l’instar du tyran Déby au Tchad, soutenus par la France sont imposés aux peuples ? Ces despotes du pré carré français d’Afrique sont au pouvoir depuis au moins 20 ans pour chacun d’eux, par la volonté impériale de la France. En revanche, elle vilipende les dirigeants ou candidats africains insoumis ou progressistes, soutenus par les peuples. La nouvelle stratégie de l’hexagone consisterait à appeler en renfort l’ONU afin de procéder au sacre de leur valet, ADO. C’est le cas de la Côte-d’Ivoire ces derniers jours où le cynisme, et la forfaiture du droit de la force de l’impérialisme prime sur la force du droit national et international.50 ans après les indépendances africaines, le néocolonialisme français n’a pas perdu de sa vigueur d’antan. Il a repris le haut du pavé.
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