En se débarrassant de 84,5% des effectifs du secteur « Pneu tourisme » (pour voitures) et en annonçant la vente du secteur « Pneu agricole » (440 postes), les patrons signent clairement l’arrêt de mort du site. Partagés entre colère et fatalisme, les salariés accusent le coup, même si chacun s’attendait à cette décision. « Tout le monde en a marre, plus personne n’est motivé pour travailler », lâchent des ouvriers.
Comme si cette annonce ne suffisait pas, la tentative de la direction et du gouvernement de faire endosser par la CGT, ultramajoritaire, la responsabilité de la situation, pour avoir refusé la réorganisation « en 4x8 » achève de mettre les nerfs à vif. La proposition de la direction consistait alors à assurer la production avec quatre équipes au lieu de cinq et à déstructurer tous les rythmes de travail, avec des effets ravageurs sur la santé et la vie de famille des salariés. La venue d’Olivier Besancenot sur le site pour soutenir cette lutte exemplaire avait été très appréciée.
Depuis, l’expérience des « Conti » à Clairoix (Oise), qui avaient accepté le passage à 40 heures en espérant préserver leur emploi, avant que les patrons ne décident tout de même de fermer le site, a servi de leçon. Tandis que la direction de Goodyear avait systématiquement refusé toutes les propositions alternatives des syndicats, sa décision de fermer le site apparaît ici tout autant comme une vengeance et une punition que comme la conséquence du privilège donné par elle depuis des années à la rentabilité financière immédiate aux dépens de l’investissement. « La direction est seule responsable », conclut la CGT dans un communiqué.
Se pose maintenant la question des perspectives. Certains, parmi les salariés, ont légitimement envie d’en découdre tout de suite. Très vite, les responsables syndicaux ont indiqué que, les licenciements devant intervenir effectivement en 2010, il s’agissait d’une lutte de longue haleine. Une grève immédiate risquerait, selon eux, de mettre tout le monde à genoux en une semaine ou deux, sans assurance de succès. De plus, il semble nécessaire d’ajuster au mieux les revendications : se battre pour le maintien du site ou partir dans les meilleures conditions possibles ? La question fait débat dans les équipes et, semble t-il, entre les syndicats. Depuis, l’annonce des conditions de départ arrachées par les syndicats de Continental fait réfléchir tout le monde : une indemnité conventionnelle de 0,6% d’un mois de salaire par année d’ancienneté, un contrat de travail maintenu jusque fin 2011, un congé de reconversion de 23 mois, et 50000 euros de prime extralégale.
Quoi qu’il en soit, la riposte s’organise, et plusieurs dates étaient déjà annoncées : le 2 juin, une journée de grève et de multiples actions, dont une jonction avec les « Conti » ; le 5 juin, un concert de soutien est organisé devant la gare d’Amiens ; le 11 juin, est prévu un déplacement à Rueil-Malmaison pour le comité central d’entreprise ; enfin, la présence des Goodyear dans la mobilisation interprofessionnelle du 13 juin s’annonce massive.
A chaque fois, les militants du NPA seront à leurs côtés, avec un seul mot d’ordre, plus que jamais d’actualité : « Nous ne paierons pas leur crise. »
Correspondant
* Paru dans « Tout est à nous » n°11, 4 juin 2009.
La direction de Goodyear Dunlop tue l’emploi
Communiqué du NPA
La direction de Godyear Dunlop repart à l’attaque et vient d’annoncer sa décision de supprimer 820 emplois à Amiens Nord, soit plus de 50% du personnel employé sur le site.
Après avoir dû reculer en mars 2008, faute d’avoir respecté les procédures légales, la direction persiste dans sa volonté de faire payer la crise aux salariés.
Le ralentissement économique invoqué par la direction ne doit pas faire oublier les profits engrangés, année après année, par les grands groupes industriels et dont les salariés n’ont pas vu la couleur.
D’un côté le patronat de l’automobile empochent plusieurs milliars d’euros, de l’autre, les licenciements pleuvent chez les constructeurs et dans les entreprises travaillant pour l’automobile.
Du côté du MEDEF et du gouvernement Sarkozy-Fillon qui volent au secours des banquiers et des patrons, ce n’est que cynisme et mépris pour les salariés et leurs familles, victimes de ce drame social qu’est le chômage.
Pour les salariés de Goodyear Dunlop, l’urgence c’est de se mobiliser, dans l’unité, pour mettre en échec le plan de la direction, l’obliger à annuler les 820 licenciements prévus et exiger une loi d’interdiction des licenciements.
Cette exigence, le NPA la porte dans les mobilisations sociales et dans la campagne électorale pour les européennes.
Le 26 mai 2009.