A ERDF-GRDF, la signature par FO et la CGT de l’accord sur les avancements a jeté la confusion dans les rangs de ceux qui étaient dans la lutte depuis deux mois pour l’augmentation des salaires.
L’accord est présenté comme historique par la CGT et FO. On est pourtant loin du compte, avec ces quelques pourcentages d’augmentations individuelles supplémentaires accordés par le patronat. Cet accord fait la part belle à ceux que l’on n’a pas vu dans la lutte, si ce n’est pour s’y opposer, les cadres. De plus, c’est aux bons soins de ces derniers que va être laissé le choix des bénéficiaires d’un avancement. Pas de quoi pavoiser.
La fédération CGT a beau s’en défendre, cette signature a été entendue par beaucoup comme un appel à la fin du mouvement et, aujourd’hui, il n’y a quasiment plus d’unités en grève totale. Ce retour au travail s’est fait parfois dans la douleur, avec une incompréhension largement justifiée sur le sens de cette signature. Pourtant, ce n’est pas le sentiment de défaite qui prévaut chez celles et ceux qui se sont battus, mais plutôt la fierté d’avoir tenu deux mois contre l’intransigeance patronale.
Pour toutes et tous, les revendications d’augmentation des salaires, d’opposition à l’externalisation des métiers et de plan d’embauches massif restent urgentes. Alors, dans plusieurs régions, les salariés, prenant acte de cette nouvelle situation, continuent à agir à leur propre rythme. Ils se réunissent en assemblée générale (AG) et décident de différentes formes d’action, allant de la grève à certains moments de la journée, à des manifestations et des interventions sur le réseau . Les directions d’ERDF-GRDF auraient tort de croire qu’elles en ont fini avec la mobilisation des salariés.
Côté production, l’action reste à un niveau soutenu. Pourtant, des responsables CGT de plusieurs centrales ont appelé à la reprise du travail. Devant le tollé provoqué parmi les salariés, y compris chez les adhérents à la CGT, ces responsables sont revenus dans les AG pour appeler, comme si de rien n’était, à la continuation du mouvement. Aujourd’hui, une dizaine de centrales nucléaires et thermiques sont mobilisées. Les salariés en mouvement adoptent des formes de lutte qu’ils veulent efficace, avec toujours cette attention pointilleuse aux questions de sécurité. Concrètement, ils entrent en grève lors des arrêts de tranche (au moment du rechargement du combustible et des opérations importantes de maintenance). Cela coûte cher à la direction du parc nucléaire, car les sous-traitants, qui sont nombreux à intervenir durant ces périodes, restent sur le pied de guerre. Comme cette forme de lutte repose essentiellement sur les agents de conduite, les autres services sont en grève le matin ou l’après-midi et, dans certaines centrales, ils font appel au pot de grève (« PDG ») pour soutenir financièrement les grévistes.
De son côté, l’interfédérale, qui vise une sortie en douceur du mouvement, appelle l’ensemble des secteurs d’EDF et de GDF à l’action tous les jeudis. C’est un retour aux sacro-saintes journées d’action. Pourtant, l’essentiel de ce mouvement continue à lui échapper, et la volonté de faire reculer le patronat de l’énergie et de s’opposer à la libéralisation à outrance de ce secteur, il y a encore peu totalement public, reste intacte.