Le Parti communiste propose, dans « l’Humanité Dimanche » du 7 novembre, « cinq propositions que pourrait avancer la gauche pour sortir de la crise ». Ces propositions partent du constat que « les différentes formations de gauche ont dans leur programme des idées convergentes ».
La première des mesures du PCF concerne la fiscalité : il propose, par exemple, la suppression des exonérations de cotisations sociales. Non seulement ces exonérations concernent principalement les bas salaires, et donc les encouragent mais, de plus, il serait tout à fait possible de réorienter ces dépenses vers l’emploi dans les services publics. Le PCF reconnaît qu’il existe une « divergence » avec le PS sur ce sujet. Depuis longtemps, le PS a intégré la logique patronale, qui dit que « le chômage est le résultat d’un coût du travail trop important », qu’il faut donc abaisser. Mais le PS a repris l’idée de récupérer les aides octroyées aux entreprises qui licencient et/ou délocalisent.
Ensuite, le PCF propose de « bloquer les licenciements dans les entreprises bénéficiaires », et il met en avant Benoît Hamon (PS), qui propose « un moratoire sur les licenciements et les délocalisations ». Pour notre part, nous sommes pour l’interdiction des licenciements. Pour les entreprises qui font des profits, mais pas seulement. Dans l’automobile, par exemple, des entreprises peuvent se retrouver en faillite, mais elles ne sont que des sous-traitants, dont les donneurs d’ordre sont de grandes entreprises (Renault, PSA, etc.), cotées au CAC 40. Nous sommes donc pour remonter aux donneurs d’ordre, afin de faire payer les grands groupes capitalistes. Cela nécessite notamment une incursion dans la propriété privée capitaliste, à commencer par l’ouverture des livres de comptes et la levée du secret bancaire de toutes les entreprises.
Par rapport à la crise financière, le PCF propose de « fonder un pôle financier public qui encourage l’emploi ». Le PCF s’accorde avec le PS pour que ce pôle public soit constitué autour de la Caisse des dépôts, mais aussi de La Banque postale et des Caisses d’épargne. Le terme « pôle » peut prêter à confusion, s’il n’est pas assorti de garanties. Notre souci n’est pas de sauver les banques, ni même ce système bancaire : nous ne sommes pas pour un pôle public face à un pôle privé qui continuerait de spéculer comme si de rien n’était. Nous sommes pour l’expropriation de toutes les banques, sans rachats ni indemnités pour les actionnaires, et sous contrôle de la population. Cela passe par la création d’un service public bancaire unique, avec le monopole du crédit.
Enfin, la dernière proposition souhaite « rémunérer davantage le travail que le capital ». Bonne nouvelle, le PCF se prononce, « comme la LCR et la gauche du PS » pour le Smic à 1 500 euros net ! Mais le PCF est toujours pour « le principe de réserver les exonérations de cotisations sociales aux entreprises qui embauchent et qui augmentent les salaires » ! Les cotisations sociales font partie de notre salaire (le salaire différé). Baisser ces cotisations correspond donc à une baisse de salaire. Par ailleurs, nous maintenons que ce ne sont pas les cotisations qui empêchent les créations d’emplois, ni même les augmentations de salaires, mais bien la recherche de profit de la part des patrons.
Nous avions déjà écrit au PCF, au mois de septembre, pour voir ce qu’il était possible de faire ensemble, notamment face à la crise. Nous n’avions pas eu de réponse. Mais nous prenons positivement la proposition du PCF, faite via l’Humanité Dimanche. Mais soyons clairs : si nous sommes pour l’unité la plus large pour riposter, nous ne voulons pas participer à un comité Riposte qui n’aurait d’autre vocation que de remettre en selle l’ex-gauche plurielle dans une perspective électoraliste.
Mais nous actons qu’il y a suffisamment de points convergents pour organiser, par exemple, une manifestation nationale contre les licenciements et pour l’augmentation générale des salaires dans les semaines qui viennent. La LCR et le PCF peuvent jouer un rôle moteur dans une telle initiative.