Dépassements policiers
Assabilonline, Ben Gardane (Tunisie) Reportage spécial
Grave escalade dans les événements de Ben Gardane suite aux
atermoiements du pouvoir quant à la réalisation de ses promesses de
règlement de la crise : Les manifestants ont mis le feu dans la région de
Zekra dans la nuit du 18 août 2010 à un car des forces de police. Il a été
complètement incendié. Cela s’est passé non loin de la société Dbouba
de produits alimentaires. Puis les heurts ont repris de plus belle entre
manifestants et éléments des forces anti émeutes qui étaient à bord d’une
vingtaine de véhicules au bas mot et ont fait usage de gaz lacrymogènes. La
fumée a recouvert une large zone et atteint de nombreux citoyens alors dans
leurs domiciles, occasionnant de nombreux cas de suffocation.
Des sources ont affirmé à Assabilonline qu’une dizaine d’éléments de la
police avaient été atteints et transportés à l’hôpital pour des blessures ou
des fractures […] La police a arrêté le propriétaire de la société de produits
alimentaires, Mehdi Dbouba, après lui avoir fait subir des violences.
Nos sources nous ont indiqué que les forces de sécurité, dans un état
d’hystérie vengeresse, ont cassé les portes des magasins en bordure de la
route principale, pillant et brisant les vitrines de façon systématique sur un
kilomètre, une boutique après l’autre.
Le syndicat général de l’enseignement secondaire a dit que le traitement
des autorités de l’affaire de Ben Gardane était la répétition de la tragédie
de Redeyef et le syndicat a exigé par un communiqué le 18 août l’arrêt du
traitement sécuritaire du dossier, la levée du blocus sécuritaire imposé aux
habitants, la libération des personnes arrêtées. Il a appelé à la mise en œuvre
d’une réflexion centrée sur le développement pour combattre la pauvreté, le
chômage et la création de postes de travail dans la région.
Pour la cinquième nuit d’affilée, le soulèvement de Ben Gardane se poursuit et
gagne de nouvelles localités
A l’instar des précédentes, la nuit du 17 au 18 août a vu des rassemblements
de jeunes protestant dans toutes les localités comme celle de Zekra, Jelal et
la cité Nahdha où les manifestants ont bloqué la route, mis le feu et réclamé
haut et fort l’ouverture du point de passage ou une solution à la crise. Comme
à chaque fois, les forces de police sont intervenues en nombre pour les
disperser et les heurts n’ont pas tardé. Les plus violents ont eu lieu à Zekra, près de Babor Nefkha, puis entre la poste et la vieille mosquée. Des deux
côtés on a fait usage de pierres et les forces anti émeutes ont eu recours
à des grenades à gaz pour disperser les manifestants et briser le blocus
d’une voiture de la sûreté dont une des roues était cassée et dont l’un des
occupants était à la merci de la vengeance des manifestants.
Un témoin oculaire a affirmé à Assabilonline que les forces de police avaient
été contraintes de battre en retrait vers Ben Gardane en tirant faisant usage
de grenades à gaz, mais le convoi avait brusquement stoppé car le véhicule
endommagé était tombé en panne. Des véhicules venus des quatre régions
ont pris position autour de façon défensive, lorsque les manifestants se sont
rapprochés, des agents ont été chargés d’assurer sa protection et les autres
se sont affrontés à la jeunesse en colère au cours d’échauffourées intenses
au cours desquelles il y a eu des mises à feu, de la fumée venant des tirs
de grenades à gaz, intoxiquant les populations vivant à proximité du lieu des
affrontements. Au bout d’une heure d’affrontements sanglants les agents ont
trouvé un câble pour remorquer le véhicule en panne. Les manifestants ont
reconquis la route vide qu’ils n’ont quittée qu’à l’aube.
Au même moment avait lieu un autre affrontement à Houmet Chouata à un
kilomètre et demi environ de là en direction de Ben Gardane. Le trafic y a
repris progressivement après la prière de l’aube lorsque les forces de police
ont laissé place aux voitures libyennes […]
Dans la région de Jalal, il y a eu de nombreuses échauffourées, intermittentes,
tout au long de la nuit, mais les forces de police n’ont pas pénétré dans les
quartiers et les heurs ont surtout eu lieu à l’extérieur.
La zone des affrontements s’est étendue à la localité d’Amiriyya au sud de
Ben Gardane, qui a été le théâtre de manifestations de jeunes qui ont bloqué
le passage, érigé des barricades sur la route et mis le feu à des pneus. Les
affrontements avec la police se sont poursuivis jusqu’à l’aube et il y a eu des
blessés des deux côtés.
Cette escalade est un indice de l’aggravation de la crise et de la colère qui
s’est emparée des populations après les agressions qui les ont visées, elles,
leurs biens tout comme leur dignité, perpétrées par les forces de police qui se
sont livrées aux pillages, à la destruction et aux vols.
Une source a affirmé à Assabilonline qu’une « famille influente proche du
pouvoir et connue pour sa collaboration à l’importation de marchandises
en provenance de Chine et autres » était derrière la fermeture du point de
passage de Ras Jdir, dans la mesure où ce dernier lui faisait une grande
concurrence, et a insisté sur le fait que le mouvement de protestation s’était
étendu à d’autres régions du Sud tunisien qui tire profit du commerce avec la Libye […]
19-08-2010