Solidarité avec les militants et les inculpés de Fès et de tous les sites universitaires
Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM)
Courant des étudiants révolutionnaires
Communiqué
L’université de Fès a connu des évènements d’une grande gravité. Les forces de répression, officielles et secrètes, ont investi les facultés de Droit et de Sciences le 23 février 2009, faisant plusieurs blessés et procédant à l’arrestation de plus de 75 militants de l’UNEM. Et, après la série de tortures sauvages dans les postes de police, 10 étudiants ont été transférés à la prison de Ain Qadous dans l’attente d’être « interrogés ». D’autres sont poursuivis en liberté provisoire.
Cela constitue la réponse du pouvoir aux luttes étudiantes pacifiques pour des revendications partielles et à caractère purement défensif comme l’annulation de la note éliminatoire et le paiement des bourses des étudiants. Cette lutte a commencé depuis le début de l’année universitaire et s’est intensifié en boycottant les examens dans les facultés de Droit et de Sciences. Ce qui a fait peur au pouvoir, c’est le caractère populaire et de masse de la résistance étudiante à Fès et son esprit de lutte, puisque les militants de l’UNEM et les masses étudiantes sont décidés de continuer la mobilisation jusqu’à satisfaction des revendications légitimes, annonçant le boycott ouvert des cours à partir du 23 février 2009.
Par cette attaque contre les luttes étudiantes à Fès, le pouvoir a voulu faire subir une lourde défaite à un des principaux centres historiques de la lutte étudiante, massive et résistante. Cette attaque était préméditée et prévue, puisque précédée par un ensemble de déclarations visant l’UNEM et ses militants à Fès (communiqués de la présidence de l’université et ses larbins).
Cela n’est pas le sort de l’université de Fès seulement, car la militarisation de l’université, la mise en place d’un climat de peur dans l’université, l’investissement des locaux universitaires et l’arrestation des militants étudiants, sont devenus une réponse automatique à tout mouvement étudiant dans toute université et surtout dans les sites progressistes. Cela est le cas à Taza (arrestations), Marrakech (18 arrestations), 9 étudiants poursuivis à Agadir (dont 6 des nos camarades du courant des étudiants révolutionnaires) qui passeront le 4 mars 2009 devant la justice de classe au tribunal d’Agadir.
Cela n’est pas le sort de l’université seulement, car la répression bourgeoise aveugle s’abat sur tous les sites de lutte ouvriers et populaires : les détenus de la révolte populaire de Ifni sont encore dans les geôles du pouvoir, et l’article 288 de leur code pénal continue à envoyer encore plus de militants de notre classe dans les prisons, notamment dans les terres agricoles de Souss où l’attaque du patronat s’est accentué ces derniers temps ; sans oublier les arrestations qui continuent parmi les militants pour l’autodétermination du peuple sahraoui. Et la liste n’est pas finie…
L’Etat bourgeois tente d’accélérer le rythme des attaques contre l’école et l’université publique en utilisant son « plan d’urgence » qui vise à faire adopter ce qui reste de la « charte nationale de l’éducation et de la formation », ce qui passe par la destruction (ou du moins le gel provisoire) de ce qui reste des sites de résistance étudiants. La répression est habituelle dans la réponse du pouvoir autocratique à toute lutte populaire et notamment étudiante, mais ce qui explique la violence sauvage et la réponse ininterrompue contre les luttes et les militants de l’UNEM est la volonté d’adopter au plus vite de la charte de casse de l’éducation. Le second élément qui explique ce degré de violence est la situation subjective des luttes des opprimés au Maroc en général et du mouvement étudiant en particulier. La situation actuelle, il faut le dire, ne permet pas d’organiser une riposte au même niveau de l’attaque subie. La gravité de ce qui s’est passé à l’université de Fès exigeait au moins, de la part des syndicats ouvriers, d’appeler à une grève générale en solidarité avec les étudiants, au lieu de pondre un énième communiqué au nom de toutes les « organisations politiques et civiles de la ville ». La gravité de ce qui s’est passé à l’université de Fès exigeait un arrêt complet des cours dans toutes les universités marocaines. C’était le cas également dans les évènements auparavant à Taza, Marrakech ou Agadir, si la situation du mouvement ouvrier et du mouvement étudiant était autre.
Les courants progressistes de lutte dans le mouvement étudiant ne peuvent, seules, changer les choses. Mais leur responsabilité historique est de militer pour rétablir le rapport de forces en faveur du mouvement étudiant. Le mouvement étudiant et ses courants progressistes doivent organiser la résistance étudiante sur des bases démocratiques, populaires et de lutte par :
– une participation la plus large possible de tous les étudiants et le respect de la démocratie qui permet aux masses étudiantes de décider et de s’auto-gérer, le droit à tous les courants progressistes de l’UNEM de s’exprimer et de militer syndicalement et politiquement, et donc le refus de la violence sectaire entre courants qui ne sert que les objectifs du pouvoir ;
– construire la solidarité et la lutte en commun entre les différentes universités, par l’organisation d’une solidarité matérielle et sur le terrain entre les différents sites universitaires et les différents courants face à la répression, et la coordination pour organiser une riposte au niveau national. Et c’est dans ce cadre que s’inscrit la semaine de manifestation et de solidarité à l’université d’Agadir du 2 au 7 mars 2009 ;
– matérialiser la solidarité et la lutte commune des forces militantes du mouvement lycéen, association des chômeurs, syndicats ouvriers,…
Et, enfin, en tant que courant des étudiants révolutionnaires, nous exprimons :
– notre entière solidarité avec les détenus de la révolte populaire de Sidi Ifni et à leur tête notre camarade Brahim Bara qui a été victime dernièrement d’un crime : un rein lui a été enlevé sans son accord. Cela constitue une tentative perdue pour le punir de sa lutte et sa continuité sur la ligne des masses populaires et de la révolution socialiste ;
– notre condamnation de tous les procès iniques dont font l’objet les militants du mouvement étudiant et à leur tête nos 6 camarades à Agadir ;
– notre volonté à continuer la lutte jusqu’à la libération de tous les détenus politiques ;
– notre appel à tous les courants étudiants progressistes à intensifier la lutte et s’unir dans le terrain pour faire face à l’attaque du pouvoir contre le mouvement étudiant et organiser une lutte idéologique sur des bases démocratiques ouvertes. Nous appelons tous les courants progressistes à faire des journées de procès des militants de l’UNEM des journées nationales de solidarité et d’organiser des caravanes étudiants pour faire entendre notre indignation et notre condamnation de ces procès ;
– notre détermination à prendre toutes les initiatives de lutte pour défendre l’université publique et les acquis sociaux étudiants contre la « charte national pour l’éducation et la formation ».
Vous pouvez cueillir toutes les fleurs, vous n’arrêterez pas le printemps rampant.
Courant des étudiants révolutionnaires