Malgré une préparation très courte et l’absence d’appel intersyndical national, de nombreux syndicats ont appelé à la manifestation parisienne du jeudi 12 février et des délégations de certaines villes (Besançon, Orléans, Redon, Rennes, Rouen) devaient y participer. Sur Paris, les appels ont dépassé le seul cadre de l’Assistance publique et des hôpitaux de Paris (AP-HP), pour concerner l’ensemble des établissements. C’est positif mais insuffisant pour créer le rapport de force permettant d’imposer le retrait de la loi Bachelot.
La remobilisation actuelle concerne en particulier la psychiatrie, comme le montre le succès du meeting de l’appel contre la « nuit sécuritaire », le 7 février, à Montreuil, avec 1789 participants. Le rapport Couty, récemment publié, préconise le démantèlement pur et simple de la psychiatrie de secteur, c’est-à-dire du service public de santé mental intégrant soins hors de l’hôpital et soins hospitaliers.
La mobilisation doit très rapidement s’amplifier, le calendrier des débats parlementaires étant très serré. Le gouvernement a « décrété l’urgence » pour ce projet de loi, et le débat parlementaire doit s’achever à la fin de la première semaine de mars. C’est donc une course de vitesse qui s’engage et il manque toujours un appel intersyndical clair à la grève et à une manifestation nationale.
À l’issue de son conseil fédéral, la fédération SUD-Santé a appelé à la mobilisation pour le 12 février, avec une participation à la manifestation de Paris, et à « s’organiser dans la perspective d’une manifestation nationale début mars pour le retrait de la loi Bachelot et l’obtention des moyens nécessaires pour des soins de qualité et de meilleures conditions de travail pour les usagers et dans l’intérêt de la population ». La fédération CGT de la Santé, soumise à une intense pression de ses syndicats, s’oriente aussi dans la direction d’une journée nationale de grève et de manifestation début mars. Les trois collectifs (contre les franchises, coordination des comités de défense, convergence nationale) « considèrent à l’unanimité, qu’une initiative nationale spécifique sur ce mot d’ordre [retrait de la loi Bachelot] est nécessaire entre le 7 et le 14 mars et nous appelons toutes les organisations qui le souhaitent à une réunion dans les tout prochains jours pour en discuter les modalités ».
La loi Bachelot va accentuer le processus de fermeture des petits hôpitaux, installer des patrons dans les hôpitaux publics pour les gérer comme des entreprises, et confier des missions de service public aux cliniques privées.
La bataille contre cette loi Bachelot est une première occasion pour le nouveau NPA et ses militants de montrer l’utilité d’un parti d’action pour combattre un projet de casse du service public.
Jean-Claude Delavigne
HÔPITAL DE CARHAIX Chirurgie et maternité de nouveau menacées
Après dix-sept semaines d’intense mobilisation, les habitants de Carhaix avaient obtenu un avis favorable du tribunal administratif pour le maintien de leur hôpital. Le vote de la fusion de leur hôpital avec le CHU de Brest, soutenu par le PS, remet tout en cause.
Le conseil d’administration du CHU de Brest a rendu définitive la fusion avec le centre hospitalier (CH) de Carhaix. Le vote des élus régionaux et locaux du PS y a été déterminant. Par ce vote, l’hôpital de Carhaix disparaît pour être absorbé par le CHU, dans une fusion sans conditions et sans projet médical. L’agence régionale d’hospitalisation (ARH) a maintenant les mains libres et son directeur, Antoine Perrin, a déjà fait savoir que le maintien de la maternité et du service de chirurgie n’était pas garanti. On imagine sans mal sa jubilation, car il va pouvoir, par l’intermédiaire du CHU de Brest, enfin mettre en œuvre son objectif de démantèlement du centre hospitalier carhaisien.
Dans un article de Ouest France, le 6 février, le PS, le PCF, les Verts ainsi que l’Union démocratique bretonne ont exprimé leur opposition au projet de loi Bachelot. On ne peut que se féliciter de cette prise de position contre cette loi de casse des services de santé qui aboutira à la déstructuration de l’offre de soins au profit du secteur marchand. Mais, le même jour, le CA du CHU de Brest, présidé par François Cuillandre, votait la fusion du CHU avec le CH de Carhaix, avec l’appui des voix des représentants du PS.
La position du PS sur cette fusion est bien confuse, voire hypocrite. D’un côté, la région présidée par le PS, avec Michel Balbot pour les Verts et le conseiller général du canton, Richard Ferrand, imposent au CH de Carhaix une fusion sans conditions. De l’autre, ils expriment leurs craintes dans la presse sur l’avenir de l’hôpital. « Ma main gauche ne sait pas ce que signe ma main droite » : telle semble être la devise du PS. Comment peut-on à la fois présenter la fusion comme « la solution miracle » pour le CH, et venir ensuite exprimer « des incertitudes sur l’avenir de Carhaix après la décision de fusion avec le CHU de Brest » ?
Le NPA de Centre-Bretagne, quant à lui, a toujours été clair. La fusion sans garantie de maintien des services, imposée par la région, est tout simplement la remise en place de l’arrêté Perrin, contre lequel la population s’est battue victorieusement. Nous continuerons à exiger l’égalité de tous à l’accès aux soins, quel que soit le lieu d’habitation. Cela passe par le maintien de la maternité et de la chirurgie à Carhaix.
Matthieu Guillemot